Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a adopté, mi-décembre 2018, un avis dédié à « l’urgence d’agir en faveur des personnes vivant dans la rue ». Ces derniers mois, 838 000 Français ont alerté l’opinion publique sur la situation des personnes sans domicile, en signant cinq pétitions. Chambre de la société civile organisée, le Conseil a donc décidé « de s’emparer de ce sujet et de proposer des solutions concrètes pour remédier à cette situation désastreuse ». Selon l’Insee (chiffres 2012), 143 000 personnes vivent aujourd’hui sans domicile fixe en France.
« À l’heure où la précarité sociale est la cause de nombreux maux dans notre société, les plus démunis doivent être au cœur du combat pour la dignité de toutes et tous », plaide le CESE. Aussi, il appelle l’État, les collectivités, la société civile organisée, les citoyennes et citoyens Français à se mobiliser et à s’engager ensemble dans l’action. Pour le Conseil, ces situations de grande exclusion devraient être déclarées grande cause nationale en 2020.
Les besoins urgents sont nombreux, estime le CESE, qui s’est concentré sur les plus importants et les moins bien couverts aujourd’hui. Il a structuré ses préconisations autour de trois priorités.
Le CESE promeut l’objectif « zéro personne vivant à la rue sans accompagnement »
Le Conseil préconise le développement d’un maillage territorial d’équipes citoyennes conçues comme des « accélératrices d’initiatives », qui permettraient de développer un réseau relationnel d’accompagnement personnalisé et organisé, à destination des personnes sans-domicile. Il souhaite que l’on prohibe les dispositifs anti-SDF dans les espaces publics, que l’on démonte ceux qui portent atteinte à la dignité humaine et que l’on développe des villes véritablement inclusives.
Le CESE considère qu’il faut d’abord répondre aux besoins urgents
Près de 37 % des SDF sont des femmes (chiffres Insee 2012). Pour assurer leur sécurité et garantir leur dignité, le CESE préconise le développement de haltes de jour et de nuit à l’accueil inconditionnel, ainsi que des places prioritaires et sécurisées en hébergement. Ces places prioritaires seraient également ouvertes aux jeunes, de plus en plus nombreux à vivre dans la rue. Pour le Conseil, chacune et chacun doit pouvoir disposer d’une adresse. Pour cela, l’État doit assumer son rôle de pilote du dispositif et donner les moyens aux acteurs locaux à qui il délègue la domiciliation.
Le CESE estime que la clef de l’accès ou du retour à une vie décente est celle du logement
Pour le CESE, il convient de donner la priorité à la production de logements très sociaux, financés par les PLAI (Prêt locatif aidé d’intégration), avec un objectif plus ambitieux de 60 000 logements, contre 40 000 actuellement. Le Conseil économique, social et environnemental préconise également de mieux mobiliser le parc privé et public à des fins très sociales, grâce à l’intermédiation locative, qui doit être simplifiée et facilitée.