Hébergement d’urgence : cri d’alarme des maires à Élisabeth Borne

Publié le 28 octobre 2022 à 9h12 - par

« Mises à la rue intolérables ». Dix maires de grandes villes de France ont dénoncé, jeudi 27 octobre 2022, la baisse prévue des places d’hébergement d’urgence pour les sans-abri, dans une lettre à la Première ministre Élisabeth Borne.

Hébergement d'urgence : cri d'alarme des maires à Élisabeth Borne

« Alors que la situation requiert la création massive de solutions d’hébergement, les projets de loi de finance prévoient la suppression progressive de 14 000  places d’hébergement d’urgence en hôtels en France en 2022 et 2023 », écrivent les maires écologistes et socialistes.

« Or, si nous convenons que les nuitées hôtelières ne représentent des solutions ni pérennes ni qualitatives pour les personnes, nous constatons sur nos territoires que cette réduction de places n’est assortie d’aucune alternative viable », regrettent les édiles, dont la lettre à été communiquée à l’AFP par la mairie de Strasbourg.

« Ces mises à la rue pures et simples sont intolérables », s’insurgent les maires de Strasbourg, Rennes, Lyon, Clermont-Ferrand, Bordeaux, Nancy, Rouen, Grenoble, Nantes et Villeurbanne, ainsi que le président de la métropole de Lyon.

« Nous vous demandons d’appliquer le droit pour garantir un toit à toute personne vulnérable à la rue », écrivent-ils encore à Élisabeth Borne.

« Complètement saturés »

En réaction, le cabinet du ministre délégué à la Ville et au Logement, Olivier Klein, a estimé devant la presse que le nombre de places restait « particulièrement élevé ».

Dans son projet de budget présenté fin septembre, le Gouvernement prévoit de financer 186 000 places d’hébergement d’urgence fin 2023, contre 193 000 fin 2022.

Le nombre de places reste significativement supérieur à celui de 2019, à savoir 150 000, fait-on valoir au ministère, tout en reconnaissant que « les besoins restent malheureusement importants ».

L’exécutif assume une réduction des capacités, qu’il justifie en soulignant qu’en 2020, le niveau exceptionnel de 200 000 places s’expliquait par la crise sanitaire.

« En 2020, il n’y avait quasi plus personne à la rue », abonde la maire écologiste de Strasbourg, Jeanne Barseghian, qui s’étonne que l’État ait les moyens d’agir « pour des raisons sanitaires mais pas quand il s’agit de dignité humaine ».

« À Strasbourg comme ailleurs en France, le nombre de personnes à la rue augmente et les campements se multiplient », observe la maire de la capitale alsacienne. « Les dispositifs de mise à l’abri sont complètement saturés ».

« Parfaitement indignes »

Un campement de migrants s’est installé sous les fenêtres de sa mairie, au parc de l’Étoile. Selon un « diagnostic social » rendu public mercredi 26 octobre 2022, ce lieu accueille près de 200 personnes, dont 43 enfants, qui vivent sous des tentes.

« Il y a aussi des malades sans accès aux soins. Ce sont des conditions de vie parfaitement indignes », a déclaré Mme Barseghian à l’AFP.

Selon elle, la ville compte entre 400 et 500 sans-abri, sans compter les personnes hébergées dans des squats et les quelque 2 300 autres abritées dans des hôtels payés par l’État.

« Avec l’inflation, la grande précarité augmente », observe-t-elle.

La ville a pour sa part ouvert un gymnase de 100 places, plein tous les soirs, ainsi que 500 hébergements pérennes, « pour des coûts très conséquents », selon la maire. « Nous ne pouvons pas nous substituer à l’État ».

À Bordeaux, cinq associations de maraudes ont observé une grève de 15 jours du 10 au octobre 2022 pour dénoncer le manque de places d’hébergement, mais aussi le manque de moyens pour venir en aide aux sans-abri.

La mairie travaille « à trouver un lieu de 100 places pour le dispositif hivernal de la préfecture », selon Cécilia Fonseca, de l’association Les Gratuits – Gironde Solidarité.

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