Portraits d'acteurs

David Issartial

David Issartial

Directeur Général des Services de l'agglomération du Pays de Dreux

« Pour avoir un service de proximité qui corresponde aux besoins des usagers, il faut connaître son territoire et avoir une vision de long terme pour celui-ci. C'est ce qui nous permet de décliner les projets structurants qui feront grandir le territoire et serviront à la population. »

Quelles sont vos fonctions actuelles et les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

David Issartial : Après l'obtention du Diplôme de l'Institut d'Études Politiques en 1992, j'ai complété ma formation par un DESS en gestion des ressources humaines. J'ai ensuite rejoint un cabinet conseil, puis un éditeur de logiciels, pour y développer le département secteur public. Après l'obtention du concours d'attaché territorial en 2004, j'ai occupé des postes de DGA et DGS dans plusieurs communes et intercommunalités, dans la Drôme, le Gard et les Hauts-de-France. J'ai notamment conduit des projets de réorganisation dans des collectivités en grande difficulté financière afin d'assainir la situation et leur redonner des marges de manœuvre.

Après 3 années à Roubaix où j'ai accompagné les grands projets urbains et la transformation de la ville, je viens de rejoindre l'agglomération du Pays de Dreux, en Eure-et-Loir, en tant que Directeur Général des Services.

Si vous deviez décrire votre métier actuel en 3 mots, quels seraient-ils ?

David Issartial : Proximité, vision et territoire.
Pour avoir un service de proximité qui corresponde aux besoins des usagers, il faut connaître son territoire et avoir une vision de long terme pour celui-ci. C'est ce qui nous permet de décliner les projets structurants qui feront grandir le territoire et serviront à la population.

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

David Issartial : L'agilité, pour s'adapter aux évolutions et aux transformations, et prendre des décisions rapides en faisant preuve d'ouverture d'esprit et de créativité.

La clairvoyance pour analyser les données d'un problème et en extraire l'essentiel.

La diplomatie, la pédagogie et la capacité à communiquer car c'est un métier de contacts et qu'il faut savoir animer et emmener ses équipes avec soi.

Qu'est-ce qui vous fait lever chaque matin ?

David Issartial : Le sentiment d'être utile au territoire et notamment à ceux qui ont le plus besoin des services publics. Mais aussi la volonté de participer aux transformations profondes dont notre société a besoin. Je suis particulièrement sensible à la transition écologique et je souhaite contribuer à l'accélération des transitions par la mitigation à laquelle les collectivités doivent s'employer davantage.

Si j'ai basculé du secteur privé vers le secteur public c'est justement pour prendre part à quelque chose de plus grand. Les entreprises privées sont capables d'une grande agilité mais elles ne peuvent pas amener la Société humaine vers un nouveau modèle qui soit durable. Accélérer la transition en impliquant les citoyens et tous les acteurs de la Société est une nécessité vitale. J'ai participé en 2022 et 2023 à un cercle d'études à l'initiative du CNFPT.

Avec d'autres dirigeants territoriaux nous confrontons nos réalisations et nos idées à la critique pour tenter d'infuser les bonnes pratiques et d'acculturer de façon plus large d'autres dirigeants à ces enjeux. C'est pour ce type de projets que j'ai choisi le secteur public et que je m'épanouis dans mes missions.

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marqué dans votre carrière ?

David Issartial : C'est Didier Guillaume qui deviendra plus tard 1er vice-président du Sénat puis ministre de l’Agriculture qui m'a fait confiance pour me proposer mon premier poste de DG en collectivité dans la Drôme. Pourtant, fraîchement lauréat du concours d'attaché territorial et arrivant tout droit d'une grande entreprise américaine, je n'avais pas forcément le profil idoine. Il incarne pour moi un service public ancré dans la proximité et, à la fois, une vision du monde.

Je pense aussi à des cadres, le plus souvent jeunes, que j'ai pu avoir dans mes équipes et qui m'ont apporté de nouvelles pratiques managériales. Ils m'ont amené à porter un nouveau regard sur ma façon d'animer les équipes et m'ont incité à me remettre en question, à faire preuve de davantage d'ouverture d'esprit et à ne pas m'enfermer dans une certaine routine.

Enfin, c'est Pierre Rabhi dont j'ai visité l'exploitation à deux reprises en Ardèche où j'ai mes parents qui m'a poussé à réfléchir à la sobriété dans ma vie mais aussi dans mon quotidien d'acteur public. Lorsque à plusieurs occasions je l'ai recroisé dans des séminaires, j'ai apprécié pouvoir présenter les réalisations de mes équipes et les difficultés rencontrées à cet homme jamais à court d'idées.

Quel est le projet qui vous a le plus marqué ou dont vous parleriez avec fierté ?

David Issartial : Avoir sorti deux collectivités différentes de la tutelle du Préfet et du contrôle étroit de la Chambre régionale des comptes et leur avoir permis de développer des politiques publiques de qualité, avec sobriété. Cela a nécessité des transformations majeures et il a fallu accompagner ces changements en étant solide aux côtés des élus et rassurant et bienveillant auprès des équipes, mais les résultats obtenus sont à la hauteur des efforts réalisés.

Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?

David Issartial : Je rêve d'accompagner les collectivités dans la transition écologique et de voir de nouveaux modèles émerger, à l'instar de l'économie circulaire.

Quelle est votre citation préférée et pourquoi ?

David Issartial : "Toutes les réussites sont des échecs qui ont raté" (Romain Gary). Je crois que certains projets peuvent aboutir à force de travail et de persévérance, mais que d'autres nécessitent, en plus, de sortir des sentiers battus, d'innover. Il faut pouvoir tenter, expérimenter et se donner le droit d'échouer pour réussir ensuite.

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?

David Issartial : Incontestablement, le passage du privé au public, où j'ai trouvé un sens à mon action quotidienne.

Plus récemment, la réussite à l'examen professionnel d'administrateur territorial m'a permis d'envisager de nouvelles opportunités professionnelles et d'augmenter mon impact au service de l'intérêt général et de la modernisation des collectivités.

 

Propos recueillis par Hugues Perinel

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