Le territoire accentue les inégalités éducatives

Publié le 15 octobre 2025 à 14h20 - par

Selon une récente enquête de l’AFEV, les jeunes ruraux, qui rencontrent davantage de difficultés de mobilité, privilégient des parcours d’études supérieures plus courts.

Le territoire accentue les inégalités éducatives
© Par Tof Locoste- stock.adobe.com

À l’occasion de la 18e Journée du refus de l’échec scolaire (JRES), l’AFEV a publié, le 24 septembre 2025, en partenariat avec Trajectoires Reflex, l’UNAF et Rura, une enquête intitulée « Jeunesses populaires rurales et urbaines : même combat face aux inégalités éducatives ? ». Celle-ci a été réalisée de mai à juillet 2025 auprès de 1 507 lycéens d’établissements scolaires de grandes/moyennes villes et de petites villes/milieu rural, dont l’AFEV est partenaire. L’enquête met en évidence les différenciations sociales et spatiales à l’œuvre dans différents types de territoires qui influent sur les modes de vie de ces jeunes et sur leurs appréhensions des études et du monde professionnel.

Un accès inégal aux études supérieures

Les lycéens souhaitent massivement poursuivre des études supérieures (81 %), mais leurs ambitions sont pondérées par des variables sociales et territoriales, explique l’AFEV. Les jeunes de milieux favorisés visent des études longues (master ou grandes écoles) : 45 % des enfants de diplômés d’un master ou doctorat cherchent à décrocher un master. Alors que les jeunes ruraux de milieu populaire se projettent davantage vers des filières courtes (BTS, IUT). À milieu social égal, les jeunes de milieu urbain se projettent, eux, davantage vers un master (55 % contre 38 % pour les jeunes en rural).

Partir ou rester

Si la majorité des jeunes enquêtés témoignent de leur attachement à leur lieu de vie actuel (82 %), plus des deux tiers (69 %) des lycéens envisagent de partir pour leurs études ou leur travail. En particulier, les jeunes de milieu rural – quel que soit leur milieu social – ont intégré le fait qu’ils devront partir pour étudier : plus des trois quarts (77 %) se préparent à partir, contre une grosse moitié (54 %) des jeunes urbains de milieu populaire. Ceux-ci sont certes plus proches des universités, mais n’ont ni les moyens ni le projet de décohabiter, précise l’enquête. L’AFEV note que, parmi les jeunes ruraux qui se préparent à quitter le territoire, ce départ est subi pour 17 % d’entre eux.

Un clivage territorial

Près de neuf urbains sur dix (87 %) trouvent leurs déplacements faciles. C’est le cas de seulement un peu plus de la moitié (55 %) des ruraux. L’AFEV pointe la fragilité des 8 % des jeunes ruraux de milieu populaire qui, malgré leur dépendance à la voiture, disent ne pas avoir les moyens de passer le permis.

Si le milieu social s’avère la variable la plus déterminante pour expliquer les différences de parcours et de projection des jeunes, plus encore que le lieu de vie, le territoire renforce les inégalités sociales, insiste l’AFEV. Ainsi, les jeunes ruraux, qui rencontrent davantage de difficultés de mobilité, privilégient des parcours d’études supérieures plus courts, qui correspondent à l’offre de formation de proximité.

Les résultats de l’enquête montrent « à quel point l’accompagnement des jeunes les plus fragilisés dans leurs parcours est indispensable, afin qu’ils ne soient pas entravés par une assignation sociale ou territoriale. Cet accompagnement des trajectoires, à lui seul, ne suffit pas. Il doit aller de pair avec un investissement plus fort des politiques publiques de qualification et de revitalisation des territoires vulnérables – qu’il s’agisse des quartiers prioritaires urbains ou des espaces ruraux/petites communes –, notamment en termes d’offre éducative. C’est bien en agissant sur ces deux leviers que nous empêcherons que la géographie ne conditionne la vie des personnes », est convaincue l’AFEV.


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