Hausse du chômage : les jeunes en première ligne

Publié le 29 janvier 2025 à 8h10 - par

La situation des jeunes sur le marché du travail montre des signaux inquiétants, avec une hausse du chômage au sein de cette population « fragile » qui marque un retournement : où en est-on ? Pourquoi les jeunes sont-ils en première ligne ? Est-ce que ça va durer ?

Hausse du chômage : les jeunes en première ligne
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Quelles sont les dernières données ?

Au 4e trimestre 2024, le nombre de demandeurs d’emploi sans activité (catégorie A) inscrits à France Travail a connu une forte hausse de 3,9 % par rapport au trimestre précédent en France (hors Mayotte), selon les chiffres publiés, lundi 27 janvier 2025, par le ministère du Travail.

Les jeunes ont été davantage touchés que les autres tranches d’âge : pour les moins de 25 ans, la hausse a ainsi atteint 8,5 % sur le trimestre en France métropolitaine (contre 4 % en moyenne dans l’Hexagone). Comme au global, c’est la  plus forte remontée du chômage chez les jeunes en une décennie en dehors de la crise du Covid. Sur un an, la hausse atteint 7 %.

Pourquoi les jeunes sont les premiers touchés ?

Chaque année, quelque 700 000 jeunes arrivent sur le marché du travail.

« Lorsque le chômage remonte, celui des jeunes remonte un peu plus vite en général que la moyenne », explique à l’AFP Stéphane Carcillo, économiste à l’OCDE, y voyant « la marque d’un retournement en train de s’opérer ».

« Les variations sont plus marquées pour les jeunes. Il y a plusieurs raisons à ça. D’abord parce que ce sont ceux qui sont rentrés le plus récemment sur le marché du travail, ils ont moins d’expérience et ils sont souvent sur des contrats plus précaires » qui peuvent se terminer plus facilement, indique l’économiste.

Au vu du contexte, « les entreprises se recroquevillent un peu sur elles-mêmes » et n’ont « pas envie d’embaucher à tire-larigot, donc ceux qui arrivent sur le marché sont les plus pénalisés », dit aussi Philippe Waechter, économiste chez Ostrum Asset Management.

Nathalie Chusseau, économiste à l’université de Lille, abonde sur le fait que les jeunes sont une population « fragile » sur le marché du travail quand « la conjoncture va mal », avec notamment des jeunes peu qualifiés souvent en intérim sur lesquels « ça tombe ».

« De manière générale, la hausse du chômage était attendue. Elle correspond à ce qu’on décrit de la situation d’incertitude à la fois budgétaire et de ralentissement économique » et « quand on a un ralentissement de cette nature, ça touche d’abord les jeunes », confirme aussi l’économiste Bruno Coquet, président d’Uno – études & conseil.

Est-ce que ce retournement va durer ?

« Jusqu’à présent, le marché du travail a bien résisté au ralentissement de la croissance économique, mieux que ce qu’escomptaient la plupart des prévisions », note Stéphane Carcillo. Mais « l’incertitude qui porte sur la situation budgétaire, des impôts » pour les ménages et les entreprises, le fait que « beaucoup de projets aient été mis en pause en fin d’année dernière, commencent vraiment à affecter le marché du travail », dit-il, avec des tensions de recrutement qui se réduisent. « Le coup de frein qu’on attendait » se matérialise, ajoute l’économiste, prédisant une année 2025 qui « ne va pas être très bonne sur le front de l’emploi, du chômage ».

Cela va durer « tant qu’on n’a pas de règles claires via le budget », prédit Philippe Waechter. « Les entreprises vont rester extrêmement prudentes » et dans un environnement où « les faillites d’entreprises augmentent » et « où la dynamique conjoncturelle n’est pas très forte », la situation sur le marché du travail se dégrade ». « Tant qu’on n’aura pas d’inversion sur ces deux indicateurs, on ne peut pas faire l’hypothèse que le marché du travail va changer d’allure », dit-il.

Le coup de frein annoncé sur les aides à l’apprentissage n’a a priori pas encore eu d’effet (fin octobre 2024, 1 028 700 personnes étaient en contrat d’apprentissage, + 1,8 % sur un an d’après les chiffres du ministère du Travail), mais selon les économistes, « vu la façon dont ça a joué positivement sur la dynamique de l’emploi, ça aura forcément une incidence », prédit M. Waechter.

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