“Ville basses températures l’été” : le plan d’action de la ville de Cuers (Var) pour faire baisser les températures en milieu urbain

Publié le 5 août 2022 à 10h50 - par

Il y a une expression consacrée sur le développement durable, c’est : « penser global, agir local ». Une ville de 12 000 habitants apporte sa modeste contribution sur le global (sur du temps long) mais peut être beaucoup plus utile pour la planète en agissant localement (sur du temps court).

« Ville basses températures l'été » : le plan d'action de la ville de Cuers (Var) pour faire baisser les températures en milieu urbain
© Ville de Cuers

En période de canicule, la chaleur est d’autant plus présente en milieu urbain, où le manque de végétation et le revêtement des sols inadapté empêchent la température de baisser. Pour remédier à cela, la ville de Cuers a initié la démarche « Ville basses températures l’été ».

Qu’y-a-t-il derrière cette démarche « Ville basses températures l’été » ? Il s’agit de changer la manière de construire, d’aménager la ville, de gérer les bâtiments et les rues pour apporter des solutions parfois de bon sens, d’autres plus techniques pour que les extérieurs et les intérieurs soient à des températures plus supportables l’été. Le projet se déploie selon deux axes.

En premier lieu, la ville a cherché à identifier tous les domaines dans lesquels elle pouvait intervenir pour ensuite chercher des solutions adaptées. Les équipes ont donc identifié quatre groupes d’actions à mener dans les prochaines années :

  • Adapter les bâtiments : cela passe par le traitement des façades qu’il faudra isoler, peindre et agrémenter de brise-soleils, le changement de revêtements des cours et l’isolation des toitures.
  • Adapter les rues : Les rues pourront être aménagées avec des brumisateurs d’extérieurs et des ombrières. Il faudra également les arboriser et changer le revêtement des trottoirs et des chaussées.
  • Adapter les aires de sports et loisirs : une fois encore, il conviendra d’installer des ombrières, d’arboriser et de changer le revêtement des sols.
  • Adapter la réglementation locale : l’adaptation de la réglementation locale passera par la modification du plan local d’urbanisme (PLU) et par la création d’une charte d’équipement urbain.

« La lutte contre le réchauffement climatique nécessite des actions immédiates mais avec des effets différés. Certaines actions auront des effets à court terme, d’autres donneront des résultats pour le moyen et long terme », selon Bernard Mouttet, Maire de Cuers qui a insufflé la démarche.

Pour Jean-Jacques Roux, DGS de la commune, on peut agir vite et marquer les esprits : c’est ce qui a été entrepris avec une rue témoin. Certains travaux sont entrepris immédiatement, d’autres doivent être prévus à moyen et long terme. « pour la voirie par exemple, il s’agit simplement de modifier les matériaux et la couleur. Pour les bâtiments, c’est plutôt l’horizon 2024-2025 » nous explique-t-il. Une modification du plan local d’urbanisme est prévue pour y inscrire des contraintes supplémentaires en matière de non artificialisation des sols, de végétalisation et d’arborisation. Et si une concertation est nécessaire, avec l’intercommunalité notamment, sur tout ce qui concerne le territoire durable et les compétences intercommunales, « beaucoup d’actions peuvent être menées dans le cadre communal » poursuit Jean-Jacques Roux.

Le calendrier obéit également aux capacités budgétaires. Les surcoûts liés aux travaux d’adaptation, inévitables, sont de l’ordre de 30 % à 40 %, mais peuvent aller jusqu’à 100 %. « Vu le volume, c’est un plan pluriannuel d’investissement. Il faut réadapter avec des priorités. Il faut modifier les PPI et les adapter, et échelonner des faisabilités à 6 mois, 1 an, 3 ans », détaille Jean-Jacques Roux.

Le deuxième axe de travail de la ville de Cuers consiste à mettre en réseau tous les acteurs concernés pour créer un partage d’expériences et de savoir-faire. La ville a souhaité mettre en place une plateforme numérique où tous ces acteurs peuvent contribuer à l’élaboration d’un schéma directeur commun. Ainsi, grâce aux différents acteurs du projet « Ville basses températures l’été », une première ébauche de schéma directeur a pu être réalisée pour faire de Cuers un territoire durable. En voici les principaux objectifs :

  • Développer le tri et le recyclage des déchets ;
  • Encourager les mobilités douces ;
  • Élaborer un plan énergies ;
  • Protéger et développer les espaces naturels ;
  • Créer une ville basse température l’été ;
  • Élaborer un plan alimentaire.

Ce deuxième volet du plan d’action est à plus longue échéance. La mise en réseau doit se faire jusqu’au subventionneur ; c’est aussi son objet : connaître et faire connaître les aides disponibles.

C’est sur quoi insiste Bernard Mouttet : « Il nous faut davantage d’aide et pas forcément financière. J’en appelle pour ma part à l’État et au Gouvernement dont la transition écologique est affichée comme étant au cœur des politiques publiques nationales pour nous accompagner dans cette démarche. Nous avons eu en France ces dernières années, et c’était justifié, 2 dispositifs majeurs l’un sur les centres-villes des villes moyennes, l’autre sur les petites villes de demain. Alors à quand un dispositif similaire pour des villes basses températures l’été ? Un dispositif grand format qui associerait les collectivités locales mais aussi tous les autres acteurs, les industriels de ces secteurs d’activité (peintures, bitumes ….), les promoteurs immobiliers, les entreprises du BTP et bien entendu les architectes pour qu’ensemble nous trouvions des solutions pour que dès aujourd’hui et encore plus demain nos villes l’été soient vivables et respirables ». Un groupe LinkedIn « ville basse température l’été » sera ainsi bientôt créé où tous ces acteurs pourront venir se connecter.

Selon Jean-Jacques Roux, « la fonction publique territoriale est un milieu où il y a un appauvrissement général car il y a peu de travail collaboratif, très peu de mise en relation, d’information sur ce qui marche et ce qui ne marche pas ». Il résume l’esprit et l’objectif de la démarche de la ville de Cuers : « groupons-nous et partageons ensemble, entre tous les acteurs, au niveau régional puis à l’échelle nationale, pour que les collectivités locales et les élus qui souhaitent faire quelque chose puissent le faire, s’inspirer et diffuser ».

Julien Prévotaux


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