Fan de foot pendant le Mondial, une occupation dangereuse

Publié le 21 mai 2014 à 0h00 - par

Alcoolisation excessive, stress, accidents cardiaques : être supporteur n’est pas forcément sans risque et si, pour des centaines de millions de fans, le Mondial de football sera une grande fête, pour certains il pourrait avoir des effets néfastes sur leur santé.

« Le risque principal est le stress émotionnel qui s’accumule au cours des matchs, notamment ceux qui concernent l’équipe qu’on soutient », souligne Jean-François Toussaint, directeur de l’Institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport (Irmes) à Paris. Et le risque est plus important quand l’équipe perd que lorsqu’elle gagne, « car dans ce cas le stress cumulatif est négatif » ajoute-t-il.

Les statistiques montrent ainsi que les grandes compétitions sportives et notamment la Coupe du monde de football sont associées à une recrudescence d’accidents cardiaques, de suicides, de dépressions, d’accidents de la route ou d’alcoolisations excessives.

Selon une enquête réalisée dans la ville allemande de Munich, les admissions hospitalières pendant le Mondial 2006 ont augmenté de 266 % les jours où la Mannschaft jouait.
 

Violences conjugales en hausse

Des chercheurs de l’Université de Birmingham au Royaume-Uni ont même préconisé que les séances de tirs au but soient bannies « pour des raisons de santé publique », après avoir découvert que les accidents cardiaques avaient bondi de 25 % le jour où l’Angleterre avait perdu contre l’Argentine lors de cet exercice au Mondial 1998.

Les défaites de l’équipe anglaise lors de la Coupe du monde en 2002, 2006 et 2010 ont de même fait bondir de 38 % les violences conjugales dans le comté de Lancashire (Liverpool), selon des chiffres de la police.

Les principales responsables seraient les hormones – et pas seulement la testostérone – qu’on retrouve à la fois chez les hommes et les femmes et qui sont associées à l’agressivité.

Des chercheurs espagnols ont mesuré le niveau de cortisol, une hormone dont le taux augmente avec le stress, parmi 50 supporteurs masculins et féminins de la Roja avant, pendant et après la finale du Mondial 2010 contre les Pays-Bas.

Les niveaux de cortisol montaient fortement juste avant le match, chez les fans les plus passionnés, et plus spécialement les hommes jeunes, avant de retomber après la victoire (1-0).

Des chercheurs français ont pour leur part calculé que les supporteurs ingurgitaient en moyenne 20 % de calories en plus lorsque leur équipe perdait que lorsqu’elle gagnait, avec une prédilection pour les graisses saturées et les sucres ajoutés, considérés comme mauvais pour la santé.
 

Les bébés « génération Iniesta »

La raison en serait relativement simple : lorsque leur équipe perd, les fans peuvent se sentir menacés dans leur identité. Pour y faire face, ils se rabattent sur de la nourriture « de réconfort », une attitude que les psychologues connaissent bien. Alors que la victoire, au contraire, semblerait renforcer le contrôle de soi.

Mais la frénésie du football a également des répercussions sur d’autres comportements tels que la sexualité.

Des médecins catalans ont par exemple fait état d’une hausse des naissances de 16 % neuf mois après le but d’Andres Iniesta à la dernière minute contre Chelsea, qui avait permis à Barcelone de se qualifier pour la finale de la Ligue des Champions 2009.

Les bébés nés à cette occasion ont été qualifiés de « génération Iniesta » par la presse espagnole.

Autre phénomène bien connu, l’alcoolisation excessive « qui va de pair avec toute période de fête », selon M. Toussaint.

Lors de la Coupe du monde 2010, des organismes de surveillance britanniques avaient utilisé « Beer Goggles Johnny », une mascotte dessinée en forme de préservatif, pour mettre en garde les fans en route pour l’Afrique du Sud.

Beer Goggles Johnny rappelait notamment que l’ivresse altérait la perception du risque et magnifiait l’attractivité d’autres personnes, pouvant entraîner des conduites sexuelles à risques.
 

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