« Sortir » les élèves radicalisés de l’école « soulève des questions », selon les syndicats d’enseignants

Publié le 24 octobre 2023 à 8h25 - par

« Sortir » les élèves radicalisés des établissements scolaires « soulève plus de questions que ça n’apporte de réponses », ont fait valoir vendredi 20 octobre 2023 des syndicats d’enseignants, qui réagissaient auprès de l’AFP aux propos de Gabriel Attal annonçant qu’i travaillait « à des mesures » après l’assassinat d’un enseignant à Arras.

"Sortir" les élèves radicalisés de l'école "soulève des questions", selon les syndicats d'enseignants
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« Cette question-là en ouvre plein d’autres : qu’est-ce que c’est qu’un élève radicalisé ? (…) Le ministre a dit qu’il fallait les sortir, mais pour aller où ? Pendant combien de temps ? Est-ce que c’est dans une structure éducation, une structure justice ? Comment on fait quand ils reviennent ? », s’est interrogée auprès de l’AFP Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges, lycées).

Pour Élisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du SE Unsa aussi, « ça soulève plus de questions que ça n’apporte de réponses ». « Aujourd’hui, le Code de l’éducation ne permet pas d’exclure sur le motif de radicalisation », souligne-t-elle d’abord, se demandant si les mettre « encore plus à l’écart » ne pourrait pas aussi entraîner « une sur-radicalisation ».

« Ça pose aussi la question des profils », indique-t-elle aussi. « Est-ce que c’est les élèves fichés S ? (…) Est-ce qu’il parle des élèves qui manifestent un désaccord ou qui portent atteinte aux valeurs de laïcité de la République ? »

« Quelles sont exactement les structures dans lesquelles on aurait des personnels qui soient des travailleurs socio-éducatifs avec les moyens, les compétences, le temps pour déconstruire des représentations, un univers mental et des emprises dans lesquelles peuvent être ces jeunes ? », se questionne également Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT.

« Est-ce qu’on dit qu’on renonce au principe d’éducabilité de tous ? », se demande-t-elle. « Ce serait quand même une pente très problématique. »

Gabriel Attal a annoncé jeudi 19 octobre 2023, une semaine après l’attentat d’Arras, « travailler à des mesures », avec ses collègues de la Justice et de l’Intérieur, qui permettraient de « sortir » ces élèves des établissements scolaires.

« On doit penser à des structures spécialisées qui peuvent les accueillir », a-t-il dit.

Dans l’entourage du ministre, on précise qu’il pourrait notamment s’appuyer sur un décret publié cet été, qui prévoit qu’un élève responsable de harcèlement scolaire puisse désormais être transféré dans une autre école.

Ce décret mentionne aussi qu’« en cas d’atteinte aux principes de la République, notamment au principe de laïcité, le directeur académique des services de l’Éducation nationale ou son représentant peut également, à la demande du chef d’établissement motivée par le souci de garantir la sérénité de la procédure et en lieu et place de celui-ci, engager la procédure disciplinaire ».

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