Handicap : le Sénat met en lumière les bonnes pratiques d’inclusion des communes

Publié le 31 janvier 2025 à 15h00 - par

Consultation en amont des projets, accueil d’autistes au sein des services municipaux, participation aux opérations de vote, intégration d’élèves à troubles du neuro-développement dans les écoles… Certaines communes multiplient les idées pour intégrer les personnes en situation de handicap.

Handicap : le Sénat met en lumière les bonnes pratiques d'inclusion des communes
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Outre les actions d’accessibilité classiques (voirie, transports, bâtiments recevant du public, numérique…), de nombreuses collectivités innovent pour faciliter la vie des personnes handicapées et mieux les intégrer à la société. C’est ce qu’a voulu montrer la délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation du Sénat, le 16 janvier 2025, au cours d’une table ronde qu’elle organisait à l’occasion des 20 ans de la loi Handicap du 11 février 2005. « On comprend que la loi ne peut pas tout. Il faut un volontarisme politique, des expérimentations et s’adapter aux spécificités territoriales », a précisé en ouverture Matthieu Annereau, conseiller municipal de Saint-Herblain (Loire-Atlantique, 50 253 habitants) et conseiller métropolitain de Nantes Métropole.

Des initiatives locales pour favoriser l’inclusion

Ainsi, depuis une dizaine d’années, la ville d’Évreux (Eure, 48 565 habitants) réfléchit avec plus de cent cinquante personnes en situation de handicap, tous handicaps et tous âges confondus, pour améliorer leur quotidien. L’idée est notamment de se focaliser sur leurs compétences, car « nombre de citoyens ou d’élus ne souhaitent pas se faire reconnaître tant que l’image du handicap sera négative, et qu’elle s’exprimera en termes d’incapacités », a constaté Francine Maragliano, maire-adjointe d’Évreux, fondatrice de l’Agence nationale des élus du handicap et de l’accessibilité (ANDEHA). Francine Maragliano a illustré son propos en citant les athlètes de très haut niveau découverts lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris. Évreux travaille avec plus de quarante associations différentes, dont l’avis précieux « conduit à rendre la ville plus agréable et plus confortable pour tous ». Sachant que 80 à 85 % des handicaps sont invisibles, Évreux a voulu « les rendre visibles » et « changer le regard ». En effet, le logo créé à la fin des années 60 représente un fauteuil sur fond bleu, et le message qu’il envoie oublie les troubles du neuro-développement ou l’autisme, « qui est en explosion ». Une pancarte complémentaire indique aux citoyens qu’il convient d’être attentifs, huit handicaps sur dix étant invisibles. Devenue ville expérimentale, la commune a lancé un concours de design visant à retravailler le pictogramme classique, et elle travaille avec l’Afnor à l’élaboration d’un guide sur les recommandations et les financements mobilisables.

En 2020, Naveil (Loir-et-Cher, 2 488 habitants) s’est engagée dans une action sur l’autisme. La commune a créé une classe de maternelle, la « classe bleue », qui accueille les enfants en diagnostic autistique précoce. Le projet a été monté avec les enseignants, les parents ont été réunis au préalable pour poser leurs questions, et les enfants ont rencontré une psychologue spécialiste de ce syndrome. Cette initiative étant une réussite, la ville a ouvert au sein de l’école élémentaire la « classe arc-en-ciel » où peuvent être scolarisés tous les enfants atteints de quelque handicap que ce soit, « ce qui est plus compliqué à gérer », explique la maire Magali Marty-Royer, qui projette : « nous espérons ouvrir une classe recevant uniquement des enfants autistes ». En 2022, après avoir consulté les vingt-cinq agents municipaux, la commune a également accueilli un apprenti atteint d’autisme au sein du service espaces verts. Un travail important pour l’équipe qui devait l’accompagner aussi sur le temps scolaire. Les agents ont dû se former : gestes, communication, travail avec des pictogrammes… Reçu au CAP et au permis de conduire, le jeune a été embauché dans une collectivité, « une fierté pour la ville » qui accueille aujourd’hui un autre apprenti au restaurant scolaire. Naveil organise également une « journée bleue », pendant laquelle toutes les associations se fédèrent pour lever des fonds, qui sont ensuite partagés entre la classe bleue, la classe arc-en-ciel et le conseil municipal des jeunes.

Renforcer l’accessibilité des bureaux de vote

Saint-Herblain consulte des personnes handicapées sur les aspects pratiques très en amont des projets, dans l’optique d’une « conception universelle ». Elles participent aux décisions de la collectivité, au sein des conseils municipaux. La ville met également l’accent sur la citoyenneté : accessibilité du scrutin, formation des présidents de bureaux et des assesseurs à l’accueil des personnes handicapées, accessibilité physique des bureaux de vote… Devant chaque pile de bulletins, une ligne en braille ou en relief comporte le nom du candidat.

Dans le Rhône, Caluire-et-Cuire (44 029 habitants) abrite de très nombreux établissements spécialisés pour les jeunes ou la formation professionnelle : crèches, écoles, collèges, lycée, accueil de jour, foyer de nuit, centre de formation pour sourds et malentendants… L’ensemble de ces structures sont impliquées dans les actions de la commune. « Alors que les communes peinent à trouver des assesseurs, nous associons les personnes en situation de handicap, mental notamment, à la tenue des bureaux de vote, après une sensibilisation aux élections en mairie », se félicite l’adjoint au maire délégué aux affaires sociales, aux personnes âgées, au handicap et à la mobilité, Laurent Michon. Après avoir largement diffusé un questionnaire pour les personnes en situation de handicap et les aidants pour définir des thèmes de travail à aborder au cours d’ateliers, Caluire-et-Cuire a organisé un colloque régional pour les élus et les directeurs de centres communaux d’action sociale (CCAS). Objectif : leur faire mieux connaître les maladies de santé mentale et améliorer l’accueil.

Marie Gasnier

Colloque

Le 11 février à 14h, le Sénat organise un colloque à l’occasion du vingtième anniversaire de la loi handicap de 2005.


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