Les statisticiens du ministère compilent quantité de critères pour établir des indicateurs de valeur ajouté des lycées (IVAL), qui donnent pour chaque établissement le taux de succès au baccalauréat en fonction du profil des élèves, et son aptitude à accompagner les jeunes jusqu’au diplôme. Ces IVAL évaluent l’action propre de chaque établissement, en éliminant les facteurs de réussite extérieurs au lycée, explique Fabienne Rosenwald, directrice de la Direction de l’évaluation, la prospective et la performance (Depp), rattachée au ministère.
Parmi ces facteurs de réussite extérieurs figurent l’origine sociale des élèves (un poids déterminant, particulièrement en France, sur le destin scolaire d’un enfant), le niveau scolaire à l’arrivée en seconde (calculé à partir des notes obtenues au brevet, en fin de troisième), les filières proposées etc. Autre critère, s’agit-il d’un lycée « accompagnateur », gardant un maximum d’élèves jusqu’au bout et luttant ainsi contre le décrochage, quitte à ce que le jeune redouble ?
Les IVAL 2016 ont passé à la moulinette la quasi-totalité des plus de 4 000 lycées publics ou privés sous contrat du pays, professionnels, généraux et technologiques. Ils sont publiés depuis mercredi sur le site www.education.gouv.fr/indicateurs-resultats-lycees.
Ces indicateurs « ne sont pas un verdict » mais des outils, souligne la directrice de la Depp.
Pas de recette miracle
Et justement, à quoi servent-ils ? Les recteurs et les chefs d’établissement les utilisent « à titre de bonne pratique » (pour ceux qui affichent une valeur ajoutée élevée), ou comme incitation à « aller voir ce qui se passe » (pour ceux dotés d’une valeur ajoutée très négative), répond-elle.
Y a-t-il des facteurs déterminants dans la réussite d’un lycée ? Un rapport des inspections générales, publié fin 2015, a enquêté auprès de 71 établissements pour répondre à cette question.
Conclusion de l’étude : il n’existe pas de recette miracle, « mais une conjonction de facteurs qui se renforcent mutuellement ». Avec pour fil conducteur « l’attention portée aux enfants et la cohésion de l’équipe d’adultes ». Quelques caractéristiques se dégagent : l’existence d’un projet pédagogique qui n’a rien de théorique mais que l’équipe « s’est approprié », le recours à une variété d’accompagnements des élèves, la régularité du travail donné aux lycéens et un degré d’exigence affirmé, la qualité de la vie scolaire (tout ce qui concerne les élèves au sein de l’école en dehors des cours)…
La cohésion des équipes et « l’effet direction » (qui désigne l’impulsion donnée par la direction) sont souvent présents au sein des établissements à valeur ajoutée positive, alors que leur faiblesse caractérise les lycées les moins bien notés.
Plus que le volume global des moyens, c’est leur utilisation qui fait la différence. Nombre des lycées à forte valeur ajoutée savent faire des choix, tels que donner une forte priorité à la classe de seconde ou limiter les dédoublements (travaux en demi-groupes) pour renforcer l’accompagnement personnalisé. Ce dernier dispositif constitue une ligne de partage assez nette entre les lycées aux valeurs ajoutées positives et ceux aux valeurs négatives.
L’absence de recette miracle est « un constat plutôt satisfaisant », selon les auteurs de l’étude. Car il « rappelle la diversité » des projets éducatifs, « élaborés en réponse à des situations variées et mis en œuvre par des équipes aux profils et compétences multiples ».
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