La Cour des comptes ausculte le soutien de l’État au spectacle vivant

Publié le 24 juin 2022 à 9h06 - par

La Cour des comptes publie une enquête sur les évolutions structurelles de la politique en faveur du spectacle vivant mise en œuvre par le ministère de la Culture jusqu’à 2020.

La Cour des comptes ausculte le soutien de l'État au spectacle vivant

La Cour des comptes a publié, fin mai, un rapport public thématique sur « Le soutien du ministère de la Culture au spectacle vivant ». Depuis sa création, le ministère poursuit une politique de soutien au pectacle vivant, visant à favoriser la création artistique, à donner, sur l’ensemble du territoire, un large accès au théâtre, à la musique, à la danse, aux arts du cirque et de la rue, ainsi qu’à développer et diversifier les publics. Son action se caractérise par une grande variété de modes d’intervention, sans équivalent à l’étranger, souligne la Cour des comptes. La politique mise en œuvre s’appuie sur de grands opérateurs nationaux, ainsi que sur un ensemble de lieux labélisés et de réseaux.

Ainsi, en 2019, 10 labels répartis entre chacune des disciplines rassemblaient plus de 300 structures sur l’ensemble du territoire. À ces labels, s’ajoutent de nombreuses aides, bénéficiant à plus d’un millier de compagnies, près de 200 résidences et 150 festivals. L’enquête de la Cour des comptes porte sur les évolutions structurelles de la politique mise en œuvre par le ministère de la Culture jusqu’à 2020. Elle constate que, même si sa contribution au financement du secteur est désormais minoritaire, le ministère y joue toujours un rôle clé, mais dans des conditions qui appellent des évolutions en termes d’organisation de son action. En outre, elle observe que, pour être aujourd’hui très abondante, l’offre des spectacles peine à atteindre ses objectifs de démocratisation et de diffusion.

L’enquête de la Cour des comptes s’intéresse donc aux divers modes d’intervention du ministère de la Culture et concerne essentiellement les acteurs répartis sur l’ensemble du territoire national. Sans les écarter du panorama, elle ne traite donc pas directement des grands établissements publics nationaux.

Si le ministère s’inscrit « au cœur de l’écosystème du spectacle vivant », l’État est aujourd’hui le « financeur minoritaire d’un secteur qui lui échappe en partie », constatent les auteurs de l’enquête. Le spectacle vivant bénéficie de financements publics importants apportés tant par l’État que, de manière croissante, par les collectivités territoriales. Particulièrement touché par la crise sanitaire, le secteur a bénéficié de soutiens publics considérables. En dépit de cet accroissement conjoncturel des financements, le soutien financier du ministère de la Culture est demeuré relativement stable entre 2011 et la crise sanitaire (766 millions d’euros en 2019, 839 millions d’euros en 2020 dans le contexte de la crise sanitaire). A contrario, l’enquête a permis d’évaluer les financements des collectivités territoriales, en particulier ceux des communes, et d’établir qu’ils ont progressé depuis 2015 pour atteindre au minimum 2,47 milliards d’euros en 2019 !

Alors que les collectivités locales apportent désormais près de trois quarts des financements du spectacle vivant, selon la Cour des comptes, l’État continue à jouer un rôle d’impulsion, notamment en matière de création artistique. Les relations avec les collectivités locales apparaissent, dans l’ensemble, constructives et bien structurées, dans le cadre d’une gouvernance renouvelée des lieux s’appuyant sur des cahiers des missions et des charges régulièrement évalués, observent les auteurs de l’enquête.

Cependant, l’administration centrale ne dispose pas des outils de collecte et d’exploitation des données permettant d’éclairer utilement l’action publique, déplore la Cour des comptes. Par ailleurs, le rôle crucial des Directions régionales des affaires culturelles (DRAC) dans la mise en œuvre de la politique du spectacle vivant au niveau régional devrait être mieux valorisé par l’échelon central du ministère, dans le cadre d’une animation de réseau rénovée et d’orientations stratégiques mieux hiérarchisées, insiste-t-elle.

Au final, la Cour des comptes formule cinq recommandations. À savoir :

  1. Définir les grandes orientations de la politique de l’État en faveur du spectacle vivant.
  2. Établir des objectifs de diffusion plus ambitieux en associant l’ensemble des parties prenantes (État, collectivités, organisations professionnelles du secteur).
  3. Associer l’objectif de renforcement de la diffusion des spectacles à celui du renouvellement des publics et de démocratisation.
  4. Doter la direction générale de la création artistique (DGCA) des outils et de l’organisation lui permettant de disposer au plus vite de données fiables et complètes pour piloter la politique en faveur du spectacle vivant.
  5. Associer plus étroitement les DRAC à l’élaboration des orientations de la politique du spectacle vivant.

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