Une campagne nationale mesure les résidus de pesticides dans l’air

Publié le 29 juin 2018 à 14h14 - par

Métazachlore, pyrimicarbe, chlordécone, ethoprophos… Peu connus, ces noms cachent des pesticides très nocifs pour la santé et l’environnement. Une campagne nationale de mesure menée par l’Anses, l’Ineris et Atmo France a débuté le 25 juin, afin d’évaluer l’exposition de la population, en zones urbaines ou rurales.

Une campagne nationale mesure les résidus de pesticides dans l'air

Pendant un an, les résidus de pesticides contenus dans l’air que nous respirons seront mesurés sur tout le territoire national. Soit plus de quatre-vingts substances actives, analysées sur cinquante sites de prélèvements, pour un total de 1 500 échantillons. Une campagne d’une ampleur inédite, qui poursuit deux objectifs : mieux connaître les pesticides dans l’air ambiant et évaluer l’exposition chronique de la population, difficile à estimer.

En effet, faute de réglementation, les mesures sont hétérogènes et seulement partielles. À terme, les résultats de l’étude serviront à élaborer une stratégie de surveillance des pesticides dans l’air. Trois organismes collaborent à la campagne. L’Ineris coordonne, assure l’appui technique nécessaire aux mesures et pilote l’analyse des échantillons. C’est lui qui exploitera les données, avec l’appui des différents partenaires. L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) apporte son soutien scientifique et finance la campagne. Sur le terrain, les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA), fédérées par Atmo France, réalisent les prélèvements et apportent leur expertise territoriale pour mettre en œuvre la campagne au niveau local.

Ces substances entrent dans la composition des produits phytopharmaceutiques ainsi que de certains biocides, médicaments vétérinaires et antiparasitaires à usage humain. L’Anses les a ciblées en priorité en fonction de leurs caractéristiques de danger et des critères d’utilisation, d’émission et de persistance dans l’air. Certaines d’entre elles, bien que n’étant plus utilisées, mais sont toujours présentes dans l’environnement (biopersistance).

Les points de prélèvements – un à six par région – sont répartis selon les différents types d’habitation (52 % en zones urbaines/péri-urbaines, 48  % en zones rurales) et les sites de production agricole : grandes cultures (40 %), viticulture (22%), arboriculture (22 %), maraîchage (14 %), élevage (6%). Un protocole de mesures harmonisé sur tout le territoire, financé par l’Agence française de la biodiversité (AFB) au sein du plan Écophyto, a été défini selon les recommandations de l’Anses et les validations métrologiques menées par l’Ineris. Le ministère de l’Écologie a co-financé les systèmes de prélèvement.

Les informations collectées alimenteront la base nationale des données sur la qualité de l’air GEOD’AIR. Elles contribueront à établir un premier état des lieux des niveaux de contamination de l’air ambiant, nécessaire pour les comparer avec les données recueillies lors d’études spécifiques, visant à évaluer l’exposition de populations vivant à proximité des sources d’émission de pesticides. Comme la future étude sur l’exposition aux pesticides des riverains en zones agricoles que réaliseront prochainement l’Anses et Santé publique France.

Marie Gasnier

 

La surveillance nationale des résidus de pesticides dans l’air est une priorité du plan d’action gouvernemental sur les produits phytopharmaceutiques du 25 avril dernier et du plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques (Prepa) 2017-20212. Saisie par les ministères de l’Agriculture, de l’Écologie, de la Santé et du Travail, l’Anses a émis en octobre 2017 une série de recommandations sur la conduite d’une campagne exploratoire en vue d’une telle surveillance.


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