Portraits d'acteurs

Édouard Guerreiro-Bochereau

Édouard Guerreiro-Bochereau

Chef de projet à la Métropole de Toulouse

«Il faut aussi de la persévérance et une pointe de courage pour tenir le cap malgré les aléas et changements. La politique de la ville, c'est le monde de la réforme permanente. »

Quelles sont vos fonctions actuelles ?

Édouard Guerreiro-Bochereau : J'évolue sur des fonctions de chef de projet dans le domaine de la politique de la ville à la Métropole de Toulouse. Plus spécifiquement, j'anime l'équipe chargée de la mise en œuvre du volet thématique du contrat de ville signé pour la période 2015-2020 avec 36 institutions ou partenaires. J'assure plus directement la conduite de projet dans le champ du développement économique et de l'emploi.

Quelles ont été les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Édouard Guerreiro-Bochereau : Diplômé en économie, j'ai d'abord suivi un cursus en sciences humaines et sociales. Le concours d'attaché en poche, et à peine sorti de l'université, j'ai été recruté en 2001 sur des fonctions RH à la ville de Toulouse, et j'y ai passé 10 merveilleuses années. D'abord pour gérer ce qu'on pourrait appeler l'agence d'intérim interne de la collectivité (de l'ordre de 400 CDD par mois), puis sur des responsabilités managériales dans la gestion du personnel (carrière, discipline, rémunérations, contrats, contentieux…). De 2009 à 2012, j'ai secondé le DRH sur des projets stratégiques de politique RH. J'ai ensuite eu la chance de travailler aux côtés du DGS de la ville de Toulouse et de Toulouse Métropole sur des fonctions de chargé de mission.

J'occupe depuis 2014 des fonctions de chef de projet et j'ai eu la charge de coordonner l'élaboration du contrat de ville de Toulouse Métropole que nous déployons sur les quartiers prioritaires toulousains depuis sa signature en juillet 2015.

Citez le projet qui vous a le plus marqué et dont vous êtes le plus fier ?

Édouard Guerreiro-Bochereau : Sans conteste le projet de transformation de la communauté d'agglomération du Grand Toulouse en communauté urbaine qui a conduit au transfert de près de 2 000 agents communaux vers l'intercommunalité et qui s'est accompagné d'un programme ambitieux et exemplaire de mutualisation des services, tout cela en à peine plus de 6 mois. J'ai porté la dimension RH et les programmes d'accompagnement des personnels face à ce changement institutionnel majeur. On apprend en toute modestie ce que l'homme pèse dans le fonctionnement des organisations.

Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?

Édouard Guerreiro-Bochereau : Finir un marathon en moins de 3 heures !

Comment décririez-vous votre engagement personnel en tant qu’acteur public ?

Édouard Guerreiro-Bochereau : Constant mais fragile, intense, parfois désabusé. La grande idée d'un engagement aveugle au service du public et du bien commun est un peu dépassée aujourd'hui. Et pourtant, en arrière-plan, cette impression qu'on participe à quelque chose qui sert le collectif...

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Édouard Guerreiro-Bochereau : Constance et diplomatie, pour représenter son institution dans le dialogue avec les partenaires et autres acteurs de la politique de la ville et incarner le projet et sa continuité.

Il faut aussi de la persévérance et une pointe de courage pour tenir le cap malgré les aléas et changements. La politique de la ville, c'est le monde de la réforme permanente. Il ne se passe pas six mois sans un nouveau plan gouvernemental, une proposition de nouveaux engagements, de priorités renouvelées. Difficile de tenir l'essence du projet dans ce cadre.

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marqué dans votre carrière ?

Édouard Guerreiro-Bochereau : Marcel d'abord, pendant mon cursus de formation : un de ces enseignants totalement inclassables et qui, par la portée de leur enseignement, marque jusqu'à votre vie personnelle. Il avait une « lecture du monde » qui, esthétiquement comme intellectuellement, était extrêmement séduisante. Il m'a appris à observer, prendre du recul sur les choses et à conserver un sens critique en toute circonstance. Encore aujourd'hui, je reste guidé par cette discipline que requiert l'esprit critique, qu'on le porte ou qu'on le reçoive d'ailleurs !

Il a y a aussi eu Philippe avec qui j'ai eu la chance de travailler étroitement, d'abord sur des fonctions RH, puis à ses côtés en qualité de chargé de mission. Un de ces personnages pour lesquels le résultat d'un ensemble d'actions est plus que la simple somme de ces actions. Son parcours est exemplaire à plus d'un titre, comme son engagement au service des décideurs publics. Il a cette capacité à donner du sens au projet, à fédérer autour de lui et à tenir un cap, parfois dans la tempête. Et puis Jérémie, Émilie, Luc, Jean, Benoît, Christian, Anne…

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?

Édouard Guerreiro-Bochereau : D'abord une constante plutôt qu'un changement : le rapport ambigu qu'entretiennent les administrés avec leurs services publics. Difficile lorsqu'on a la conviction qu'il faut développer des réponses collectives nouvelles, souvent sous forme de services publics pour garantir un égal accès des citoyens, de voir de beaux projets ralentis ou tout simplement ne pas voir le jour parce qu'augmenter la dépense publique est devenu presque impensable. Ça interroge le rapport à l'impôt et plus largement des mécanismes de solidarité qui font société.

Autre changement, le rapport au temps. J'ai souvent dit à des collègues ou des partenaires : « on n’a pas le luxe du temps » ! Et le temps, c’est de l’attention aux choses et aux autres. Pour un manager public, consacrer du temps aux autres est fondamental, surtout quand on est amené à travailler avec une multiplicité de partenaires ou opérateurs qui témoignent tous d’un engagement et d’une implication très intenses dans les projets. Plus les choses s’accélèrent, plus je revendique le besoin de « se donner le temps de… ».

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