Les grandes villes françaises et la 5G : état des lieux

Publié le 14 octobre 2020 à 9h20 - par

Débat citoyen ou bras de fer ? Le conseil municipal de Lille a adopté samedi 10 octobre 2020 un moratoire sur le déploiement de la 5G, nouvel épisode dans la fronde d’élus locaux écologistes ou de gauche contre la nouvelle génération de réseaux mobiles en France.

Les grandes villes françaises et la 5G : état des lieux

Le gouvernement a dénoncé une « tartufferie incompréhensible », alors que l’attribution des fréquences 5G aux opérateurs est en cours de finalisation et que les premières offres commerciales seront effectives à la fin de l’année.

État des lieux des positions dans les grandes villes françaises.

Lille, Grenoble, Lyon : moratoire adopté ou à l’étude

À Lille, la motion adoptée prévoit de sursoir, sur le territoire de la commune, « à toute autorisation d’implantation ou d’allumage d’antennes "test" liées à la technologie 5G » jusqu’à la publication prévue au printemps 2021 d’un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).

« Parce que nos doutes persistent tant du point de vue sanitaire que de la sobriété numérique sur le déploiement de la 5G, nous avons voté un moratoire. Il est urgent d’attendre ! », a déclaré sur Twitter la maire de Lille Martine Aubry (PS).

À Grenoble, la ville administrée par Éric Piolle (EELV) réclame « de longue date » un moratoire national. « Dans l’attente, Grenoble applique de facto un moratoire local en refusant systématiquement d’autoriser tout travaux d’implantation d’antenne 5G sur son territoire. »

S’ils s’expriment peu sur le sujet, le maire de Lyon Grégory Doucet et le président de la métropole Bruno Bernard, tous deux nouveaux élus EELV, souhaitent également un moratoire sur la 5G.

De quoi provoquer des remous lors du dernier conseil municipal, au cours duquel l’ancien maire Gérard Collomb a regretté que Lyon « donne le signal qu’elle n’est plus une ville d’innovation qui porte le futur ».

Bordeaux : fin de l’expérimentation de la 5G « haute fréquence »

La nouvelle majorité écologiste a décidé que Bordeaux ne participerait pas aux expérimentations de la 5G « haute fréquence » (sur la bande des 26 Ghz), contrairement à ce qui était prévu depuis un an.

« Ce n’était pas encore lancé quand on est arrivé à la mairie en juillet et on a réussi à faire un rétropédalage là-dessus auprès de l’Arcep (régulateur des télécoms). C’est une vraie victoire ! », a expliqué à l’AFP Delphine Jammet, adjointe au maire chargée notamment de la « stratégie de la donnée ».

Dans un « vœu » voté fin septembre, le conseil municipal ne réclamait pas explicitement de « moratoire » sur la 5G, contrairement à une motion votée peu avant par le conseil de Métropole (majorité PS-Verts).

« Vu que l’opposition de droite a aussi émis des doutes sur la 5G en conseil municipal, juste après qu’on se soit fait traiter d’Amish (par le président Emmanuel Macron), on trouvait que c’était intéressant de dire : "Regardez, on n’est pas les seuls…". C’est pour ça qu’on a accepté d’enlever ce mot de moratoire », a dit Mme Jammet.

Paris, Rennes, Strasbourg : conférence citoyenne et « débat démocratique »

Le conseil de Paris a voté la semaine dernière la création d’une conférence citoyenne sur la 5G, à laquelle participeront les Parisiens et les habitants de la Métropole du Grand Paris.

Cette consultation devra notamment aborder la question de la « sécurisation des données, l’obsolescence programmée », avant une mise à jour de la charte liant Paris aux opérateurs.

Insoumis et écologistes demandaient un moratoire sur le sujet, « le temps d’avoir les conclusions des enquêtes sanitaires » mais n’ont pas obtenu gain de cause.

À Rennes, la maire Nathalie Appéré (PS) a demandé mi-septembre une étude d’impact sur la 5G, dont elle n’envisage le déploiement qu’à l’issue d’un débat public, impliquant de « respecter un élémentaire principe de précaution ».

Dans une interview accordée fin septembre au média local Actu Strasbourg, la maire Jeanne Barseghian (EELV) a souhaité un « débat démocratique et citoyen » avant le déploiement de la 5G. « Plutôt que de foncer tête baisser il faut prendre le temps de poser ce débat », a-t-elle déclaré.

Marseille : discussions en cours

À Marseille, où la maire Michèle Rubirola (EELV) a été élue à la tête d’une large union de la gauche, la question n’est pas tranchée au sein de la majorité, et une discussion sur le sujet de la 5G a eu lieu mardi 13 octobre. La position définitive de la ville sur le déploiement de la 5G devrait donc être connue dans les prochains jours, voire les prochaines semaines.

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