Au début de l’année 2025, Orange a fermé techniquement son réseau cuivre dans 162 communes (« lot 1 »), où la fermeture commerciale est prévue pour janvier 2026, comme dans 90 % des locaux sur le territoire national. L’extinction se poursuivra progressivement sur les 10 % restants, jusqu’à un arrêt total du réseau en 2030. Le régulateur des télécoms (l’Arcep) impose, au préalable, que la couverture en fibre optique soit achevée dans les communes concernées : c’est la « complétude ». Selon les chiffres publiés mi-septembre par l’Arcep, fin juin 2025, 95 % des locaux étaient couverts par des services à très haut débit sur réseaux filaires : fibre optique, VDSL2, câble. Toutefois, en regardant dans le détail, la couverture peut atteindre près de 100 % ou s’élever à moins de 90 % selon les communes ou les départements (Bouches-du-Rhône, Meurthe-et-Moselle, Loiret). Et certains réseaux d’initiative publique (Rip) sont couverts à seulement moins de 80 %. Au total, il reste encore 3,3 millions de locaux à rendre raccordables.
« L’objectif de fermeture en 2030 a été fixé par un opérateur qui est propriétaire du réseau cuivre, constate Patrick Chaize, président de l’Avicca et sénateur de l’Ain. Il faut faire en sorte d’accompagner cette extinction, ce qui nous oblige à être organisés pour le réseau fibre qui devient automatiquement le réseau de demain ». L’arrêt du cuivre intervient un peu comme un accélérateur… » Il est normal que la fermeture se fasse « sous condition de substitution par une autre solution filaire », précise le sénateur. Sans compter que ces réseaux fibre devront faire preuve de robustesse et de qualité face aux pannes, aux aléas et au vandalisme. En d’autres termes, ils devront être « résilients », ce qui va nécessiter de réinvestir. « On peut nous reprocher de ne pas y avoir pensé avant, mais il n’est pas trop tard », estime Patrick Chaize. Selon les choix qu’ils ont faits au départ, les territoires n’ont pas les mêmes résultats en termes de résilience ; il faudra désormais trouver les moyens nécessaires pour que la qualité des réseaux soit homogène et identique. De plus, « les coûts de résilience sont différents car les enjeux sont différents », précise la présidente d’Infranum, Ilham Djehaich. Ainsi, lorsque les plans d’affaire ont été élaborés, on ne parlait pas de réchauffement climatique. « Les investissements ont été faits en fonction des hypothèses de l’époque. L’arrêt du cuivre est venu bouleverser notre système, ajoute Patrick Chaize, qui rappelle qu’à l’origine, « la fibre optique devait apporter davantage de confort », et que la question de la résilience ne se posait pas puisqu’il y avait deux réseaux.
L’ADSL prend sa retraite, la fibre prend la relève
Le 16 septembre, à l’université de la transition numérique des territoires, à Dijon (Côte-d’Or), constatant que la fermeture du lot 1 s’est bien passée, la présidente de l’Arcep, Laure de la Raudière, a rappelé l’importance de l’implication des collectivités pour faciliter la communication sur l’arrêt du cuivre auprès des habitants et les rassurer. Pendant plusieurs années, élus et opérateurs ont réclamé sans succès une campagne nationale gouvernementale afin d’accompagner cette fermeture commerciale massive. Au bout du compte, les opérateurs ont pris eux-mêmes l’initiative de lancer une campagne médias. Sur le thème « L’ADSL prend sa retraite, la fibre prend la relève », des spots sont diffusés sur TF1 et France 2, du 12 au 28 septembre. Cette campagne, coordonnée par la fédération Infranum et cofinancée par les opérateurs*, est finalement soutenue par l’État. Elle vise à informer et « convaincre chaque foyer et chaque entreprise de migrer vers la fibre en choisissant l’opérateur commercial de leur choix ».
Martine Courgnaud – Del Ry
* Initiée en 2024 par Orange Concessions, la campagne est désormais portée collectivement à l’échelle nationale par les cinq opérateurs : Altitude Infra, Axione, Lumière, Orange Concessions et XpFibre
