Sécurisation des établissements scolaires : l’action du gouvernement est-elle adaptée ?

Publié le 3 mars 2010 à 1h00 - par

À la suite de la mort d’un lycéen au Kremlin-Bicêtre, Luc Chatel déclarait début février que la sécurisation des établissements scolaires serait accélérée. On ne peut évidemment que prendre acte d’une telle sollicitude pour la sécurité des établissements, dans un contexte de violence qui augmente. Mais la méthode du gouvernement est-elle adaptée ?

Sécurisation des établissements scolaires : l’action du gouvernement est-elle adaptée ?

L’angle d’action, essentiellement sécuritaire, même s’il est nécessaire, ne traite pas sur le fond la question des violences à l’école, qui ne peuvent être détachées ni des violences économiques et sociales, ni d’une réflexion sur les mesures éducatives à prendre pour remédier à la violence de certains adolescents.

L’affaire du Kremlin-Bicêtre et celle de Thiais montrent malheureusement les limites d’une telle politique : les faits ont eu lieu respectivement à l’intérieur du lycée, pourtant sécurisé, et à l’intérieur d’un gymnase.

N’y a-t-il pas un décalage entre les annonces gouvernementales et les besoins des établissements ? Les préconisations des diagnostics de sécurité des EPLE indiquent des priorités : la surveillance aux abords de l’établissement (28 % des cas), l’installation de clôtures (14 %) et la mise en place de système de vidéoprotection (9 %).  Les – très médiatiques – portiques de sécurité, dont la généralisation avait été évoquée par le gouvernement sans étude préalable, ne sont recommandés que dans 2 % des diagnostics.

Imagine-t-on vraiment que les équipes mobiles puissent constituer une réponse à la violence scolaire ?  Il serait intéressant, avant de généraliser ce dispositif, de disposer d’une première mesure de son impact. Les établissements ont d’abord besoin d’un nombre plus important de personnels d’éducation et de vie scolaire. La création d’un statut d’assistant d’éducation permettrait le recrutement de personnels à même d’encadrer efficacement les élèves.

Par ailleurs, on peut redouter que la surenchère sécuritaire médiatisée qui succède à chaque évènement dramatique ne participe à la diffusion d’une représentation négative de la jeunesse, et ne soit in fine contre-productive en termes de sécurité des établissements et d’éducation citoyenne des élèves.

Le ministre déclarait le 1er février vouloir « agir concrètement (…) et par tous les moyens contre toutes les formes de violence au sein et à l’abord des établissements scolaires ». Il est à craindre qu’il n’utilise pas tous les moyens nécessaires.

La FCPE demandait dans son communiqué du 12 février que le gouvernement « cesse les mesures poudre aux yeux, uniquement mises en place pour réagir à l’actualité de façon sensationnelle », et s’indignait que « la prévention ne prévale pas sur les annonces démagogiques ». La sécurité des établissements mérite mieux qu’un traitement médiatique, émotionnel et spectaculaire.

Il faut espérer que les États généraux de la sécurité à l’école annoncés le 16 février pour le mois d’avril permettent aux partenaires, comme le dit le ministre, de « travailler avec du recul sur la question de la violence à l’école », et débouchent sur des mesures plus efficaces…


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