Une lumière éblouissante, blanche, trop puissante et intrusive, mal orientée… L’éclairage public nocturne est rarement bien conçu et crée une lumière qui se diffuse sur de très longues distances, impactant les communes voisines. Mal maîtrisé, il nuit à la biodiversité, à la santé et au bien-être des riverains mais il entraîne aussi des conséquences sur la consommation d’énergie. L’horloge biologique se synchronise grâce à la lumière et son alternance avec l’obscurité, or nous vivons souvent dans un excès de lumière et dormons dans un halo permanent… Un Français sur trois considère du reste que la pollution lumineuse devrait être davantage prise en compte, et près de huit sur dix sont favorables à une réduction partielle de l’éclairage nocturne.
« Cette pollution lumineuse est un sujet d’envergure sur lequel les communes ont encore une vraie marge de manœuvre », constate le président de l’Association des Maires de France (AMF), François Baroin, en préambule d’un guide conçu avec l’ANPCEN (Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes). Or, mieux gérer les usages et réduire la durée d’éclairement permettraient de réaliser 30 à 75 % d’économies sur le budget d’éclairage public. D’où la nécessité de repenser l’éclairage public selon une démarche cohérente.
Avec les marchés globaux de performance et contrats de partenariat, les élus peuvent fixer des objectifs chiffrés (réduction d’émissions lumineuses, de consommation énergétique, d’incidences écologiques) et moduler la rémunération du prestataire en fonction de ces indicateurs, après mesure des résultats. L’approche globale de l’éclairage public nécessite de prendre en compte non seulement les coûts d’équipement (rénovation et changements) et de fonctionnement mais aussi la maintenance et la gestion de la fin de vie des produits : collecte, recyclage… Attention aussi aux coûts induits par certaines technologies, comme la nécessité de changer une tête lumineuse lorsque quelques diodes sont en panne ou l’augmentation des frais de maintenance liés aux mâts de grande hauteur et aux équipements gérés par informatique.
Réduire la durée d’éclairement en milieu de nuit est la mesure la plus efficace, et la seule apte à stopper totalement la pollution lumineuse ; elle ne nuirait pas à la sécurité et n’augmenterait pas la délinquance, bien au contraire. De nombreuses mesures contribuent à limiter ce type de nuisances, en agissant à la fois sur la quantité, l’orientation, la consommation et le type de lumière. Il est possible, par exemple, de trouver des solutions non lumineuses, comme le balisage par catadioptres, de ne pas dépasser 70 watts par lampe, de modifier la puissance des abonnements et d’installer des horloges astronomiques pour adapter l’éclairage de nuit. La lumière devrait être dirigée uniquement vers les surfaces à éclairer, et les lampes-boules supprimées. Réduire la hauteur des mâts, privilégier les lampes encastrées, et ne pas utiliser de projecteurs ou de balisages au sol ou éclairant de bas en haut sont également préconisés. Quant aux ballons fluorescents à vapeur de mercure, ils doivent être supprimés au profit de la technologie sodium haute pression avec température de couleur de 2 100 K. Les Leds ou iodures métalliques ne doivent pas dépasser 2 700 K et présenter une température de couleur la plus basse possible.
Le guide suggère également un nouveau mode de gestion. Plutôt que l’achat physique de lampadaires rapidement obsolètes, la commande publique pourrait viser un service d’éclairage. Et les maires pourraient s’organiser pour structurer massivement la commande.
Marie Gasnier
Plus de deux milliards par an Les matériels sont censés durer plus de vingt ans mais le contexte – changement climatique notamment – risque de les rendre rapidement obsolètes. Les communes dépensent plus de deux milliards d’euros chaque année : la moitié pour la maintenance du parc – un coût qui serait sous-estimé -, un quart pour le rénover et le reste pour la consommation d’énergie. |