La santé des agents territoriaux : enseignements de la 25ᵉ édition du panorama Relyens

Publié le 25 novembre 2025 à 14h20 - par

La 25e édition du panorama Relyens, dédiée à la santé des agents territoriaux, vient de révéler ses résultats pour l’année 2024. Cette étude repose sur un échantillon significatif, couvrant 440 000 agents et 15 500 collectivités, et sert de référence pour éclairer les tendances en matière d’absentéisme et de conditions de travail dans les collectivités locales. Si les chiffres peuvent paraître rassurants à première vue, la réalité sous-jacente met en lumière des enjeux complexes, notamment l’allongement de la durée des arrêts de travail, qui soulève des interrogations sur la santé des agents et la pérennité du service public.

La santé des agents territoriaux : enseignements de la 25ᵉ édition du panorama Relyens
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L’édition 2025 confirme une tendance structurelle qui ne cesse de se confirmer depuis plusieurs années : bien que le nombre d’arrêts pour raison de santé ait diminué, leur durée a, quant à elle, considérablement augmenté. En 2024, le taux d’absentéisme s’élève à 9,8 % (hors congé maternité), ce qui équivaut à presque 10 agents absents à temps plein pour 100 agents. Ce chiffre, en hausse de 4 % sur cinq ans, est porté par l’allongement des durées d’arrêt, qui a progressé de 12 % depuis 2019.

Une tendance inquiétante : la hausse des arrêts longs

L’un des enseignements les plus marquants du panorama Relyens 2025 réside dans l’évolution de la durée des arrêts de travail. Si le nombre d’arrêts a diminué de 7 % en cinq ans et que la proportion d’agents concernés a reculé de 6 %, le taux global d’absentéisme a toutefois progressé de 4 %. Cette progression est entièrement due à l’allongement des durées d’absence, qui a pris de l’ampleur au fil des années. En effet, les arrêts longs sont devenus plus fréquents, augmentant de 4 % en nombre, avec une hausse de 15 % pour les arrêts de plus de 180 jours par rapport à 2019.

Ce phénomène de l’allongement des arrêts est particulièrement préoccupant dans certains secteurs où les conditions de travail sont plus pénibles. Les agents de plus de 55 ans, qui représentent 29 % de l’effectif total, s’absentent pour des durées trois fois plus longues que les moins de 25 ans. Cette situation est directement liée à l’usure professionnelle, un facteur aggravé par l’âge et l’intensité des tâches physiques ou psychologiques. Cela concerne principalement des métiers très exposés, comme ceux de la petite enfance, du médico-social, de l’entretien ou de la police municipale.
L’absentéisme dans la fonction publique territoriale n’est pas un phénomène isolé. Il est le reflet des fragilités des agents, mais aussi un indicateur de la qualité des conditions de travail et de la soutenabilité des organisations publiques. Face à cette réalité, le panorama Relyens propose plusieurs leviers pour agir efficacement sur les causes de l’absentéisme et limiter ses impacts sur la continuité du service public.

Lutter contre l’absentéisme : agir sur les conditions de travail, les parcours professionnels et accompagner la reprise après un arrêt

Une première action essentielle est de repenser les conditions de travail des agents. La mise à jour régulière du document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) et un focus particulier sur les postes à forte pénibilité (manutention, horaires décalés, station debout prolongée) sont des mesures incontournables. Par ailleurs, l’investissement dans des équipements adaptés et l’amélioration des processus de travail sont des leviers concrets pour prévenir les risques physiques et psychologiques, notamment en formant les managers à la gestion des risques psychosociaux.

Une approche proactive du parcours professionnel des agents est essentielle pour anticiper et prévenir les risques d’absentéisme. L’entretien professionnel doit être systématiquement utilisé pour identifier les besoins en formation, en mobilité et en gestion des compétences. De plus, un entretien de mi-carrière, dès 15 ans de service, permet de mieux accompagner les agents dans leurs évolutions professionnelles et d’identifier les signes avant-coureurs de l’usure.

Le retour après un arrêt prolongé est un moment clé pour garantir la continuité de l’activité de l’agent et éviter une rechute. Un entretien de ré-accueil avec le manager et les ressources humaines dès le premier jour de reprise permet de sécuriser ce retour. Par ailleurs, un aménagement du poste (horaires progressifs, tâches adaptées, matériel spécifique) peut être envisagé pour faciliter cette réintégration. Un suivi régulier dans les trois mois suivant la reprise est également crucial pour ajuster les conditions de travail si nécessaire.

Le panorama Relyens 2025 met en lumière une réalité préoccupante : l’absentéisme, bien qu’en diminution en termes de fréquence, reste en forte progression en raison de l’allongement des durées d’absence. Cette situation est d’autant plus inquiétante que l’usure professionnelle touche principalement des agents des métiers les plus exposés et que la population active dans la fonction publique territoriale vieillit. En prenant en compte ces facteurs et en ajustant leurs pratiques de gestion des ressources humaines, les collectivités peuvent non seulement préserver la santé des agents, mais aussi garantir la pérennité et la qualité du service public, dans un contexte où les enjeux de continuité des services sont plus que jamais cruciaux.

Source : Qualité de vie au travail & santé des agents dans les collectivités territoriales. L’allongement des arrêts pour raison de santé, un enjeu majeur pour le service public, Panorama 2025, Relyens


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