« La qualité du personnel détermine la qualité du centre »

Publié le 22 mars 2012 à 0h00 - par

Entretien avec Jean-Pierre Braquet, inspecteur jeunesse et sports à la direction départementale de la cohésion sociale du Vaucluse, et co-auteur de Diriger et gérer un accueil de loisirs.

Weka : Jean-Pierre Braquet, vous avez rédigé les fiches de Diriger et gérer un accueil de loisirs concernant la sécurité des transports. En quoi cela doit-il être une préoccupation majeure des directeurs de centres ?

 

Jean-Pierre Braquet : La plupart des accidents graves en centres ont lieu sur la route, comme l’actualité récente l’a encore démontré. Dans l’ensemble, j’estime que les centres ne sont pas assez prudents dans les transports. Aucune consigne n’est généralement donnée aux animateurs.

Les solutions pour éviter les accidents sont pourtant simples : tout d’abord éviter les déplacements en exploitant au maximum les équipements à disposition immédiate.

 

Ensuite, les déplacements doivent être organisés et réfléchis, les risques évalués par le directeur, qui peut, par exemple, faire des fiches pratiques à destination des animateurs concernant la sécurité. Faire un exercice annuel d’évacuation d’autobus peut faire la différence en cas d’accident. En minibus, veiller à ce que l’animateur-chauffeur détient bien son permis de conduire.

 

Tous ces conseils et bien d’autres sont présents dans Diriger et gérer un accueil de loisirs, en plus de rappels théoriques tel le code de la route, qui pour un animateur de 17 ans, n’est pas forcément acquis.

 

Weka : Vous avez également rédigé les fiches concernant le recrutement des directeurs et animateurs. Quels sont les clefs d’un recrutement réussi ?

 

Jean-Pierre Braquet : Tout dépend du projet. La qualité du personnel détermine la qualité du centre, et un projet ne peut être bon qu’avec un recrutement adéquat, en premier lieu concernant le directeur.

 

La première étape, c’est donc d’identifier ce que l’on veut faire, et donc des compétences attendues dans les CV à retenir. Puis identifier les candidats ayant les diplômes correspondants, selon la taille du centre : diplôme professionnel au-dessus de 80 enfants, BAFD en deçà. Il faut ensuite vérifier la véracité des CV, trop souvent enjolivés par les postulants, et donc contrôler la réalité des compétences affichées.

 

C’est la même chose pour les animateurs. Dans le recrutement, le directeur doit veiller à rester en accord avec le projet pédagogique, à ce que les compétences des animateurs y correspondent.

 

Les fiches de Diriger et gérer un accueil de loisirs relatives au recrutement amène ainsi le directeur à se poser les bonnes questions, sur le type de recrutement par exemple. CDD ou CDI ? Le CDI conviendra pour le noyau de l’équipe, le moteur de la structure. Le CDD correspondra à des besoins spécifiques en période de surcharge, l’été surtout. Mais ça n’en est pas moins complexe, car il y a souvent peu de candidats, alors que le directeur se doit d’être exigeant.

 

Weka : Concernant les CDD, quid du contrat d’engagement éducatif (CEE), censuré par le Conseil d’Etat et dont la nouvelle version est actuellement étudiée par le Conseil Constitutionnel ?

 

Jean-Pierre Braquet : Pour les centres de loisirs, les conséquences sont quasi-nulles, puisque les animateurs bénéficient d’un repos journalier. Mais pour les centres de vacances, avec hébergement des animateurs, l’impact sera lourd si le statu quo est maintenu et que le droit commun s’applique cet été. Les organisateurs vont devoir doubler leurs équipes, ce qui entraînerait d’une part des difficultés financières, et d’autre part des difficultés pédagogiques, pour assurer la qualité éducative, gérer l’équipe.

 

Il faut trouver un équilibre entre le respect des animateurs et la réalité économique. Le projet actuellement en suspens, prévoyant onze heures de compensation, ne règle pas tout. Quel sera l’impact financier du dispositif ? Mais il aurait l’avantage d’éviter que les équipes soient épuisées en fin de centre, et ne perdent en dynamisme, créativité et vigilance.

 

Peut-être faut-il envisager des solutions réglementaires, en aménageant par exemple le nombre d’animateurs nécessaires pour un nombre donné d’enfants, aujourd’hui fixé à 1 pour 12, et qui pourrait passer à 1 pour 30 ou 40 quand les enfants dorment, afin que les animateurs puissent souffler. Une façon d’éviter de trop augmenter des tarifs déjà très importants.

 

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