Les villes françaises s’engagent dans des jumelages numériques avec les écoles africaines

Publié le 23 mai 2011 à 0h00 - par

Équipement en classes numériques, constitution d’un catalogue de ressources pédagogiques libres et formation des enseignants sont les trois axes du programme Sankoré pour l’éducation en Afrique. Dans ces objectifs, une opération de jumelage international est lancée vers les collectivités locales françaises. Une action de solidarité qui leur permet de faire d’une pierre deux coups : équiper en numérique à la fois leurs écoles et celles des partenaires africains.

Le professeur Albert-Claude Benhamou, délégué interministériel à l’éducation numérique en Afrique, a présenté, le 11 mai dernier au salon Solutions Linux 2011 (Cnit, Paris La Défense), la dernière version de la suite logicielle Sankoré 3.1. « Poursuivre son développement en open source est le moyen de faire de Sankoré, le Firefox des logiciels pour l’éducation numérique libre », a lancé le délégué en appelant à la participation de la communauté des logiciels libres.

La DIENA (délégation interministérielle à l’éducation numérique en Afrique) poursuit en effet le projet d’organiser un écosystème d’enseignants africains, français et plus largement internationaux, afin de créer un catalogue exhaustif des meilleures ressources numériques d’enseignement couvrant tous les champs éducatifs de l’école primaire, de l’enseignement secondaire et de la formation professionnelle.

« La condition fondamentale est que ces ressources soient accessibles gratuitement et librement, qu’elles soient modifiables et implémentables au fur et à mesure par les réseaux internationaux d’enseignants volontaires désireux d’améliorer le thésaurus initial produit par les premiers contributeurs », a expliqué le professeur Benhamou. Pour cela, le régime juridique de ces productions est celui de la licence « Creative Commons ». Cette licence propose six contrats-type pour la mise à disposition d’œuvres en ligne. Inspirés par les licences libres, les mouvements open source et open access, ces contrats facilitent l’utilisation d’œuvres (textes, photos, musique, sites web…).

Atteindre les objectifs du millénaire en matière d’éducation sur le continent africain, c’est-à-dire scolariser tous les enfants avant fin 2015, est l’engagement pris par la France le 27 mars 2008 lors du Sommet franco-britannique. Pour cela, le président de la République Française, Nicolas Sarkozy, a confié à Alain Madelin, ancien ministre, la mise en œuvre de cet engagement.

Or, la révolution de l’éducation numérique peut contribuer à relever ce défi, dès lors que les coûts d’équipements s’effondrent et que des ressources libres peuvent partout être créées et partagées gratuitement. D’où le lancement du programme Sankoré, lors de la rencontre sur la solidarité numérique au service de l’éducation, organisée en janvier 2009 à Bamako, autour des Chefs d’État du Mali et du Sénégal et de représentants gouvernementaux de nombreux pays africains.

Sankoré (du nom de l’une des plus anciennes universités au monde, créée à Tombouctou au Mali) se décline en trois actions : le partage de ressources numériques éducatives libres ; un plan d’équipement d’écoles africaines en classes numériques et la volonté de créer de nouvelles écoles et de former de nouveaux professeurs.

Le programme est soutenu par la France au travers du Groupement d’Intérêt Public pour l’Éducation Numérique en Afrique (GIPENA) et de la Délégation Interministérielle (DIENA). Il est également soutenu par des collectivités locales comme Lyon, Issy-les-Moulineaux ou Élancourt via un système de jumelage entre les écoles françaises et africaines. Ces jumelages permettent à des collectivités françaises d’offrir une ou plusieurs classes numériques aux communes africaines avec lesquelles elles sont jumelées. Une classe numérique Sankoré coûte environ 1 000 euros. Pour le double de cette somme (2 000 euros), la collectivité équipe en même temps une classe de sa ville en numérique et fait, à la fois, un acte de solidarité numérique envers une école africaine. « À l’heure où nos écoles passent à l’éducation numérique, nous avons le devoir d’en partager les bénéfices. Un effort de solidarité avec les villes et régions africaines est utile et nécessaire », témoigne Jean-Michel Fourgous, député-maire d’Elancourt et auteur du rapport « Réussir l’école numérique ».

Lors des Assises de l’Association des Maires d’Île de France (AMIF), le 6 avril dernier, Élancourt, Issy-les-Moulineaux, Malakoff, Mantes-la-Jolie et Rosny-sous-Bois ont signé un engagement pour un jumelage éducatif numérique Sankoré avec des collectivités africaines, en présence d’Alain Madelin, président du fonds mondial de solidarité numérique et d’Albert-Claude Benhamou.

Alan Kerhel


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