Salaires, emploi : des programmes sociaux aux antipodes pour les législatives

Publié le 18 juin 2024 à 8h20 - par

Alors que le pouvoir d’achat reste une des principales préoccupations des Français, les solutions proposées par le Rassemblement national, le Nouveau Front populaire et le camp présidentiel divergent sur la façon d’augmenter les salaires et l’emploi.

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Trois visions pour les salaires

Le Nouveau Front populaire propose d’augmenter le SMIC d’environ 1 400 euros nets aujourd’hui à 1 600 euros nets. Il propose aussi d’indexer les salaires sur l’inflation.

Le camp présidentiel veut porter à 10 000 euros (contre 6 000 maximum actuellement) le montant de la « prime Macron » exonérée de cotisations sociales que les employeurs peuvent verser à leurs salariés, « sans charge, ni impôt », a annoncé le Premier ministre Gabriel Attal.

Le RN, qui entretient le flou sur son programme, entend exonérer de cotisations patronales les entreprises qui augmenteraient les salaires de 10 %, pour des rémunérations allant jusqu’à trois fois le SMIC.

« Un diagnostic partagé »

L’économiste de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) Mathieu Plane constate que les trois blocs ont « un diagnostic partagé sur le besoin de revaloriser le pouvoir d’achat des salariés » alors que les salaires ont évolué moins vite que l’inflation. Mais « pas les même pistes ».

L’alliance de gauche propose « un vrai choc », avec « un soutien fort au pouvoir d’achat des salariés », mais avec un risque pour la compétitivité et en termes d’inflation.

Les propositions des deux autres camps sont « plus cosmétiques ». Le camp présidentiel propose « une réponse assez rapide » avec la « prime Macron », mais avec « des inégalités assez fortes » en fonction des entreprises, « des risques de substitution primes/salaires » ou encore des « effets d’aubaine ».

Côté RN, « la question qui se pose, c’est est-ce que c’est faisable ? », leur système étant « hyper compliqué ». Cela pose aussi la question du financement de ces exonérations, alors que, pour la gauche, « ce sont les entreprises qui doivent absorber le choc ».

Le coût des mesures

Pour Olivier Redoulès, économiste de l’institut d’inspiration libérale Rexecode, il faut voir si les mesures prônées par le RN et Renaissance « sont pérennes ou temporaires », car « ça peut faire une grosse différence » pour les finances publiques et sur le comportement des acteurs économiques.

Si comme le propose le RN, l’exonération « ne s’applique qu’à partir de 10 % de hausse, alors vous n’augmentez les salaires qu’une année sur trois ou quatre pour être complètement exonéré ».

Côté majorité, la « prime Macron » n’a « pas touché tout le monde », rappelle-t-il. Son montant moyen était de 885 euros en 2023 et si elle devait se substituer à des hausses de salaires, cela poserait « un problème de financement de la Sécurité sociale ».

La hausse du SMIC voulue par la gauche pourrait, elle, se traduire « pour partie par de l’inflation, si les entreprises peuvent en répercuter le coût, et pour partie par de l’emploi en moins », lorsqu’elles ne le peuvent pas, d’après M. Redoulès.

L’indexation des salaires risque « d’accroître les pressions sur les trésoreries des entreprises » et d’engendrer des pertes d’emplois, selon lui.

La question de l’emploi

« La question de l’emploi n’est plus une préoccupation de tête des gondoles des programmes », observe Mathieu Plane, le débat se concentrant sur la réforme controversée de l’assurance chômage.

Le Nouveau Front populaire est « plutôt sur une forme de soutien public », avec des emplois aidés et la proposition de « lancer le rattrapage des postes manquants de fonctionnaires » à l’hôpital ou l’école, dit-il.

Le camp présidentiel est sur l’idée que ce sont « les réformes structurelles qui conduiront au plein emploi ». Dont la réforme de l’assurance chômage que la macronie « assume », avec une entrée en vigueur attendue pour décembre. Elle comprend notamment une durée d’indemnisation réduite de 18 à 15 mois, et la nécessité d’avoir travaillé huit mois sur les 20 derniers mois pour être indemnisé (contre six au cours des 24 derniers mois actuellement).

Le Nouveau Front populaire entend l’« abroger immédiatement ». « C’est une mesure absolument cruelle », a souligné lundi 17 juin 2024 sur BFMTV Éric Coquerel (LFI), rappelant que « l’Unédic est en excédent financier ».

Le RN entend aussi la supprimer. Mais certains de ses cadres tiennent un discours à double entrée sur les chômeurs : « Il y a des gens qui pourraient occuper un emploi qui ne le font pas. On pourrait si on le voulait lutter contre ces personnes », a jugé lundi 17 le député sortant Jean-Philippe Tanguy, ajoutant que « sanctionner tous les honnêtes gens (…), c’est vraiment se faire des voix sur le dos des chômeurs ».

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