Découverte des métiers au collège : premier bilan en demi-teinte

Publié le 14 août 2024 à 9h55 - par

La généralisation de ce dispositif contribuera à mieux garantir l’égalité des chances de tous aux différents paliers d’orientation, estime l’IGÉSR.

Découverte des métiers au collège : premier bilan en demi-teinte
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La découverte des métiers de la classe de cinquième à celle de troisième constitue « une composante essentielle du parcours Avenir qui matérialise la réalité de champs professionnels et enrichit les projets des élèves. Elle vise à combattre les déterminismes sociaux et genrés constatés dans l’orientation des élèves », assure le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse. Objectif affiché par le gouvernement : contribuer à la construction progressive du projet d’orientation des élèves. À la rentrée scolaire 2023, ce dispositif a été généralisé après une phase d’expérimentation durant l’année précédente. Cette généralisation ne requiert cependant pas sa mise en œuvre obligatoire dès la classe de cinquième.

Au début de l’été, le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a publié en ligne, en guise de premier bilan, un rapport sur « La découverte des métiers au collège », fruit d’une mission menée par l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGÉSR). Celle-ci a étudié des territoires et des établissements où des pratiques pertinentes étaient à l’œuvre pour permettre aux élèves, parfois dès la classe de sixième, d’identifier leurs aspirations, de découvrir des domaines d’activité et des professions. Les activités proposées aux élèves n’ont pas pour simple finalité de connaître tel ou tel métier, mais au contraire d’être les supports de travaux développant des compétences clés pour construire leurs parcours scolaires et leurs parcours professionnels, précise la mission.

Les activités visant à élargir la connaissance des métiers chez les élèves ont pour premier objectif de leur permettre de découvrir leurs motivations et de se familiariser avec un large éventail de domaines d’activités avant de se concentrer sur des métiers spécifiques. « Il s’agit d’une véritable formation, intégrée au parcours Avenir, qui lui donne du sens en favorisant le développement des compétences en matière d’orientation, indique l’IGÉSR. Les équipes pédagogiques mettent en place une grande diversité d’actions, rarement intégrées aux programmes disciplinaires, principalement sous forme de projets menés en dehors des heures de cours. » Toutefois, ces équipes rencontrent fréquemment des difficultés pour identifier les partenaires dans un environnement complexe où interviennent divers acteurs, comme des institutions, des professionnels, des associations et des entreprises privées.

« C’est aux régions qu’incombe la responsabilité de fournir des informations, mais, d’une part, ces entités ne sont pas habituellement les partenaires des collèges et, d’autre part, la communication sur les missions réelles des services régionaux n’est pas toujours claire, ni strictement limitée au champ défini par la loi. Des tensions territoriales peuvent alors émerger et entraver la mise en œuvre des projets du niveau académique à celui des établissements scolaires », a observé la mission. Par ailleurs, les acteurs impliqués dans l’éducation « pâtissent d’un manque crucial d’analyses factuelles quant aux répercussions véritables de leurs actions auprès des élèves », pointe l’IGÉSR. Selon l’inspection générale, cette lacune découle en partie de l’absence de mesures précises des niveaux de compétence des collégiens par les équipes pédagogiques et de leur suivi, ainsi que du déficit de recherches menées en France dans ce domaine particulier.

La mission de l’IGÉSR dresse donc un premier bilan en demi-teinte du dispositif. Ses neuf préconisations s’articulent autour de trois axes.

Poser un cadre national énonçant les principes de la découverte des métiers et de l’orientation

Via leur première préconisation, les trois inspecteurs généraux auteurs du rapport insistent sur la nécessité de « formaliser une stratégie nationale de l’orientation pour permettre de lutter plus efficacement contre les stéréotypes de genre et les déterminismes sociaux qui s’exercent sur les choix des élèves et de leur famille. » Ils recommandent également de préparer un document à destination des services de l’aide sociale à l’enfance (ASE) donnant des conseils pour les décisions d’orientation des élèves qui leur sont confiés.

Accompagner les équipes pédagogiques et organiser la mise en œuvre dans les établissements

La mission propose, notamment, d’élaborer, dans chaque collège, un programme pluriannuel qui présente l’organisation du parcours avenir du collège et indique les points concernant la découverte des métiers. Pour les auteurs du rapport, il convient d’organiser l’emploi du temps des élèves pour y faire figurer un horaire dédié clair, voire globalisé en concertation avec le conseil pédagogique. « Cet horaire doit être distinct de celui de “la vie de classe” », insistent-ils.

Rendre plus visibles et compléter les dispositifs et outils à disposition des établissements

  • Rendre plus visibles les offres de service de l’Onisep et faciliter les actions des partenaires de l’Éducation nationale.
  • Lancer un appel à projets pour soutenir les actions de découverte des métiers en direction des collèges conduites par les campus des métiers et des qualifications (CMQ) pour permettre de compléter la représentation des secteurs professionnels d’activité et/ou le maillage territorial.

« La pleine efficacité de ce dispositif, comme le montrent les nombreuses études internationales et les rares études françaises, impose de commencer ce travail tôt dans la scolarité des élèves. Cela doit également s’accompagner d’une très large adhésion des équipes éducatives qui ont encore des préjugés infondés sur les objectifs poursuivis. Il s’agit bien de permettre à tous les élèves d’avoir le plus large éventail possible de choix et ainsi d’envisager des parcours de formation ambitieux et en cohérence avec leurs aptitudes. Ce sont les élèves les plus fragiles, ceux qui subissent le plus des orientations par défaut, qui bénéficieront, plus encore que d’autres, de ces enseignements. C’est la généralisation de ce dispositif qui contribuera à mieux garantir l’égalité des chances de tous aux différents paliers d’orientation », est convaincue l’IGÉSR.


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