Restaurer l’environnement : quand les solutions deviennent problèmes

Publié le 16 janvier 2019 à 9h45 - par

Dans un monde conjuguant changement climatique, déclin des espèces, raréfaction de l’eau, ozone en péril et pollutions diverses, les solutions apportées d’un côté peuvent devenir problèmes ailleurs, comme le montre le cas des usines de désalinisation, objet d’une nouvelle étude parue lundi 14 janvier 2019.

Restaurer l'environnement : quand les solutions deviennent problèmes

Eau douce contre pollution

Une étude publiée lundi 14 janvier 2019 montre pour la première fois que les 16 000 usines de désalinisation installées dans le monde produisent plus de rejets toxiques que d’eau. En moyenne, pour chaque litre d’eau douce générée, 1,5 litre de boue saline est rejetée, généralement dans l’océan, ou encore dans des lacs.

Ozone contre climat

En 1987, le protocole de Montréal bannit certains types d’aérosols industriels à l’origine du trou dans la couche d’ozone, qui nous protège des rayons ultraviolet du soleil. Pour remplacer ces substances, utilisées notamment pour la réfrigération, de nouveaux gaz sont mis sur le marché, les HFC. Jusqu’à ce qu’on s’aperçoive, une vingtaine d’années plus tard, qu’il s’agit de gaz à effet de serre, très nocifs pour le climat cette fois, car bien plus puissants que le CO2 ou le méthane. La communauté internationale s’est accordée en 2016 pour sortir progressivement des HFC.

Énergie verte contre extraction

Éolien, solaire… les technologies vertes fournissent une énergie décarbonée, renouvelable, favorable au climat. Mais les équipements nécessitent des petits métaux critiques, dont l’extraction requiert toujours plus d’énergie et n’est pas toujours vertueuse sur le plan environnemental.

Dans son enquête « La guerre des métaux rares », le journaliste Guillaume Pitron, qui a visité une douzaine de pays, décrit des collines en Chine « coupées en deux dans le  sens vertical », en Mongolie intérieure des « lacs toxiques » accueillant tous les effluents. « Nous voulons faire des sauts technologiques sans saut de conscience », dit le reporter, qui suggère de se tourner vers le recyclage, des métaux moins énergivores, une rationalisation de la matière.

Biocarburants contre forêts

La montée des prix du pétrole dans les années 1970 puis le péril climatique, ont encouragé la production de biocarburants, produits en partie avec du maïs ou de l’huile de palme. Une bonne idée : les moindres quantités de CO2 ainsi émises seraient même absorbées par la croissance de ces plantes.

Sauf que l’énergie nécessaire à la transformation et au transport des carburants est venue miner l’objectif. Bientôt les producteurs ont aussi commencé à faire reculer les forêts tropicales (pourtant plus efficaces que tout pour absorber le CO2), pour produire plantes et oléo-protéagineux entrant dans la composition de ces combustibles.

Éoliennes contre biodiversité

Quelque 350 000 éoliennes fournissent aujourd’hui plus de 500 gigawatts d’énergie propre, soit 4 % de la demande électrique mondiale. Mais les grandes hélices tuent aussi : jusqu’à 328 000 oiseaux, notamment les nocturnes, chaque année aux États-Unis par exemple.

Les turbines perturbent les écosystèmes. Selon une étude sur la chaîne de montagnes des Ghats occidentaux (Inde), les oiseaux prédateurs sont quatre fois moins nombreux du fait des champs d’éoliennes. Leur disparition a eu des effets en cascade, altérant densité et comportement des autres animaux.

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