Portraits d'acteurs

Anne-Cécile Drean

Anne-Cécile Drean

DGA aux Ressources de Redon Agglomération

« Ce qui m'anime c'est la création et la structuration des services. »

Quelles sont vos fonctions actuelles et les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Anne-Cécile Drean : Je suis la DGA aux Ressources de Redon Agglomération. Ma direction est composée par la Direction des ressources humaines, la Direction des finances et de la commande publique, la Direction des systèmes d'information, la Direction du patrimoine projets et infrastructures et le secrétariat général et assemblées. Cette composition est appréciable car cela équilibre par un volet très opérationnel cette DGA composée de services supports. La nouvelle organisation de notre collectivité est passée par la création de cette DGA. Ce qui m'anime c'est d'ailleurs la création et la structuration des services.

Ainsi j'ai commencé en tant que DGS à 26 ans d'une commune de 7 000 habitants où il y avait un enjeu de modernisation après un changement de gouvernance politique et technique de 40 années. Un vrai challenge qui m'a beaucoup appris. Ensuite, j'ai créé une société publique locale à Saint-Malo Agglomération, puis à la ville de Cergy il m'a été confié la structuration de deux services (des pôles administratifs et financiers).

Si vous deviez décrire votre métier actuel en 3 mots, quels seraient-ils ?

Anne-Cécile Drean : Tenter de résoudre au quotidien la quadrature du cercle ! Concrètement on identifie en permanence les risques qu'ils soient organisationnels, juridiques, financiers, politiques avec 2 ou 3 scénarios d'avance pour les résoudre. Mais on arrive quand même à être surpris ! Donc pour résumer : imagination, créativité et respect des règles font partie du quotidien.

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Anne-Cécile Drean : L'écoute active permet de déceler les enjeux de chacun des acteurs tout en gardant le discernement nécessaire (j'appelle cela l'ancrage) pour trouver la bonne voie.

Une connaissance assez fine du fonctionnement humain, de la construction de la pensée et de la genèse des émotions est un plus. Cela me permet de déceler les forces de chacun et les leviers pour les mettre au service de l'écosystème organisationnel.

Et savoir penser à soi est essentiel. Nous diffusons beaucoup de chose en non verbal. À mon sens l'hygiène mentale devrait être un prérequis pour les managers. Ne pas devenir toxique dans un environnement parfois en tension (voire hostile) ça passe par cela.

Qu'est ce qui vous fait lever chaque matin ?

Anne-Cécile Drean : Deux choses : la gratitude et la curiosité.

La gratitude d'abord. J'ai connu des moments difficiles sur le plan de la santé, de fait je considère chaque journée « normale » comme un cadeau.

Ensuite les mêmes raisons m'ont appris que la saveur d'une journée passe par des instants fugaces : le rire de mon fils, un café avec un collègue, ou la confiance qui m'est témoignée quand des amis ou collègues se livrent à moi, etc.

C'est un ensemble de petites choses qui rendent ma journée heureuse, et ce qui me fait me lever chaque matin c'est la curiosité de découvrir ce que seront ces petites choses. De manière plus pragmatique, mon fils a 4 ans et il ne sait pas encore faire le café !

Quel est le projet qui vous a le plus marquée et dont vous êtes la plus fière ?

Anne-Cécile Drean : Avoir créé la société publique locale Saint-Malo Baie du Mont-Saint-Michel. Premièrement car le volet touristique sur le secteur de Saint-Malo est un secteur prépondérant que ce soit au niveau des emplois, des flux économiques, de la renommée du territoire, etc. Ensuite parce que c'était un vrai défi.

La loi MAPTAM prévoyait un transfert de compétence au 1er janvier 2017, et quand je suis arrivée sur l'agglomération au 1er septembre 2016 l'EPCI avait décidé que le portage se ferait via une SPL mais tout restait à faire pour créer l'établissement. C'était ambitieux sur le plan calendaire mais aussi juridique car il y avait peu de précédent de SPL sur le tourisme (1 ou 2). Fin décembre, la Société était immatriculée et a tenu son premier conseil d'administration avec beaucoup d'émotions !

Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?

Anne-Cécile Drean : Devenir autrice, j'adore écrire ! Ce sont des textes qui restent dans mon carnet. Je ne me sens pas légitime pour publier et l'assumer pleinement. L'écriture encore plus que le dessin et la peinture c'est mettre son âme à nu. Et moi je suis pudique !

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marquée dans votre carrière ?

Anne-Cécile Drean : Christine Le Tennier, c'était mon premier maire en tant que DGS. Elle est également la fondatrice d'une société internationale. Elle a un parcours impressionnant. Je me souviens c'est aussi la première à m'avoir dit avec beaucoup de force « Prenez votre place ! ». J'avais 26 ans, j'ai compris plus tard.

Marie-Claude Sivagnanam, elle a été ma DGS quand je travaillais à Cergy. Elle est inspirante par sa manière de mettre l'humain au cœur de l'organisation. Son regard est toujours bienveillant et vous invite à vous faire confiance. Je crois que c'est une femme qui aime beaucoup les gens et ça se voit. Pour moi c'est une grande Leader.

Et comme je suis pour la parité je citerai Christophe Bidaud mon DGS actuel. Il me conduit (parfois malgré lui) à chercher le meilleur en moi-même pour le mettre au service de notre établissement. La confiance qu'il me témoigne me permet d'exercer mes missions de manière sereine en étant pleinement moi-même.

Quelle est votre citation préférée et pourquoi ?

Anne-Cécile Drean : J'en ai plusieurs :

« Une demi-décision = bordel au2 », j'aime les personnes entières. J'accepte bien volontiers les compromis mais jamais la compromission. Les conséquences d'une décision à peine assumée sont souvent désastreuses et onéreuses.

J'aime aussi « Ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait » et « L'optimisme c'est voir la vie à travers un rayon de soleil ».

Ça résume assez bien ma manière d'avancer. Je suis persuadée que le bon degré d'insouciance et un haut niveau de confiance en la vie permet de déplacer des montagnes, faire tomber des barrières ou tout simplement être heureux.

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?

Anne-Cécile Drean : La première chose, ma santé, elle m'a joué de mauvais tour et m'oblige à faire preuve de résilience. Grâce à différentes épreuves j'ai appris l'impermanence des choses (bonnes ou mauvaises). Parfois mon état de santé m'a obligé à ralentir, à d'autres il enrichit mon regard.

La deuxième a été mon retour en Bretagne natale. J'avais négligé, au démarrage de ma carrière, l'importance des racines. Quand je travaille pour un territoire je le vis, je l'investis pleinement. On donne beaucoup et cette sensation d'enracinement permet de recevoir en retour. Appartenir à une terre c'est à la fois se sentir libre et soutenue. J'ai cette sensation là sur ce territoire.

 

Propos recueillis par Hugues Perinel

Voir tous les portraits