Deux jours fériés en moins et réforme de l’assurance-chômage au menu du « travailler plus » de Bayrou

Publié le 16 juillet 2025 à 12h30 - par

Le Premier ministre François Bayrou veut engager la nation sur le chemin du « travailler plus » en supprimant deux jours fériés et en réformant de nouveau l’assurance-chômage. C’est un virage budgétaire radical que propose le chef du gouvernement pour tenter de redresser les finances publiques. Dans une conférence de presse tenue mardi 15 juillet, il a présenté un plan destiné à générer près de 44 milliards d’euros d’économies dès 2026, dans un contexte de pression sur les dépenses de l’État.

Deux jours fériés en moins et réforme de l'assurance-chômage au menu du "travailler plus" de Bayrou
© Par Patryssia - stock.adobe.com

Plus de 20 ans après la conversion du lundi de Pentecôte en « journée de solidarité », travaillée mais pas payée, le Premier ministre a proposé « que deux jours fériés soient supprimés pour tout le pays ». Il a cité « le lundi de Pâques, qui n’a aucune signification religieuse, et le 8 mai », tout en se disant « prêt à accepter d’autres idées ». En augmentant la productivité, la mesure rapporterait « plusieurs milliards » au budget de l’État, soit « 4,2 milliards » selon Matignon.

La suppression de deux jours fériés « n’est pas du tout la même chose » qu’« une journée de solidarité dont on ne vérifierait pas vraiment si elle est accomplie ou pas, et qui se traduirait uniquement par des prélèvements sur les entreprises », a en outre insisté le chef du gouvernement, disant vouloir « combattre » le « désenchantement face au travail ».

Un choix qui divise profondément les acteurs sociaux

Les réactions n’ont pas tardé, les syndicats dénonçant une atteinte frontale aux droits des travailleurs et à la mémoire nationale. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a vivement critiqué l’abandon du 8 mai, qualifiant cette date de « jour de la victoire contre le nazisme » et d’« incompressible » dans la mémoire collective française. Pour la CFDT, cette annonce est « inacceptable » et ne constitue pas une réponse adaptée aux enjeux sociaux contemporains.
Le Rassemblement National, par la voix de Jordan Bardella, a fustigé ce qu’il considère comme « une provocation » et « une attaque directe contre notre histoire, contre nos racines, et contre la France du travail », dénonçant le choix de sacrifier des symboles au nom d’une logique purement comptable. Le débat ne fait donc que commencer, et l’unité autour d’un tel projet semble difficile à construire.

Chômeurs mis à contribution

Sur le volet du travail, le Premier ministre estime également que « l’accent doit notamment être mis sur les jeunes et les seniors pour qui les taux d’emploi sont particulièrement faibles, par comparaison avec nos voisins européens ».

Le chef du gouvernement souhaite lancer « un nouveau chantier sur l’assurance-chômage » et un second sur le droit du travail « pour améliorer les conditions de travail pour tous, faciliter les recrutements et augmenter les offres de travail lorsque c’est possible ».

« Dans les prochains jours, je vais proposer deux négociations, s’ils l’acceptent, aux partenaires sociaux » sur ces deux sujets, a-t-il indiqué.

La ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet a précisé que les discussions sur l’assurance-chômage viseraient à affiner « l’éligibilité » (les conditions d’ouverture de droits), « la durée maximale d’indemnisation » et les « conditions d’indemnisation des ruptures conventionnelles », objets de « beaucoup d’abus », fixant l’objectif d’aboutir « avant la fin de l’année ».

La possibilité d’une nouvelle réforme de l’assurance-chômage avait ressurgi ces derniers jours, malgré un accord conclu en novembre 2024, avec de nouvelles règles pour quatre ans, entrées en vigueur pour la plupart au 1er avril dernier.

Depuis 2017 et l’arrivée d’Emmanuel Macron, les règles d’indemnisation ont été durcies à plusieurs reprises.

Un effort budgétaire à géométrie variable ?

« Il va falloir que juridiquement ils nous expliquent. On a une convention qui n’est encore pas tout à fait mise en place (…) et là, on nous dit qu’il faut nous remettre autour de la table pour réduire encore une fois » les droits des chômeurs, répond sèchement Frédéric Souillot (FO).

Pour l’Unsa, « une fois encore, ce sont les travailleurs, les retraités et les usagers des services publics qui vont payer l’addition », et, abonde Solidaires dans un communiqué, « les grandes entreprises et les plus riches sont épargnés ».

« Les efforts ne seront pas partagés », critique la CFDT qui considère une nouvelle réforme de l’assurance-chômage comme « un non-sens ».

Le premier syndicat français promet d’inviter début septembre les organisations syndicales et patronales à se réunir « pour débattre des réelles priorités du monde du travail ».


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