Pendant la campagne, Emmanuel Macron avait promis d’augmenter à 900 euros l’AAH, dont le montant maximal est actuellement de 810,89 euros par mois pour une personne seule.
Le Premier ministre Édouard Philippe avait confirmé en août que l’AAH augmenterait dès 2018 « de façon assez massive ».
Selon un député REM membre de la Commission des Finances, les bénéficiaires de l’AAH auront un « premier gain en 2018 » et le seuil des 900 euros sera atteint « en 2019 ».
Le niveau envisagé est d’ores et déjà jugé insuffisant par les intéressés. Éric Michiels, à l’origine d’une pétition sur change.org signée par plus de 140 000 personnes, dit vouloir « une AAH au minimum au niveau du seuil de pauvreté », soit proche de 1 000 euros par mois.
Une trentaine de personnes s’étaient rassemblées la semaine dernière près de l’Assemblée nationale pour porter cette revendication, et protester contre la prise en compte des revenus du conjoint dans le calcul de l’AAH.
« Pour se mettre en couple, déjà, il faut trouver quelqu’un, ensuite trouver un logement adapté et après dire à la personne : « maintenant je vais vivre à tes crochets parce que moi je n’ai rien ». Ça bloque l’amour », a regretté auprès de l’AFP M. Michiels, devenu handicapé moteur à la suite d’un syndrome qui l’a touché il y a trois ans.
Les ressources ne sont que l’un des sujets de préoccupation des personnes handicapées. Les associations citent également l’accessibilité des transports et lieux publics, l’accès aux soins, la scolarisation ou encore l’emploi.
L’Association des Paralysés de France (APF) attend « que le gouvernement dévoile la feuille de route de sa politique du handicap pour les cinq années à venir ».
Elle souhaite « que soient levées les inquiétudes » suite aux premières orientations du gouvernement : « diminution des contrats aidés, baisse des APL, baisse des dotations aux collectivités locales » ou encore « allègement des normes » dans les constructions de logements.
Familles épuisées
« On a des retours de personnes dont les contrats aidés n’ont pas été renouvelés, ou qui ont appris leur suppression quelques jours avant leur prise de fonction », souligne auprès de l’AFP Arnaud de Broca, secrétaire Général de la Fnath (accidentés de la vie), qui désire savoir « quelle politique de l’emploi l’État veut impulser pour les personnes handicapées ».
Plutôt « qu’un catalogue de mesures à la Prévert » qui ne seraient pas suivies d’effet, il attend du Comité interministériel du handicap « une volonté politique avec une implication de tous les ministères, une méthode de concertation et des axes de travail », avec des moyens budgétés dès le projet de loi de finances (PLF) de 2018.
Luc Gateau, président de l’Unapei (associations de personnes handicapées mentales), souhaite que soit pris en compte le dernier Comité interministériel du handicap du quinquennat Hollande, en décembre 2016. « De nombreux éléments méritent une continuité » pour mieux inclure les personnes handicapées dans la société, a-t-il estimé.
Il demande en outre « un véritable plan d’urgence concernant le trop grand nombre d’adultes et enfants sur liste d’attente pour des accompagnements spécialisés ». Car le projet mis en œuvre depuis la fin 2015, baptisé « une réponse accompagnée pour tous », relève à ses yeux « davantage du pansement que de la solution ».
M. Gateau voudrait par ailleurs que les pouvoirs publics se préoccupent du vieillissement des personnes handicapées, un sujet « pour l’instant un peu ignoré ». « Les familles parfois sont isolées, épuisées, les aidants de plus en plus âgés ne peuvent plus assumer l’accompagnement de leurs enfants devenus adultes ».
Le Comité interministériel du handicap abordera tous les sujets permettant « d’améliorer le parcours de la personne handicapée, de la naissance à la vieillesse », promettait récemment la secrétaire d’État en charge du handicap, Sophie Cluzel.
Le gouvernement a lancé en juillet une concertation de six mois en vue d’un quatrième plan autisme.
Pascale Juilliard
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