Surprise du remaniement, Aurélien Rousseau nommé à la Santé

Publié le 21 juillet 2023 à 10h10 - par

C’est la marque Borne et la surprise du remaniement. Aurélien Rousseau, nommé ministre de la Santé en remplacement de François Braun, est l’ancien directeur de cabinet d’Élisabeth Borne et un excellent connaisseur du système de santé français.

Surprise du remaniement, Aurélien Rousseau nommé à la Santé

Il a notamment piloté l’Agence régionale de la Santé d’Île-de-France pendant la crise sanitaire. Une expérience éprouvante dont il avait tiré un essai, publié en septembre, (« La blessure et le rebond, dans la boite noire de l’État face à la crise », éditions Odile Jacob) pour raconter « comment les choses de l’État se jouent, les décisions se prennent ».

Historien de formation et énarque rattaché au Conseil d’État, Aurélien Rousseau, 47 ans, avait été nommé directeur de cabinet d’Élisabeth Borne le 17 mai 2022.

Issu de la gauche – il a été membre du PCF dans sa jeunesse -, cet homme muni de petites lunettes rondes, a travaillé auparavant au cabinet de l’ancien maire de Paris Bertrand Delanoë, puis auprès des Premiers ministres socialistes Manuel Valls et Bernard Cazeneuve.

Il est marié à Marguerite Cazeneuve (sans lien de parenté avec l’ancien chef du Gouvernement), spécialiste des retraites et ancienne conseillère santé à Matignon puis à l’Élysée, devenue numéro deux (directrice déléguée) de la Caisse nationale d’assurance maladie.

Son beau-père est le député Jean-René Cazeneuve, rapporteur du budget, dont le nom a circulé pour prendre le ministère des Comptes publics.

Un responsable syndical avait dénoncé récemment le côté très « vase clos » de la Macronie dans la santé, avec des jeux de chaise musicale entre personnes qui se connaissent par  cœur.

L’entourage de la Première ministre avait justifié son départ de la rue de Varenne par « une année très intense durant laquelle de nombreux textes ont été votés au Parlement – dans un contexte de majorité relative – et la réforme des retraites menée ».

« Quelle marge de manœuvre ?

M. Rousseau devait quitter Matignon le 1er juillet, pressenti pour rejoindre la Caisse des dépôts et consignations. Mais il avait prolongé son bail de quelques jours. Avant la nomination, lundi 17 juillet, de son successeur à Matignon, Jean-Denis Combrexelle, un spécialiste du Code du travail.

Pour Pierre Mansat, ancien adjoint communiste de Bertrand Delanoé à Paris, qui avait eu Aurélien Rousseau dans son cabinet, « tout le monde s’accorde à dire qu’il a eu un rôle très positif » lorsqu’il dirigeait l’agence régionale de santé d’Île-de-France pendant le Covid.

Il se montrait « imaginatif, ingénieux » dans cette situation de crise, et « attentif à la situation des soignants », ajoute M. Mansat. Mais « que va-t-il faire dans cette galère ? », s’interroge cet homme politique, estimant « catastrophique » qu’Aurélien Rousseau aille « dans un Gouvernement Macron Borne ».

« On nous explique que Braun n’était pas assez politique, mais force est de constater qu’on nous met un énarque à  la place », relève le responsable d’un grand syndicat de médecins hospitaliers, qui ne veut pas donner son nom. Aurélien Rousseau est « un homme qui a énormément travaillé et qui connait très bien ses dossiers », ajoute-t-il cependant.

« C’est quelqu’un avec qui nous pourrons échanger. (…). Après, la question est celle de sa marge de manœuvre », réagit Agnès Giannotti, présidente de MG France, principal syndicat de médecins généralistes.

Le nouveau ministre de la Santé va devoir piloter un système de soin en crise, miné par le manque de médecins et l’inexorable croissance des besoins en santé d’une population vieillissante.

Parmi les grands malades, l’hôpital, qui n’est plus assez attractif pour attirer les soignants en nombre suffisant, malgré un Ségur de la santé qui a revalorisé à l’été 2021 les salaires des personnels hospitaliers. Côté médecins de ville, le nouveau ministre devra affronter la colère des syndicats, qui réclament une hausse de la consultation.

Il aura aussi dans son escarcelle le projet de loi sur la fin de vie, dont était chargée dans le Gouvernement sortant Agnès Firmin-Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des professions de santé.

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