Des programmes scolaires amendés pour prendre en compte les critiques

Publié le 18 septembre 2015 à 14h10 - par

Dictée, lecture et calcul mental quotidien au primaire, mention explicite des Lumières en histoire, fin du jargon : la version quasi définitive des nouveaux programmes scolaires du CP à la troisième tente de répondre aux critiques générées par la première mouture et d’en prévenir d’autres.

Réforme des programmes

La priorité à la maîtrise des langages se traduira dès la rentrée 2016 par un entraînement quotidien à la dictée, au calcul mental et la lecture à haute voix à l’école élémentaire, a annoncé vendredi la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem.

L’accent mis sur les fondamentaux semble destiné à couper court à de nouvelles critiques de la droite, dont les ténors insistent régulièrement sur l’importance du « lire, écrire, compter ».

« C’est la première fois dans l’histoire que l’on révise ensemble les programmes de la scolarité obligatoire », soit « neuf années revues de fond en comble » pour « mieux organiser la progressivité des apprentissages, rendre ces programmes plus cohérents » et « surtout veiller à ce que ces apprentissages soient maîtrisés par les élèves », a souligné la ministre lors d’une conférence de presse. Il faut que les apprentissages arrivent « dans un certain ordre, à un certain rythme », afin que les élèves « impriment », a-t-elle dit. En maths, la division est ainsi reportée au CM1 au lieu du CE2, « quand  les enfants sont en mesure de la comprendre ».

Les programmes précédents étaient considérés « trop lourds par les enseignants », qui devaient « courir sans avoir le temps de vérifier si les élèves avaient vraiment compris ». C’est pourquoi la loi sur l’école de 2013 de Vincent Peillon, alors ministre, avait prévu leur réécriture sous l’égide d’une nouvelle instance, le Conseil supérieur des programmes (CSP), composé d’experts, enseignants et parlementaires de gauche comme de droite.

Les nouveaux programmes ne seront plus annuels, mais sur des cycles de trois ans (CP-CE2, CM1-6e, 5e-3e). « Les apprentissages fondamentaux ne sont plus faits dans l’urgence », a plaidé le président du CSP Michel Lussault. Quand un élève n’a pas fini une acquisition en CP, on peut y remédier en CE1 ou CE2. « Nous ne voulons pas d’élèves qui se contentent de répéter, d’utiliser des recettes sans comprendre », a-t-il souligné.

Judaïsme, christianisme et islam

« Lisez ces programmes », a demandé M. Lussault, « je vous fais le pari qu’ils vont résister aux petites polémiques ».

Le premier projet du CSP avait déclenché au printemps une levée de boucliers chez une partie des politiques, intellectuels et historiens. Vendredi, la ministre a félicité M. Lussault pour son « flegme » et son « aptitude à survivre en apnée ».

D’aucuns avaient dénoncé un enseignement de l’histoire « culpabilisant » et sans chronologie, des thèmes au choix de l’enseignant, une novlangue incompréhensible par les parents… Ce débat s’était télescopé avec les critiques adressées à une autre réforme, celle du collège, prévue également pour la rentrée 2016.

Certains avaient dénoncé, à tort, un remplacement de la chrétienté par l’islam dans la première mouture. Les élèves étudieront toujours la naissance et l’expansion de l’islam en cinquième, après avoir découvert le judaïsme et la naissance du christianisme en sixième. Il y aura une mise en perspective avec les empires byzantin et carolingien. « Toutes les grandes périodes de l’histoire de France seront étudiées », mais « nous laissons la possibilité aux enseignants de choisir leurs exemples », a résumé Najat Vallaud-Belkacem.

En éducation physique et sportive comme ailleurs, le vocabulaire jargonnant a été proscrit : exit le très raillé « milieu aquatique profond standardisé », remplacé non pas par « piscine », mais par « bassin en eau profonde ».

En français, le CSP a refusé en revanche d’introduire des listes d’œuvres littéraires, demandées par des enseignants, mais a « renforcé les liens entre les thèmes, les genres et les périodes littéraires ». Par exemple, le thème de l’amour en quatrième doit être abordé avec des poésies allant de l’Antiquité au 19e siècle, une pièce de théâtre du 17e

Après un nouvel examen des textes en octobre par la communauté éducative, ce sera à la ministre de les valider définitivement.

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