Réfléchir aux nouveaux enjeux du champ de l’éducation

Publié le 14 octobre 2015 à 13h28 - par

Dans le cadre des 25 ans de l’ANDEV, WEKA donne la parole à Pascal Bavoux qui évoque sa rencontre avec l’association et le chemin parcouru.

Rythmes scolaires : difficile de recruter des animateurs, selon les villes moyennes

Pascal Bavoux

Avant de connaître l’ANDEV, j’ai connu Francis, Patrick, Claudine, Jean Pierre, Jean Marc, Philippe, Yves, Marie- Christine…, des professionnels animés par une volonté de réfléchir aux nouveaux enjeux du champ de l’éducation et à la nécessaire adaptation du métier de directeur d’un service, jusqu’alors majoritairement nommé « affaires scolaires ». En effet, le contexte du début des années quatre-vingt-dix était celui de services plutôt centrés sur la gestion et très peu sur la mission. Nous avons réalisé en 1994, une enquête auprès des directeurs des services des villes de plus de 20 000 habitants : 261 ont répondu, soit près de 70 % de taux de réponse. À cette époque, pour les communes, l’appellation du service est « scolaire » ou « enseignement ». Il y a une grande diversité de situations pour les objectifs des services qui ne s’explique pas par la taille de la commune. Les priorités des services sont la gestion des locaux et des fournitures, et l’aide à l’action pédagogique. La construction d’un projet éducatif de territoire n’est pas évoquée.

Revenons à l’ANDEV. J’en ai entendu parler avant sa naissance puisqu’en 1992 nous avons réalisé un travail pour la Délégation Interministérielle à la Ville et le Centre Nationale de la Fonction Publique Territoriale afin de préfigurer une formation à destination des directeurs des services « scolaires », « enseignement » des villes. Nous avions alors identifié quelques enjeux :
« L’enjeu fondamental pour les services scolaires est bien celui « du passage d’une logique de gestion à celle de définition et d’animation d’une véritable stratégie éducative locale ». DIV-CNFPT novembre 1992 (p.20)
« Les responsabilités et les missions des services municipaux ont tendance à s’élargir, ce qui implique que les services soient en mesure d’assumer complètement ces nouvelles tâches ». (p. 23)

Nous avions aussi ciblé des objectifs à moyen et long terme :

  • « Faciliter la diffusion large des acquis de la formation vers d’autres responsables des services enseignements des villes par la mise en réseau accrue des responsables »
  • « Produire un véritable changement dans la conduite des politiques municipales en matière éducative »
  • « Arriver à une approche globale de l’enfant et à un service scolaire qui soit l’animateur de la politique éducative ». (p. 37)

Nous avions eu quelques échos d’un petit groupe de directeurs qui s’étaient réunis lors des rencontres Scola à Rennes. Nous avions pris contact avec eux pour qu’ils puissent lire et critiquer notre analyse.

En 1993, nous proposons alors une formation portée par le CNFPT et la DIV. Elle a lieu du 24 au 27 mai et du 11 au 14 octobre 1993. Une quinzaine de directrices et directeurs des services « scolaires », « enseignement » participent à cette formation expérimentale.

Nous formulons au CNFPT deux demandes : priorité pour le choix des candidats aux membres du petit groupe qui s’était constitué à Rennes et ensuite une préférence est donnée aux grandes villes connaissant des problématiques de mêmes échelles. Ainsi Francis et Patrick bien sûr, Claudine, Marie Christine, Yves… et bien d’autres se retrouvent pour cette formation expérimentale. Deux fois quatre jours ensemble pour la formation et les soirées ont permis de trouver le temps d’échanger, de débattre sur l’idée de créer une association des directeurs éducation des villes.

C’était un groupe très dynamique avec des débats, des rires, des blagues, des positionnements sur l’éducation bien différents, mais tous avec la certitude que les services « affaires scolaires », « enseignements » devaient changer. J’ai en mémoire cette directrice nouvellement nommée qui nous expliqua que son prédécesseur était « comptable ». Nous avions là résumé l’enjeu que devaient relever la formation et les acteurs qui allaient faire grandir l’ANDEV.

C’est le début d’une belle aventure dans laquelle nous avons toujours cherché à tenir une posture que l’on gère avec différentes organisations : être dans l’intime tout en étant distant. C’est ainsi que l’on a pu réaliser l’enquête de 1994 avec Francis et le bureau de l’ANDEV. Nous avons, chaque fois que cela était possible, confronté nos travaux de recherche ou d’études avec les membres de l’association soit lors de rencontres informelles, soit lors des séminaires ou des congrès. Nous avons ainsi cheminé en questionnant l’ANDEV et en étant nous-mêmes questionnés, des interactions fructueuses avec beaucoup de chaleur humaine : un vrai plaisir que de se remémorer ce parcours réalisé.

Pascal Bavoux


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