Transition écologique : plus ambitieux, l’État encore loin d’être exemplaire

Publié le 29 mars 2024 à 9h00 - par

Formation des hauts fonctionnaires, plans de sobriété puis de « transformation écologique » : l’État a nettement accéléré sa mobilisation pour la transition écologique, mais le chemin reste encore long pour atteindre ses objectifs.

Transition écologique : plus ambitieux, l'État encore loin d'être exemplaire
© Par Jérôme Rommé - stock.adobe.com

Dès le début du second mandat d’Emmanuel Macron en 2022, « pour la première fois, on a associé les enjeux de transition écologique avec ceux de la fonction publique », se félicite auprès de l’AFP Clémence Boullanger, membre du réseau écologiste d’agents publics le Lierre.

Depuis le lancement à l’automne 2022 du plan de « sobriété énergétique » de l’État, destiné à réduire sa consommation d’électricité et de gaz, les initiatives se sont multipliées : formation des hauts fonctionnaires à la transition écologique, plan eau, installation de panneaux solaires, etc.

Autant de démarches éparses qu’une circulaire publiée en janvier 2024 est venue rassembler.

Dans ce plan de « transformation écologique », selon l’expression du gouvernement qui l’a détaillé jeudi 28 mars à Paris, l’État prend 15 engagements pour la transition écologique, avec des objectifs chiffrés à court (2024) et moyen terme (2027) : formations à l’écoconduite, réduction du parc immobilier de l’État, mesure de ses émissions de gaz à effet de serre…

« On se félicite qu’il y ait des objectifs précis », salue Clémence Boullanger.

« Mais il faut aussi une vision plus systémique de la réorientation des missions du service public », nuance la représentante du Lierre.

« Déployer des formations à l’écoconduite, c’est bien, réduire les subventions dommageables à l’environnement, c’est mieux », illustre-t-elle.

Un enjeu important consiste aussi à mobiliser l’ensemble des 5,7 millions d’agents publics.
La formation à la transition écologique, que 5 000 hauts fonctionnaires d’État ont suivie en intégralité depuis 2022 selon le ministère, a en effet été dispensée en premier lieu aux cadres des ministères.

« 5 000 fonctionnaires c’est bien, mais il faut accélérer » pour atteindre l’objectif de 25 000 agents formés d’ici la fin de l’année, a alerté jeudi 28 mars 2024 Cédric Ringenbach, concepteur de La Fresque du Climat, un atelier de sensibilisation au changement climatique.

Adaptation

Dans un sondage publié en février par le collectif d’agents publics Une Fonction publique pour la transition écologique (FPTE), 57,5 % des 660 répondants estimaient que leur administration ne prenait pas assez conscience des enjeux de la transition.

Contacté par l’AFP, le ministère de la Fonction publique « se donne jusqu’à l’été » pour trouver une façon efficace d’élargir la formation à un plus large public.

« On sait bien qu’il va falloir adapter un peu le format » de la formation pour sensibiliser au-delà des seuls hauts fonctionnaires. « Mais il faut qu’on n’abandonne rien de la qualité, qu’on trouve un équilibre », insiste le ministère, particulièrement attaché au maintien de formations en « présentiel ».

En matière de financement, le gouvernement assure que le « fonds de transformation écologique » de 100 millions d’euros, qui doit permettre de tenir les 15 grands engagements de l’État, n’est pas menacé par les récentes coupes budgétaires de 10 milliards. Plus de 2 milliards de dépenses publiques pour l’écologie, le développement et la mobilité durables ont en effet été sabrés par l’exécutif.

Clémence Boullanger y voit un symbole des « injonctions contradictoires » auxquelles sont confrontés les fonctionnaires. D’un côté « on va former les agents à prendre conscience de la crise écologique, mais derrière on va continuer les restrictions budgétaires », regrette-t-elle.

Le gouvernement revendique néanmoins quelques succès : l’État aurait ainsi quintuplé le nombre de bâtiments publics dont il peut suivre quotidiennement la consommation de gaz et d’électricité (25 000 en 2024 contre 5 000 en 2021).

Le nombre d’agents bénéficiaires du forfait mobilités durables (FMD), qui récompense les fonctionnaires employant des moyens de transport faiblement émetteurs de CO2 pour se rendre au travail, aurait doublé en un an pour s’établir à 200 000. « Nous visons les 500 000 agents par an en 2027 », a assuré jeudi 28 mars le Premier ministre Gabriel Attal.

Prochain chantier en vue : définir la contribution des services publics au prochain plan national d’adaptation au changement climatique, attendu dans les prochains mois.

La Cour des comptes le rappelait mi-mars dans son rapport public annuel : à l’heure actuelle, les bâtiments de l’État restent un « angle mort » de la politique d’adaptation.

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