Parcoursup : la difficile sélection des candidats par temps de Covid

Publié le 28 mai 2021 à 14h40 - par

Alors que de nombreux lycéens ont reçu jeudi 27 mai au soir des premières réponses à leurs vœux sur Parcoursup, certains professeurs en charge de sélectionner les dossiers s’interrogent sur des très bonnes notes ou des appréciations élogieuses attribuées à de nombreux élèves de Terminale, pour probablement compenser une année chamboulée par le Covid-19.

Parcoursup : la difficile sélection des candidats par temps de Covid

Depuis la fin de journée jeudi, les 931 000 candidats qui ont fait un vœu sur la plateforme ont commencé à recevoir des réponses des formations pour lesquelles ils ont émis une candidature.

Selon la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal, interrogée dans Le Parisien dans son édition de vendredi 28 mai, « 1 530 000 propositions d’admission sont envoyées depuis ce jeudi soir aux 931 000 candidats. Soit 100 000 de plus que l’an dernier ».

Quelque 635 000 lycéens sont inscrits cette année sur la plateforme d’accès à l’Enseignement supérieur, ainsi que 182 000 étudiants en réorientation, 89 000 personnes en reprise d’études et 25 000 candidats scolarisés à l’étranger.

Mais cette année, crise du Covid-19 oblige, il est parfois très compliqué de départager les candidats qui ont été évalués majoritairement par le contrôle continu. Certains professeurs chargés d’examiner ces dossiers pointent d’excellentes notes ou encore des appréciations dithyrambiques sur lesquelles ils s’interrogent.

« On sait que dans le contexte de la crise sanitaire, les notes ont tendance à être gonflées par les établissements, pour tirer les élèves vers le haut après une année morcelée, c’est donc parfois difficile de prendre des décisions dans ce cadre-là », explique Matthieu Rigaut, professeur de physique en classe préparatoire dans un lycée à Metz, et membre du syndicat Snalc.

Il donne des exemples : « on a des élèves pour lesquels les appréciations sont très bonnes alors que les notes ne sont que moyennes ou encore des notes élevées avec des appréciations quelconques ». « On est donc très vigilants mais on avance un peu dans le flou, c’est assez frustrant », regrette-t-il.

« On essaie de faire au mieux et surtout on part du principe que l’on fait confiance aux professeurs de lycée qui font ces notations », tranche-t-il.

A contrario, un professeur de classe prépa souhaitant garder l’anonymat explique « avoir été obligé de laisser de côté un certain nombre de très bons dossiers » car il n’avait « pas confiance dans la manière dont les évaluations avaient eu lieu ».

D’autres lycées ont parfois mis en avant leur réputation et leurs « avantages ».

« Il y a eu effectivement des soucis avec certains lycées qui ont indiqué que l’élève a suivi des cours à 100 % en présentiel », note Pierre Mathiot, directeur de Sciences Po Lille.

« Pas de risque d’erreur »

Mais « la consigne est claire », selon lui, « il ne faut pas en tenir compte ».

Pour Jerôme Teillard, chef de projet Parcoursup pour le ministère, « la procédure Parcoursup est humaine, ce qui permet que ce soient des professionnels qui examinent les dossiers donc pas de risque d’erreur », assure-t-il.

Beaucoup d’enseignants en filière d’excellence se demandent si le niveau des élèves correspondra réellement à leur dossier, et s’ils seront capables de suivre correctement cette première année dans l’enseignement supérieur.

« C’est la question cruciale à nouveau cette année : des élèves de Terminale qui auraient été surnotés vont-ils pouvoir assurer leur première année d’études supérieures avec succès ? », s’interroge Matthieu Rigaut.

Il explique d’ailleurs que, pour la première fois dans son établissement, « il est prévu cette année de mettre en place un suivi précis du parcours des futurs bacheliers ».

Pour la plateforme Parcoursup, tout ne se décidera pas jeudi dans la soirée. Les réponses des formations pourront s’étaler jusqu’au 16 juillet.

Chaque matin, la plateforme est mise à jour, et le candidat peut recevoir une nouvelle proposition parmi ses vœux en attente, selon les places qui auront été libérées par d’autres.

En 2020, à l’issue de la procédure, huit bacheliers sur dix ont reçu au moins une proposition d’admission à la fin de la phase principale, et neuf sur dix à la fin de la phase complémentaire.

En termes de places dans les universités, Frédérique Vidal a affirmé que « cette année, comme les précédentes », le gouvernement « finance les établissements pour qu’ils puissent accueillir 25 000 étudiants supplémentaires dans le public » face à l’arrivée de 30 000 étudiants supplémentaires dans le supérieur.

Parcoursup a mis en service un numéro vert pour toute question : 0 800 400 070. Une messagerie est également disponible sur le site et l’application.

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