Déploiement des ZFE : un ressenti « nettement négatif » des Français, selon le Sénat

Publié le 30 mai 2023 à 7h45 - par

Le déploiement des zones à faibles émissions (ZFE) pour lutter contre la pollution de l’air dans les grandes agglomérations rencontre une « très faible acceptabilité » de la population, 86 % des particuliers y étant défavorables, rapporte le Sénat jeudi 25 mai 2023.

Déploiement des ZFE : un ressenti "nettement négatif" des Français, selon le Sénat
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Une consultation en ligne lancée du 17 avril au 14 mai 2023 sur le sujet a reçu plus de 51 300 réponses de citoyens, un « record » selon les sénateurs. 93 % des répondants sont des particuliers, les 7 % restants des professionnels.

« Ce succès témoigne des nombreuses inquiétudes que ce dispositif génère chez les Français, même s’il s’agit d’une consultation basée sur le principe du volontariat et non d’un sondage représentatif », a expliqué lors d’un point presse le sénateur des Alpes-Maritimes Philippe Tabarot (LR), rapporteur de la mission de contrôle sur les ZFE qui doit rendre ses conclusions mi-juin.

Une généralisation des ZFE en France est prévue par la loi d’ici à 2025 dans les 43 agglomérations de plus de 150 000 habitants.

À ce jour, onze métropoles, dont les premières ont été Lyon, Grenoble et Paris, ont leurs ZFE avec des calendriers différents.

Au total, 86 % des particuliers et 79 % des professionnels ayant répondu à la vingtaine de questions posées par les sénateurs se disent opposés au déploiement des ZFE.

« Il s’agit d’une mesure technocratique qui de surcroît crée une véritable rupture d’égalité d’accès au centre-ville selon que vous soyez aisé ou non », lit-on parmi les témoignages.

Parmi les enseignements identifiés par un spécialiste de la donnée, plus un répondant vit loin du centre de l’agglomération, plus il a tendance à être défavorable aux ZFE. Seuls 8 % des habitants de communes rurales y sont favorables, contre 23 % des habitants de centre-ville.

Le fait de disposer de solutions alternatives à la voiture influence par ailleurs fortement les réponses.

Enfin, le ressenti varie beaucoup selon la catégorie socioprofessionnelle, 25 % des cadres étant favorables aux ZFE contre 11 % des employés et 4 % des ouvriers.

Le premier frein au déploiement des ZFE réside dans le coût d’acquisition des véhicules propres, jugé trop élevé pour 77 % des particuliers, devant l’accessibilité insuffisante des métropoles depuis les zones périurbaines ou rurales (51 %) et l’insuffisance d’offres de transports alternatifs (42 %).

Malgré la menace, à terme, d’une amende, 83 % des particuliers n’envisagent pas pour autant de changer de véhicule.

« Il est évident qu’il y a une désynchronisation entre le calendrier des ZFE et l’avancée des alternatives à la voiture, et l’idée est de se dire qu’il faut synchroniser l’accélération des mesures d’accompagnement », a commenté M. Tabarot.

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