L’insertion passe aussi par le travail indépendant

Publié le 31 juillet 2019 à 8h00 - par

L’État vient de signer la première convention d’insertion par le travail indépendant avec « Lulu dans ma rue ».

L'insertion passe aussi par le travail indépendant

Les entreprises d’insertion par le travail indépendant (EITI) sont le fruit de la loi du 5 septembre 2018 relative à la liberté de choisir son avenir professionnel. En effet, son article 83 a pour objet d’élargir, de façon expérimentale, l’insertion par l’activité économique (IAE) au travail indépendant. L’État peut ainsi expérimenter, pendant une durée de 3 ans, une nouvelle forme innovante d’IAE. « Ce nouveau dispositif permet de créer une dynamique durable d’insertion professionnelle via une activité d’entrepreneur individuel pour des personnes éloignées de l’emploi », explique le ministère du Travail.

Un rapport d’évaluation sera remis au Parlement au plus tard 6 mois avant le terme de l’expérimentation. Cette évaluation dressera, notamment, le bilan de l’insertion professionnelle des bénéficiaires de l’expérimentation, de ses effets sur l’ouverture de l’insertion par l’activité économique au travail indépendant et de son efficience. Une analyse coût/bénéfice permettra également d’apprécier la pertinence de généraliser le dispositif.

« Lulu dans ma rue » s’inscrit dans ce nouveau modèle d’insertion par l’activité économique. Cette structure a ainsi signé avec l’État, le 15 juillet 2019, la première convention établie sur le territoire national pour devenir une entreprise d’insertion par le travail indépendant (EITI). Créée en 2015 par Charles-Édouard Vincent, fondateur d’Emmaüs Défi, sur le modèle d’une conciergerie de quartier solidaire, « Lulu dans ma rue » met en relation des travailleurs indépendants – baptisés les Lulus – ayant des compétences particulières avec les habitants d’un quartier en quête de services dans leur quotidien (bricolage, courses, aide informatique, ménage, cours, déménagement…). Les Lulus sont référencés sur une plate-forme et sont mis en relation avec des particuliers grâce à leurs concierges de quartiers. Les services sont accessibles par téléphone, sur internet ou grâce à un réseau physique de sept kiosques à Paris et un à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine). « Lulu dans ma rue » se fixe un double objectif : créer de l’activité économique à l’échelle locale et redynamiser la vie de quartier.

Les services de « Lulu dans ma rue » sont facturés entre 10 et 40 euros de l’heure (une commission de 20 % est prélevée par la conciergerie de quartier pour gérer le service). Cette structure permet de générer un revenu complémentaire conséquent pour des publics fragiles. En 2019, 58 % des Lulus gagnent entre 400 et 900 euros par mois et 32 % entre 900 et 1 500 euros. « Lulu dans ma rue » compte actuellement 35 000 clients et 730 Lulus. « Nul n’est inemployable. C’est ce que prouve le succès de « Lulu dans ma rue », qui, grâce au soutien de l’État, permettra à bientôt 4 000 personnes d’avoir une activité professionnelle en répondant aux besoins du quotidien, se réjouit la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Cette expérimentation s’inscrit dans le cadre de la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté conduite par le gouvernement et concourt à l’objectif de 230 000 de salariés dans les structures d’insertion par l’activité économique d’ici à 2022 ».