Association à but non lucratif, l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE – Institute for climate economics) a publié, mi-octobre, une étude intitulée « Collectivités : les besoins d’investissements et d’ingénierie pour la neutralité carbone ». Les collectivités territoriales ont, en effet, un rôle majeur à jouer pour atteindre les objectifs de la neutralité carbone de la France à l’horizon 2050, inscrits dans la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC). « Du fait de leur patrimoine et de leurs compétences, les collectivités doivent porter de nombreux investissements climat, mettre en place des stratégies et plans d’actions, et déployer les actions d’animation des acteurs de leur territoire », soulignent les auteurs de l’étude. Celle-ci vise donc à estimer le coût de ces différentes actions climat pour les collectivités.
Ainsi, l’I4CE estime que les collectivités devraient réaliser au moins 12 milliards d’euros d’investissements chaque année jusqu’en 2030 pour atteindre les objectifs de la SNBC. Cela représente 18 % de leur budget d’investissement total actuel, a calculé l’institut. Ces besoins d’investissements climat des collectivités portent sur :
- La mobilité, qui représente plus des deux tiers (67 %) des besoins à mobiliser, en particulier pour les aménagements cyclables (3,3 milliards d’euros/an) et le financement du ferroviaire et des transports en commun (3 milliards d’euros/an) ;
- La rénovation énergétique des bâtiments publics : 2,7 milliards d’euros/an ;
- L’efficacité énergétique de l’éclairage public et les réseaux de chaleur urbain : 1,1 milliard d’euros/an).
Aujourd’hui, l’I4CE évalue à environ 5,5 milliards d’euros les investissements climat réalisés par les collectivités. En conséquence, celles-ci devraient, dès aujourd’hui et jusqu’en 2030, consentir environ 6,5 milliards d’euros d’investissements climat annuels supplémentaires ! Le besoin d’accélération des investissements s’avère particulièrement fort dans les aménagements cyclables (+ 2,3 milliards d’euros/an) et dans la rénovation énergétique des bâtiments publics (+ 1,4 milliard d’euros/an), mais aussi dans le ferroviaire et dans l’efficacité énergétique de l’éclairage public (+ 800 millions d’euros/an chacun), détaille l’étude.
L’élaboration, dans les prochains mois, de la nouvelle SNBC sera l’occasion de rediscuter les orientations prises pour atteindre la neutralité carbone à 2050, par exemple en termes de répartition de l’effort entre les différents secteurs ou d’ambition en termes de sobriété énergétique. Selon le scénario retenu, l’effort d’investissement attendu des collectivités pourrait varier. De fait, l’Ademe a préparé quatre scénarios contrastés menant à la neutralité carbone de la France en 2050, pour lesquels l’I4CE a chiffré les besoins d’investissements climat des collectivités. Au final, quels que soient les choix arrêtés, l’effort d’investissement climat des collectivités devra être important : en moyenne 10 milliards d’euros par an jusqu’en 2030. Ces besoins varieront surtout selon les objectifs fixés en termes de transport, précise l’étude : plus les objectifs en termes de report modal de la voiture vers le vélo et les transports en commun seront élevés, plus les besoins d’investissements seront conséquents.
Enfin, les besoins d’investissements croissants des collectivités devront nécessairement s’accompagner d’un renforcement de leurs moyens humains pour l’ingénierie climat et, donc, d’une augmentation de leurs dépenses de fonctionnement. Selon l’I4CE, ce sont au minimum 25 000 agents dédiés au pilotage des actions climat des collectivités qui seront requis pour atteindre les objectifs de la Stratégie nationale Bas-Carbone. Cela représente environ 1,5 milliard d’euros de masse salariale chaque année.
