Portraits d'acteurs

Émilie Agnoux, Directrice de la transformation et du dialogue social auprès du DGS de l'établissement public territorial Grand Paris Sud Est Avenir

Émilie Agnoux

Directrice de la transformation et du dialogue social auprès du DGS de l'établissement public territorial Grand Paris Sud Est Avenir

« On ne change pas l'administration pour être dans l'ère du temps, par conformisme ou injonction extérieure, on le fait pour améliorer le service délivré, et cela suppose que les agents puissent exercer leurs missions dans les meilleures conditions. »

Quelles sont vos fonctions actuelles ?

Émilie Agnoux : J'occupe les fonctions de directrice de la transformation et du dialogue social auprès du directeur général des services de l'établissement public territorial Grand Paris Sud Est Avenir (GPSEA), une structure intercommunale créée au 1er janvier 2016 par fusion de 3 intercommunalités et d'une commune isolée. Le rôle de ma direction est de piloter et mettre en œuvre la transformation numérique et managériale de l'organisation en regroupant une partie des fonctions RH et la DSI au sein d'une même direction : dialogue social et politiques RH, formation, santé-sécurité au travail, accompagnement managérial et coaching, action sociale, événementiel interne, support informatique et téléphonique, infrastructures et réseaux numériques, projets numériques.

Quelles ont été les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Émilie Agnoux : Après ma formation à l'INET, j'ai intégré fin 2013 le conseil régional des Pays de la Loire comme chargée de mission de la direction générale. Comme toutes les premières expériences professionnelles, cette première étape a été particulièrement structurante et formatrice. C'est à cette occasion notamment que j'ai découvert l'innovation publique. J'y ai ensuite intégré le  cabinet du président de Région dans le contexte de réforme territoriale avant de rejoindre le cabinet de la ministre à l'Égalité réelle dans le cadre du projet de loi Égalité et Citoyenneté et de la constitution d'une Agence de la langue française pour la cohésion sociale. Finalement, j'ai rejoint à la fin de l'année 2016 Grand Paris Sud Est Avenir pour y occuper les fonctions de directrice de l'innovation, du dialogue social et de l'animation managériale puis celles de directrice de la transformation et du dialogue social.

Citez le projet qui vous a le plus marquée et dont vous êtes le plus fière ?

Émilie Agnoux : Le projet le plus marquant, sans doute parce qu'il est encore actuel, qu'il a nécessité d'y investir beaucoup d'énergie mais aussi parce qu'il a permis une transformation personnelle importante, est celui de la transformation menée au sein de Grand Paris Sud Est Avenir en collaboration avec de nombreux acteurs en interne.

Il m'a marquée à la fois par son objet, c'est-à-dire adapter le service public aux évolutions actuelles pour en maintenir sa pertinence et donc sa pérennité, mais aussi par sa complexité et les avancées collectives qu'il apporte.

Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?

Émilie Agnoux : Des rêves, j'en ai plusieurs, parfois contradictoires entre eux : réaliser un tour du monde, revenir m'installer à la campagne des années après avoir quitté ma Corrèze natale, créer une structure d'accompagnement aux changements, écrire un roman, accompagner une grande collectivité dans sa transformation... Mon plus grand rêve serait de pouvoir participer à la transition écologique et énergétique de nos sociétés dans une perspective de justice sociale, de respect du vivant, et d'approfondissement de la démocratie.

Comment décririez-vous votre engagement personnel en tant qu’acteur public ?

Émilie Agnoux : Cela a d'abord été une évidence, je me suis naturellement et rapidement orientée vers le secteur public au cours de mes études, sans avoir à me poser la question. Au travers des différents postes que j'ai occupés, j'ai cherché à être utile socialement, avec la volonté de participer à une œuvre collective à mon échelle et de donner le maximum pour cela. Je mets beaucoup d'exigence dans mon engagement pour améliorer le quotidien des agents tout en adaptant et en garantissant un service public de qualité accessible à tous. On ne change pas l'administration pour être dans l'ère du temps, par conformisme ou injonction extérieure, on le fait pour améliorer le service délivré, et cela suppose que les agents puissent exercer leurs missions dans les meilleures conditions. Face aux attaques répétées à l'encontre des fonctionnaires et du service public, je ne redoute rien de plus que le déclin de tout ce qui permet de vivre ensemble. Mon engagement est aussi intégral car il déborde sur ma vie personnelle et se prolonge dans la participation à des mouvements associatifs et citoyens.

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Émilie Agnoux : Participer à une démarche de transformation a supposé en première intention de faire un travail personnel afin de me départir de mes représentations et croyances limitantes (que nous avons tous), de mes habitudes, pour ouvrir mon horizon, lâcher prise et accepter de pouvoir me planter. Le coaching a été en ce sens un préalable. Transformer, ce n'est pas lancer des initiatives dans tous les sens, avoir comme seule intention de faire nouveau ou monter des temps collectifs pour se faire plaisir ou passer un moment « sympa ». Le changement n'est pas une fin en soi, il vise à atteindre des objectifs. Il n'est pas sur tous les sujets, car il n'y a aucune raison de changer ce qui apporte satisfaction et parce que nous avons besoin de points d'ancrage et de continuité. Il s'agit tout à la fois d'aider à formaliser une vision en étant tourné vers l'avenir, en essayant d'imaginer les évolutions possibles, tout en restant pragmatique et ancré dans le présent. L'humilité est nécessaire, tout autant que la confiance en soi, car les questionnements, les échecs, les critiques voire les remises en question sont régulières et nécessaires, car ils font fonction d'aiguillon, à condition de les vivre sereinement. Chacun détenant une partie de la vérité et des solutions, il faut savoir écouter, communiquer, partager son point de vue et ses doutes, faire exprimer les besoins, observer et analyser sans a priori. Cela implique des méthodes et de l'organisation, mais aussi l'acceptation d'un formalisme minimal, de l'aléa et de l'indétermination. On est conduit à questionner l'organisation existante, tout en prenant en compte l'histoire, la culture, le rythme et les projets propres à chacun et à la structure. Ce qui me semble particulièrement nécessaire, c'est d'être fondamentalement optimiste, résilient et doté d'un important réservoir d'énergie.

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marquée dans votre carrière ?

Émilie Agnoux : Je prends conscience que j'ai fait beaucoup de rencontres professionnelles marquantes. Celles que je retiens davantage sont liées à des personnes que j'ai côtoyées au quotidien. D'abord, les élus avec lesquels j'ai collaboré, et auprès desquels j'ai pu apprécier la force et la sincérité de leur engagement. Plusieurs déplacements de terrain et des rencontres avec des usagers du service public ou citoyens restent également des souvenirs marquants qui donnent du sens à mon engagement. Ensuite, bien évidemment mes différents managers, c'est-à-dire les 2 DGS et les 2 directeurs de cabinet avec lesquels j'ai collaboré, chacun avec un style différent, et qui constituent des repères et des sources d'inspiration. Je pense aussi à mes collègues de la promotion Paul Éluard à l'INET, en particulier les internes et les 3e concours, qui ont énormément partagé leur expérience et leur savoir, et sont encore disponibles pour me conseiller en cas de besoin. Les agents de ma collectivité, aussi bien ceux de mon équipe que des autres services, me donnent également de nombreuses occasions d'apprendre chaque jour aussi bien professionnellement qu'humainement.

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?

Émilie Agnoux : Les dynamiques politiques ont été déterminantes. Aujourd'hui, le numérique joue un rôle crucial car il transforme en profondeur les pratiques professionnelles, les politiques publiques, la relation au citoyen. Il constitue un moteur autant qu'un outil d'amélioration du service public, à condition d'en garantir une utilisation éthique et de favoriser l'universalité des usages numériques pour qu'il crée du lien et de nouvelles opportunités.

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