Personnes âgées : Les défis de l’accompagnement du grand âge : une comparaison internationale

Publié le 11 juillet 2011 à 0h00 - par

Débat sur la dépendance, développement de l’aide à domicile : pendant l’été, Weka vous propose de se pencher sur la place des personnes âgées au sein de notre société. Aujourd’hui, comparaison entre le système français et ses équivalents étrangers.

Vincent Chriqui, directeur du Centre d’analyse stratégique a rendu public, ce 28 juin, un rapport au Premier ministre sur la prise en charge de la perte d’autonomie. Ce document compare le système français à six autres pays d’Europe, aux Etats-Unis et au Japon.

Alors que le Président de la République devrait prochainement annoncer la réforme du système de prise en charge de la dépendance en France, comment les personnes âgées ayant des pertes d’autonomie sont-elles accompagnées dans les autres pays ?
Le récent rapport du Centre d’analyse stratégique propose une analyse comparée des systèmes de prise en charge dans six pays de l’Union européenne (Allemagne, Danemark, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède), ainsi qu’aux États-Unis et au Japon.
L’objectif est ainsi de restituer le débat national sur la dépendance dans un contexte international, de nombreux pays ayant déjà amorcé des réformes ou étant sur le point de le faire.
Premier constat : partout, on vit désormais de plus en plus vieux et, si le risque individuel de devenir un jour dépendant reste relativement faible, le risque financier associé est très important et le problème de la perte d’autonomie se posera de façon plus aiguë dans les années à venir du fait des générations plus nombreuses qui arrivent au grand âge.

Deux défis majeurs pèsent en conséquence sur l’ensemble des pays, et donc sur les pouvoirs publics.
Le premier est financier : comment concilier l’objectif de maîtrise des dépenses publiques avec les exigences de protection auxquelles aspirent les personnes âgées ? Le poids de l’effort consacré à la dépendance est assez comparable dans les pays de l’OCDE, où il représente en moyenne 1,2 % du PIB. En France, ce sont ainsi environ 23 milliards d’euros qui ont été dépensés en 2010, en majeure partie par l’État et l’assurance-maladie mais également par les collectivités territoriales (communes, intercommunalités et départements, essentiellement).
Le second défi est organisationnel : comment permettre une meilleure couverture des besoins de soins des personnes âgées dépendantes, en leur assurant une prise en charge de qualité, selon leurs souhaits soit à domicile, soit dans une structure adaptée, notamment par un soutien aux différents intervenants (professionnels ou aidants familiaux) ?

Sur ce point, plusieurs tendances apparaissent dans les différents pays. Les prestations deviennent progressivement universelles, mais ciblées sur les personnes ayant les besoins les plus élevés. La priorité est donnée au maintien à domicile, par le biais de politiques de structuration de l’offre de services à domicile, d’adaptation des logements, de diversification des lieux de vie et de soutien aux aidants familiaux.

Tandis que l’établissement médicalisé de long séjour fait figure de solution de dernier recours et que le maintien à domicile est la priorité dans l’ensemble des pays étudiés, les disparités entre pays apparaissent cependant très nettement selon que la question du lieu de vie est plus ou moins intégrée à une politique globale de maintien à domicile. Des mesures spécifiques d’aides à l’adaptation des logements individuels ont été adoptées dans la plupart des pays. De plus, on observe une forte diversification des lieux de vie intermédiaires entre le domicile stricto sensu et l’établissement médicalisé : habitats en communauté afin de conserver une vie sociale (Pays-Bas, Royaume-Uni, Allemagne), formes de logements individuels connectés à
des offres de services pour des personnes ayant déjà des pertes d’autonomie importantes (Danemark), etc.

Les formes de prise en charge médicalisées se sont elles aussi diversifiées, s’orientant vers des prises en charge temporaires pour des publics ayant un niveau faible ou moyen de dépendance (structures dites de “court séjour”, hospitalisation à domicile, etc.). Dans certains pays s’observe une certaine spécialisation des structures d’accueil par public (notamment pour les personnes atteintes de formes de démence). Souvent, le manque de places dans les structures adéquates conduit à des situations difficiles (prise en charge inadéquate eu égard au degré de dépendance des personnes).

Depuis une dizaine d’années, des politiques de la qualité tendent cependant à se structurer : elles concernent pour l’instant essentiellement la prise en charge en établissement. Dans
les pays les plus avancés, l’usager et sa famille sont de plus en plus associés à ces démarches. C’est dans le cadre de ces réflexions que l’intervention des aidants familiaux doit être envisagée, en complémentarité avec celle des intervenants professionnels.
« La coordination des acteurs reste un enjeu majeur des politiques publiques de prise en charge du grand âge et l’importance des politiques de prévention de la perte d’autonomie est partout reconnue. Toutefois, en dépit de résultats probants, ces programmes sont encore peu développés », conclut le rapport. Des conclusions très convergentes avec le groupe « société et vieillissement » des travaux nationaux sur la dépendance, menés sous la houlette du Ministère de la Santé et achevés le 21 juin dernier.

Alan Kerhel

 


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