Éducation : « dégradation » des conditions de travail des directeurs de collèges et lycées

Publié le 6 décembre 2021 à 8h30 - par

Les conditions de travail des directeurs des collèges et lycées se sont dégradées avec la crise sanitaire, qui a cependant apporté une « liberté plus large pour innover », indique une étude publiée vendredi 3 décembre 2021.

Éducation : « dégradation » des conditions de travail des directeurs de collèges et lycées

Selon cette étude menée auprès de 4 340 personnes (33 % de l’effectif), réalisée par le chercheur Georges Fotinos et le psychiatre José Mario Horenstein pour le principal syndicat des chefs d’établissement (SNPDEN), neuf chefs d’établissements sur dix interrogés estiment que les conditions de travail se dégradent fortement. Près de huit sur dix pointent aussi une chute de la confiance envers l’Éducation nationale. Cela s’explique notamment par les différents protocoles sanitaires et leurs changements réguliers. « Le bilan est assez clair, l’impact de la crise sanitaire est net », a déclaré Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN, lors d’une conférence de presse organisée par la Casden, la banque coopérative de la fonction publique qui a financé en partie cette étude. « La crise a fortement dégradé les résultats scolaires et quasiment généralisé le décrochage scolaire (signalé par huit personnels de direction sur dix) », a expliqué Georges Fotinos. « Contrairement à certains attendus, les relations des élèves avec les enseignants, et dans une moindre mesure les personnels d’éducation, se sont détériorées. Enfin, phénomène inattendu, les violences des élèves entre eux et dans une moindre mesure envers les adultes se sont amplifiées », a-t-il poursuivi. Selon le chercheur, « la relation entre les parents et les enseignants s’est vraiment dégradée durant la crise. Peut-être qu’il y a une politique à mener par le gouvernement, une politique de relation avec les familles ? », a proposé Georges Fotinos.

Selon cette étude intitulée « Crise Covid, pressions et épuisement professionnel : les personnels de direction à la recherche d’un nouveau souffle », le Covid-19 a également eu un impact négatif sur l’articulation entre la vie privée et la vie professionnelle, selon sept proviseurs et principaux sur dix. On constate une perte d’intérêt et du sens de la mission au quotidien des chefs d’établissement. L’enquête montre par ailleurs que ces ressentiments sont loin d’être ponctuels. En dix ans, le climat scolaire s’est beaucoup assombri. Ils sont deux fois moins à le qualifier de bon ou excellent aujourd’hui, par rapport à 2010. Georges Fotinos a aussi mis en avant les points positifs. « Une liberté plus large pour innover est saluée par huit professionnels sur dix ainsi que le changement de certaines manières de travailler grâce à cette expérience collective ». « Ceci est un vrai électrochoc, il faut rebondir sur cette motivation et ouvrir les vannes, suggérer et apporter les moyens financiers et les personnels nécessaires », a souhaité le chercheur.

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