Réforme du RSA : des bénéficiaires entre « peur » et « espoir »

Publié le 12 octobre 2023 à 9h50 - par

Des droits mais aussi de nouveaux devoirs pour les allocataires du RSA : dans les Pyrénées-Atlantiques, territoire d’expérimentation depuis avril, des bénéficiaires oscillent entre « espoir » et « peur » face au projet de loi pour le plein emploi adopté mardi 10 octobre 2023 par les députés.

Réforme du RSA : des bénéficiaires entre "peur" et "espoir"
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Ils sont une petite vingtaine à franchir la porte de l’agence Pôle emploi de Lons, mardi 10 octobre 2023, en périphérie de Pau. La ville fait partie des 22 communes choisies par le conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, territoire où le taux de chômage est de 5,4 %, pour expérimenter les futures modalités du RSA, notamment les 15 heures hebdomadaires minimales d’activités obligatoires pour percevoir cette aide.

Travailleurs sociaux du Département et conseillers d’insertion Pôle Emploi travaillent ensemble pour un « accompagnement personnalisé », explique Corinne Guijarro, directrice de l’agence.

Chaque conseiller dédié au dispositif s’occupe d’une cinquantaine de bénéficiaires, contre 150 à 170 allocataires à sa charge habituellement.

« On a noté que les bénéficiaires se sentent livrés à eux-mêmes, avec un manque de repères criant », assure Corinne Guijarro. Trop d’interlocuteurs différents « qui travaillaient en silo » alors qu’aujourd’hui « la personne aura un interlocuteur unique », explique-t-elle.

Dans une salle de l’agence, le petit groupe est reçu collectivement avant des entretiens individuels.

Trois parcours possibles

Steven, 20 ans et père de deux enfants, « en survie avec 600 euros par mois », dit sa « peur » de perdre son allocation. La loi votée mardi 10 octobre prévoit que celle-ci pourra être suspendue en cas de non-respect des nouvelles obligations, notamment les 15 heures hebdomadaires d’activités obligatoires, mais récupérable en cas de « remobilisation ».

« Peur qu’on me coupe le RSA si je ne travaille pas », explique le jeune homme, en formation de mécanique mais à la santé fragile. « On parle de nous comme si on était des étrangers à la société qui ne veulent pas faire d’efforts, mais on essaie ! J’ai des projets, mais j’ai peur de ne pas réussir, j’ai peur pour mon avenir et celui de mes enfants ».

De fait, « la santé est une problématique prégnante chez les bénéficiaires », explique Françoise Bernos-Larquier, responsable insertion au Département.

Trois « parcours d’accompagnement » sont possibles : l’un vers un emploi direct, quand la personne est en capacité de le faire, l’un socio-professionnel quand des problèmes comme la mobilité ou la garde d’enfants se posent, et un dernier, social.

« Là, la temporalité est beaucoup plus longue parce qu’il faudra d’abord régler par exemple des problèmes de santé, de surendettement, de logement qui empêchent même d’envisager l’emploi », énumère-t-elle.

Pas 15h en entreprise

Un parcours « inclus dans les 15h », précise tout de suite Corinne Guijarro. « Il ne s’agit pas de 15h en entreprise, tout le temps passé à se préparer à un retour à l’emploi est comptabilisé. » Ateliers divers, soins dentaires ou rendez-vous chez le coiffeur, autant de « temps consacré au projet professionnel », dit-elle.

Brigitte, 54 ans, au RSA depuis 2010 après des années de vente sur les marchés et les foires, s’occupe à plein temps de ses parents âgés. Elle a répondu à sa convocation dans « l’espoir de trouver une solution ».

« J’ai déjà essayé de travailler, mais c’est incompatible avec la situation de mes parents. Cet accompagnement m’intéresse parce qu’il faut que l’emploi s’adapte à moi. »

À quelques kilomètres de l’agence, dans un Ehpad de Billère, Stéphane, 46 ans, a signé un contrat de travail depuis deux semaines.

« J’ai d’abord fait une immersion en tant qu’agent de services hospitaliers qui ne m’a pas plu, mais ça m’a permis de créer un contact avec la directrice qui m’a proposé d’être ouvrier d’entretien ».

Sans quoi, cet ancien gérant dans la restauration rapide en convient, il n’aurait « jamais eu l’idée de venir chercher ici ».

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