Portraits d'acteurs

Arlette Pujar

Arlette Pujar

Directrice régionale de la délégation du CNFPT Martinique

« J'aimerais contribuer à un changement des regards sur les territoires ultramarins, montrer que nous pouvons être de véritables laboratoires dans différents domaines comme ceux de la gestion des risques mais aussi dans l'innovation et la transition écologique.  »

Quelles sont vos fonctions actuelles et les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Arlette Pujar : Je suis actuellement Directrice régionale de la délégation du CNFPT Martinique (Centre national de la Fonction publique territoriale) depuis septembre 2010 au grade d'administrateur territorial. Ma formation est tout d'abord purement juridique. Je suis Docteure en droit public, Chargée d'enseignement (Master 2 Diagnostic territorial et gestion des espaces insulaires) et chercheure à l'Université des Antilles (laboratoire caribéen de sciences sociales). Par la suite, je suis devenue coache professionnelle certifiée ICF (International Coaching Federation), et facilitatrice Unesco en FLL (littératie des Futurs).

L'intégralité de mon parcours professionnel s'est déroulé en Martinique. J'ai débuté au bureau juridique du Conseil général, puis j'ai été nommée Cheffe du bureau de l'éducation, puis Cheffe du bureau du logement, et après quelques années j'ai rejoint le cabinet du Président comme conseillère technique chargée des questions de la politique de la ville, de l'éducation et de la culture. Après plus d'une dizaine d'années de cabinet, j'ai occupé le poste de Directrice générale de l'Association des Maires de Martinique pendant quatre ans et j'ai fait mon come-back au Conseil général comme Directrice générale adjointe en charge de l'éducation, de l'environnement, du tourisme, de la culture et des sports.

Si vous deviez décrire votre métier actuel en 3 mots, quels seraient-ils ?

Arlette Pujar : Territorialisation – Innovation - Humanisme.

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Arlette Pujar : À la tête d'une équipe de professionnels de la formation, il me revient de l'animer en déployant des trésors d'imagination : leadership – écoute - transformation - révélation de talents - d'être toujours dans l'oser, oser faire, oser se tromper, se relever et repartir pour œuvrer au bien commun et de faire preuve d'une grande résilience. Enfin, il faut aimer les gens tout simplement avec leurs différences et leur singularité.

Qu'est ce qui vous fait lever chaque matin ?

Arlette Pujar : À titre personnel, chaque matin je cultive mon bien-être et je prends soin de moi. Pratiquante d'arts martiaux, je fais des séances quotidiennes de tai-chi ou de qi gong ou de méditation favorisant la circulation des énergies, pratique indispensable pour passer une bonne journée dans l'alignement tête-cœur-tronc. Dans un domaine plus professionnel, l'envie de relever des défis et d'être une actrice de la transformation des hommes et des femmes face aux enjeux de mon territoire, exigu par la superficie et immense par son rayonnement. De constater que le travail produit dans l'accompagnement des collectivités rejaillit sur le bien commun.

Quel est le projet qui vous a le plus marquée et dont vous êtes la plus fière ?

Arlette Pujar : L'élaboration d'un véritable itinéraire de formation de management des risques sur les territoires composé d'une dizaine de modules de la gestion des risques à la santé qui touche 3 territoires : Guadeloupe, Guyane et Martinique. Cet itinéraire était indispensable sur un territoire vulnérable et insulaire. Il permet à des cadres de soutenir un mémoire pour l'obtention du Diplôme Universitaire de conseiller en management des risques. J'ai apporté ma contribution et nous travaillons tous les jours à installer une culture du risque en lien avec des acteurs dynamiques et motivés pour sortir du déni et prendre conscience que nous devons anticiper les crises à tous les niveaux, avant, pendant et après.

Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?

Arlette Pujar : J'aimerais contribuer à un changement des regards sur les territoires ultramarins, montrer que nous pouvons être de véritables laboratoires dans différents domaines comme ceux de la gestion des risques mais aussi dans l'innovation et la transition écologique. Nous  faisons partie des hotspots de la biodiversité, 90 % de la biodiversité vient des Outre-mer et nous sommes réduits à des clichés « plages et cocotiers ». Édouard Glissant, écrivain martiniquais, évoque le Tout monde. Nous rayonnons sur le monde et contribuons à faire de la France une puissance mondiale.

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marquée dans votre carrière ?

Arlette Pujar : La rencontre avec les administrés m'a incitée à rechercher des réponses et à monter des projets innovants, notamment pour lutter contre l'habitat insalubre, l'échec scolaire, le taux d'illettrisme, le taux de pauvreté. Ma relation avec le Président du Conseil général Claude Lise qui était député, puis sénateur : travailler à ses côtés a été très riche d'enseignements pour la jeune fonctionnaire que j'étais (satisfaction de voir mon Président/parlementaire défendre un amendement que j'avais préparé par exemple). Apprendre « sur le tas » à gérer une grève de transporteurs, de représentants du BTP, de parents d'élèves, de marins pêcheurs... Rechercher des pistes, des solutions, grandir en observant et en écoutant.

Quelle est votre citation préférée et pourquoi ?

Arlette Pujar : « Je refuse de désespérer parce que désespérer c'est refuser la vie. Il faut garder la foi. » Aimé Césaire, poète et homme politique martiniquais. Une citation qui incite à ne pas baisser les bras et à rester toujours combatif face à l'adversité, à être résilient.

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?

Arlette Pujar :

  • La mise en place de la décentralisation (la disparition du préfet de région aux côtés du président du Conseil général lors des séances plénières par exemple, image symbolique). Le sentiment que nous avions enfin l'opportunité de prendre des décisions par nous-mêmes pour nous-mêmes dans le champ des politiques publiques et que nous participions réellement au développement de notre territoire.
  • La prise de conscience qu'il était possible en tant que fonctionnaire territorial de se former sur le temps de travail, de se présenter à des concours administratifs. La formation tout au long de la vie est une opportunité extraordinaire que les agents territoriaux devraient saisir pour assurer leur montée en compétences. D'autant que les modalités d'apprenance conjuguent désormais innovation, introspection et créativité : design thinking, design de service, co-développement, ateliers de professionnalisation, ateliers de littératie du futur...

Si l'on regarde dans le rétroviseur, la formation professionnelle aura 40 ans en 2024. Il est grand temps de se remémorer le chemin parcouru.

 

Propos recueillis par Hugues Perinel

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