L’association Amorce a dévoilé, le 10 mai 2023, un « Plan sobriété Eau Collectivités ». À la clé, 10 mesures à appliquer dans les collectivités pour limiter la pression sur la ressource en eau. Pour chacune d’elle, Amorce propose, en deux temps, une action immédiate et une action à moyen terme. Objectif affiché : réduire de 10 % le prélèvement de la ressource en eau sur les territoires.

L’association a pour ambition de contribuer à entamer une transition durable vers la sobriété des territoires. Son plan concerne « les usages principaux que l’on retrouve sur l’ensemble du territoire et sur lesquels les collectivités peuvent agir dès à présent pour contribuer à l’effort de sobriété nationale. » Chaque mesure est illustrée par des retours d’expériences menées par des collectivités.

Mesure 1 : suivre les prélèvements

• Action immédiate : identifier les consommateurs et prélèvements principaux du territoire et communiquer sur le suivi du niveau des ressources.
• Action à moyen terme : modéliser de la ressource et déterminer les volumes prélevables.

Mesure 2 : performance des réseaux d’eau potable

• Action immédiate : engager une campagne de recherche de fuites des réseaux.
• Action à moyen terme : mettre en place une gestion patrimoniale performante et durable.

Mesure 3 : usages domestiques

• Action immédiate : organiser une distribution de kits d’économie d’eau et l’accompagner d’une sensibilisation adaptée.
• Action à moyen terme : réaliser un suivi des fuites après compteur avec déploiement de compteurs intelligents.

Mesure 4 : bâtiments publics

Si les bâtiments et usages publics ne sont généralement pas les plus consommateurs en eau sur un territoire, réduire leurs consommations participe toutefois à l’effort collectif et à l’exigence d’exemplarité du service public, plaide Amorce.

• Action immédiate : établir un bilan des consommations des usages publics.
• Action à moyen terme : mettre en œuvre une gestion optimisée des flux (fuites, équipements, ENC).

Mesure 5 : arrosage des espaces verts

Les espaces végétalisés en zones urbaines apparaissent aujourd’hui comme un élément essentiel de lutte face au réchauffement urbain, explique l’association. En effet, parcs et autres espaces verts participent au développement des îlots de fraîcheur, tout en favorisant la perméabilité des sols et la biodiversité. En revanche, ces zones restent sensibles aux effets de la sécheresse. Apparaît alors la nécessité de mieux gérer ces espaces, notamment en les adaptant aux contextes locaux ou, dans un premier temps, à mieux gérer leur entretien, suggère Amorce.

• Action immédiate : mettre en place de dispositifs d’arrosage optimisés (Goutte à goutte / programmation).
• Action à moyen terme : choisir des variétés moins consommatrices d’eau.

Mesure 6 : recours aux eaux non conventionnelles (ENC)

Ressources de substitution, les eaux non conventionnelles permettent d’inscrire la gestion de l’eau dans une démarche d’économie circulaire et d’adaptation au changement climatique. Elles limitent ainsi les pressions sur la ressource en eau en offrant une ressource alternative, mais cela devra obligatoirement passer par la construction d’une vraie stratégie territoriale adaptée aux enjeux locaux, conseille l’association.

• Action immédiate : lancer une étude d’opportunité de réutilisation d’eaux non conventionnelles (eaux usées traitées, vidange de piscine, eaux pluviales…) sur du multiusage.
• Action à moyen terme : engager des projets de multi-usage d’ENC (arrosage, lavage voirie, lavage véhicules, hydrocurage des réseaux d’assainissement…).

Mesure 7 : tarification incitative

L’élaboration des tarifs de l’eau et de l’assainissement constitue un outil majeur pour affirmer un projet de territoire, assure Amorce. La stratégie tarifaire de la collectivité doit intégrer un enjeu environnemental en incitant à un usage modéré et responsable de la ressource en eau. À ce titre, une tarification incitative, qui a fait ses preuves dans le domaine des déchets, peut être un atout pour sensibiliser à la réduction de la consommation d’eau des particuliers.

• Action immédiate : tester les seuils d’alerte de surconsommation pour sensibiliser auprès des usagers domestiques.
• Action à moyen terme : délibérer une tarification environnementale de l’eau.

Mesure 8 : usages industriels

Les usages industriels représentent 8 % des prélèvements d’eau et 4 % de la consommation d’eau douce en France. Ces chiffres peuvent varier d’un territoire à l’autre, mais l’industrie reste un des acteurs clés à engager vers des pratiques sobres en eau, estime l’association.

• Action immédiate : réunir les entreprises pour partager les démarches déjà réalisées.
• Action à moyen terme : accompagner les acteurs dans la réduction des consommations et la REUSE (réutilisation des eaux usées traitées).

Mesure 9 : usages agricoles

Bien que l’agriculture représente seulement 9 % des prélèvements d’eau, elle est l’activité la plus consommatrice en France, avec presque 50 % du volume consommé total. Face à ce secteur très impacté par le manque d’eau, il semble essentiel de tirer des conclusions des derniers épisodes de sécheresse, afin de diriger la filière vers un usage plus raisonné de la ressource en eau et des pratiques agricoles plus durables, invite l’association Amorce.

• Action immédiate : faire un bilan partagé de la dernière sécheresse et sensibiliser sur les tendances de l’année 2023.
• Action à moyen terme : accompagner la filière agricole dans son changement de pratiques.

Mesure 10 : gestion intégrée des eaux pluviales

• Action immédiate : distribuer des cuves de récupération d’eau de pluie.
• Action à moyen terme : mener des opérations de désimperméabilisation pour favoriser la recharge de nappes.