Attaque au couteau à Arras : trois ans après Samuel Paty, les enseignants « sous le choc »

Publié le 13 octobre 2023 à 13h45 - par

« Effroi », « déflagration », « épouvantable » : les enseignants contactés par l’AFP se sont dits « sous le choc » après le meurtre d’un des leurs vendredi matin dans un lycée à Arras (Pas-de-Calais) près de trois ans, jour pour jour, après l’assassinat de Samuel Paty.

Attaque au couteau à Arras : les enseignants "sous le choc"
© Par Florence Piot - stock.adobe.com

« On est sous le choc. À quelques jours de l’anniversaire de la mort de Samuel Paty, on est bouleversés. L’école est une fois de plus une cible, car elle incarne les valeurs de la République, liberté égalité, fraternité », a témoigné auprès de l’AFP Agnès Andersen, secrétaire générale du syndicat de chefs d’établissement ID-FO.

Pour un enseignant de l’académie de Reims, qui souhaite garder l’anonymat, « c’est une déflagration supplémentaire à trois jours de l’anniversaire de l’assassinat de Samuel Paty, c’est le réveil de mauvais souvenirs, c’est dur », a-t-il expliqué.

Cette attaque intervient près de trois ans jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty le 16 octobre 2020, près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) par un réfugié russe d’origine tchétchène, qui lui reprochait d’avoir montré en classe, lors d’un cours sur la liberté d’expression, des caricatures de Mahomet à ses élèves.

La mort de l’enseignant d’histoire-géographie de 47 ans, poignardé puis décapité, avait suscité une émotion considérable.

« On est replongé dans quelque chose qu’on ne pensait pas concevable », a ajouté l’enseignant de Reims. « Étant donné le contexte de guerre au Moyen-Orient, on se pose forcément des tas de questions sur le lien possible ».

Pour une professeure d’histoire-géographie, qui souhaite également restée anonyme, « ce qui vient à nouveau de se passer au sein d’un établissement scolaire est épouvantable ». « On espérait tous que ça ne se reproduise plus jamais », a-t-elle dit, très émue.

Pour Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du second degré, c’est l’« effroi et la sidération ». C’est un professeur qui a été assassiné sur son lieu de travail. On ressent beaucoup d’émotion aussi face à cette terreur ».

« On se dit que trois ans après l’assassinat de Samuel Paty, il y a encore des professeurs qui se font tuer sur leur lieu de  travail, parce qu’ils font leur métier. C’est juste inacceptable, et il va vraiment falloir que tout le pays se mobilise pour protéger son école, parce que l’école est une cible visiblement. Il va vraiment falloir une réaction à la hauteur », a-t-elle imploré.

« On ressent de nouveau beaucoup de douleur, de choc de voir un professeur qui perd la vie sur son lieu d’exercice. Le travail est pas censé tuer, et dans cette situation dramatique là de nouveau », a déclaré à l’AFP Élisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du SE Unsa.

De son côté, Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT s’est dit sur X (ex-Twitter) « effondrée, sous le choc en apprenant l’attaque terroriste au lycée d’Arras, le décès d’un collègue, et en sachant des personnes blessées. Mes pensées aux proches de notre collègue, à toute la communauté éducative. Merci aux forces de l’ordre pour leur intervention C’est très dur ».

Le chef de l’État Emmanuel Macron doit se rendre sur place, tandis qu’Élisabeth Borne a elle annulé un déplacement à Orléans pour revenir à Paris. L’Assemblée nationale a suspendu ses travaux en solidarité avec les victimes.

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