« Le succès au plan quantitatif est indéniable : l’Éducation nationale s’est organisée et transformée » pour accueillir des élèves handicapés, dont les effectifs ont triplé de 155 361 en 2006 à 436 085 en 2022, a déclaré le président de la Cour des comptes Pierre Moscovici, lors d’une conférence de presse.
Toutefois « des difficultés subsistent pour garantir des parcours scolaires qui tiennent compte des besoins médico-sociaux des élèves », relève la Cour.
Le manque de places, dans des instituts médico-sociaux notamment, conduit les établissements scolaires à « accueillir des élèves qui présentent des troubles face auxquels les intervenants éducatifs se sentent démunis », note la Cour.
Effectifs trop élevés, absence de supports pédagogiques adaptés, délais pour les obtenir : les enseignants ont du mal à adapter leur pratique à ces élèves particuliers.
La Cour relève un « recours massif » aux accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH), « au détriment des dispositifs d’accessibilité qui restent insuffisamment aboutis » (supports pédagogiques adaptés, accessibilité des bâtiments, etc).
Les AESH sont devenus le deuxième métier de l’Éducation nationale, avec 78 816 agents (en équivalents temps plein) en 2023, en hausse de 90 % depuis 2013.
AESH comme enseignants se sentent « insuffisamment outillés et préparés pour faire face à des situations qui dépassent parfois leurs compétences et leurs moyens d’action », relève la Cour.
Ils souhaitent bénéficier d’« appui et de conseils de spécialistes », de meilleures formations initiale et continue, et de formations croisées avec le médico-social.
De leur côté, les familles rencontrées « ont unanimement qualifié la scolarisation de leurs enfants de parcours du combattant », relève la juridiction financière.
De nombreux élèves handicapés « connaissent des parcours discontinus », « sources de sentiments de mal-être et d’incertitudes sur leur avenir ».
Le taux de chômage des personnes handicapées de 12 % en 2022 (contre 7 % en moyenne) montre « les limites de l’appareil de formation français à donner les même chances à tous les jeunes ».
La Cour des comptes regrette le « manque global de données » sur la politique d’inclusion scolaire, le « manque d’analyse » de son « impact » et « l’impossibilité de distinguer les parcours ou dispositifs les plus efficaces ».
Dans sa réponse, le ministère de l’Éducation nationale explique mener des « actions » pour renforcer la coopération avec le médico-social « à tous les échelons, national et local ».
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