5G : entre « dialogue » et prudence, le retard à l’allumage des grandes villes

Publié le 16 décembre 2020 à 7h15 - par

Plus de 150 communes couvertes par la 5G à la fin de l’année, mais sans la capitale et les grandes villes françaises ? De Paris, qui doit débattre mercredi 16 décembre 2020 des recommandations de sa « conférence citoyenne », à Lille, en faveur d’un moratoire, la prudence l’emporte sur un déploiement rapide.

5G : entre "dialogue" et prudence, le retard à l'allumage des grandes villes

« On peut dire que Paris va être encerclé par la 5G » : au moment d’annoncer le lancement des offres commerciales de Bouygues Telecom, son directeur général Richard Viel a résumé la situation paradoxale en cours aux portes de la capitale.

Parmi les « grandes villes » couvertes depuis le 1er décembre 2020 par son réseau mobile de dernière génération figurent notamment Boulogne-Billancourt, Versailles, Saint-Denis, ou encore Argenteuil. 

Idem pour ses concurrents SFR et Orange, dont le réseau s’étend progressivement en banlieue parisienne… sans pour autant couvrir Paris intra-muros. Même situation à Nantes, où seules les communes environnantes ont accès à la 5G.

La raison ? Les maires de ces grandes villes ont décidé de lancer un « débat public » pour notamment répondre à un « besoin de transparence » au sujet de l’impact du déploiement de la 5G sur l’environnement ou la santé.

D’autres comme Lille ont déjà annoncé être en faveur d’un moratoire jusqu’à la publication prévue au printemps 2021 d’un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).

Éviter tout bras de fer

« Parce que nos doutes persistent tant du point de vue sanitaire que de la sobriété numérique sur le déploiement de la 5G, nous avons voté un moratoire. Il est urgent d’attendre ! », avait déclaré début octobre la maire de Lille Martine Aubry.

Au regard de la loi, les maires ont-ils vraiment le pouvoir d’empêcher l’installation d’antennes relais de téléphonie mobile ?

« Le Conseil d’État a été clair : il ne revient pas aux maires, mais à l’État d’en décider, même si certains peuvent ralentir le processus, par exemple à travers l’accès aux bâtiments publics », avait rappelé fin novembre le secrétaire d’État au numérique Cédric O dans le JDD.

Soucieux d’éviter tout bras de fer, les opérateurs et les pouvoirs public ont toutefois assuré qu’ils prendraient en compte les réticences locales pour désamorcer un sujet devenu encore plus polémique depuis que la Convention citoyenne pour le climat a elle-même recommandé un moratoire cet été.

« On est attentif à ce que les municipalités demandent aux opérateurs. Avant de vraiment déployer, il y a des débats qui s’instaurent dans certaines communes. Nous sommes respectueux de cela », avait expliqué fin novembre à l’AFP Benoît Torloting, directeur général adjoint de Bouygues Telecom.

« Rassurer sur les impacts »

Quels sont les arguments employés pour convaincre citoyens et collectivités locales des bienfaits de la 5G ?

« Rassurer sur les impacts, études à l’appui, en matière de santé et d’environnement », indique Fabienne Dulac, présidente d’Orange France, consciente qu’en cette « année particulière de crise sanitaire », ces enjeux « ont beaucoup plus d’acuité » qu’auparavant.

Xavier Niel, patron d’Iliad (la maison mère de Free), a, lui, plaidé l’argument de la compétitivité devant la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale.

« Ce serait dommage en France d’avoir les meilleurs réseaux fixes et d’être le dernier pays européen sur le mobile en refusant le marché de la 5G », avait-il souligné fin novembre.

« C’est aussi une image, une perception de la France, au-delà de nos frontières, qui pourrait nous faire perdre une part de notre attractivité », alors que le pays « était devenu une destination principale des investisseurs » avant la crise du Covid-19, avait-il ajouté.

La nécessité d’endiguer la saturation de leurs réseaux mobiles grâce à l’arrivée de la 5G, alors que la consommation augmente de 40 % chaque année, reste l’impératif martelé en chœur par tous les opérateurs.

« On a mis plus de 50 ans à déployer le réseau cuivre. Nous n’avons pas encore complètement couvert la totalité du réseau en 4G, alors que nous l’avons lancé en 2012. Ce sont des chantiers industriels majeurs, d’ampleurs, qui demandent du temps, prévient Fabienne Dulac. On nous reprochera un jour de ne pas avoir anticipé. »

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