Portraits d'acteurs

Jean-Baptiste Clerc

Jean-Baptiste Clerc

Directeur Général des Services de la ville de Blagnac

« Innover ce n'est pas voir ce que les autres ne voient pas, innover c'est voir différemment ce que tous voient ». Il s'agit d'une citation d'Arthur Schopenhauer, philosophe allemand que j'applique dans la gestion de l'humain et des relations managériales. »

Quelles sont vos fonctions actuelles ?

Jean-Baptiste Clerc : Je suis, depuis août 2020, Directeur Général des Services de la ville de Blagnac en Haute-Garonne. Cette commune de près de 26 000 habitants (900 agents permanents) est membre de Toulouse Métropole et a la particularité de compter plus d'emplois que d'habitants (+ de 40 000 emplois) grâce notamment à la dynamique de l'économie aéroportuaire et de l'industrie aéronautique.

Quelles ont été les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Jean-Baptiste Clerc : Après un cursus de Droit public suivi à l'université de Montpellier et l'obtention de mon concours d'attaché, j'ai eu la « chance » d'être recruté, à 24 ans, en qualité de Directeur Général des Services de la commune d'Aussonne (5 000 habitants). Après 9 ans dans ces fonctions, j'ai souhaité faire preuve de mobilité et revenir dans ma région natale. J'ai, tour à tour, occupé les fonctions de DGS de la ville de Saint-Hilaire de Brethmas (4 200 habitants) de 2010 à 2011, puis de Saint-Gilles de 2011 à 2014 (14 000 habitants), et enfin de Cornebarrieu de 2014 à 2020.

Citez le projet qui vous a le plus marqué et dont vous êtes le plus fier ?

Jean-Baptiste Clerc : Nous avons souvent tendance à considérer que le dernier projet auquel nous participons est celui qui apporte le plus de fierté alors même que l'intérêt et la motivation sont dans chaque projet, qu'il soit remarquable ou plus confidentiel. Je ne citerai donc pas un projet mais plutôt une démarche qui m'anime et que je souhaite partager au quotidien avec les équipes. Cette démarche tend à faire évoluer notre culture managériale (et pas seulement nos pratiques) pour :

  • Générer de l'intelligence collective en lieu et place de l'obéissance.
  • Évoluer de responsables qui encadrent à des managers qui font grandir leurs collaboratrices et collaborateurs.

Cette démarche mérite une dimension stratégique et un pilotage fort. C'est ce qui a motivé notamment la création récente à Blagnac d'une direction générale adjointe en charge des richesses humaines et de l'accompagnement à la transformation managériale.

Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?

Jean-Baptiste Clerc : Cela peut paraître étonnant mais je vis mon rêve tous les jours à travers le métier que j'exerce, en collaboration avec un exécutif particulièrement constructif et à l'écoute.

Sur un autre plan, je rêve de donner envie, par la transmission, à des jeunes ou des étudiants d'intégrer les collectivités territoriales, tout comme je rêve d'accompagner chaque collaboratrice ou chaque collaborateur à ressentir de la fierté d'évoluer dans le monde du service public territorial.

Comment décririez-vous votre engagement personnel en tant qu'acteur public ?

Jean-Baptiste Clerc : C'est un engagement quotidien et sans relâche, qui peut être épuisant pour ceux qui nous entourent, mais qui trouve sa motivation et son énergie dans le souhait d'amélioration de la vie collective et dans l'utilité de la mission.

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Jean-Baptiste Clerc : Les deux premières sont la loyauté à son exécutif et la confiance dans ses équipes. Elles constituent le socle du travail en équipe et en collaboration, seuls vecteurs de réussite.

Il faut également avoir de mon avis le goût du risque, une certaine force de persuasion et la capacité à dire les choses et à accueillir la critique.

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marqué dans votre carrière ?

Jean-Baptiste Clerc : Je citerai très spontanément et de toute évidence mes deux derniers « patrons ».

Alain Toppan, Maire de Cornebarrieu, un homme d'une intelligence et d'une humanité rares. L'amour de sa commune, son engagement, le souci de l'intérêt général et sa vivacité intellectuelle amenaient une dynamique positive dans les projets entrepris.

Ensuite, Joseph Carles, Maire de Blagnac, qui est venu « me chercher » à Cornebarrieu. Enseignant, universitaire, intervenant et surtout très fin connaisseur du monde territorial et de ses enjeux. Il a formé pendant des années des cadres dirigeants des collectivités à l'université ou à l'INET. Ce sont une chance et un apprentissage permanent que d'évoluer à ses côtés. La qualité de la relation que nous entretenons est enviée de mes collègues DGS.

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?

Jean-Baptiste Clerc : Le développement et la généralisation de l'intercommunalité qui ont profondément fait évoluer le métier de DGS de communes. Le consumérisme de services dont sont souvent victimes nos concitoyens et qui les amènent parfois à oublier que tout ce qu'une collectivité met en place, elle ne le fait que parce que des énergies et des financements collectifs sont mobilisés.

Qu'est ce qui vous donne envie de vous lever chaque matin ?

Jean-Baptiste Clerc : Sans hésiter, le sens de nos actions. Nos collectivités ont souvent fonctionné en réfléchissant process, dispositifs, organisations... et nous avons trop souvent oublié pourquoi nous sommes là. Nos organisations complexes, hiérarchisées, organisées en silo consomment beaucoup de notre temps et de nos énergies sur le « comment ? », en mettant trop de côté le « pourquoi ? ». Tous les jours, je travaille avec les équipes (et Joseph Carles m'y aide beaucoup) à passer d'une collectivité du comment à celle du pourquoi.

Quelle est votre citation préférée et pourquoi ?

Jean-Baptiste Clerc : « Innover ce n'est pas voir ce que les autres ne voient pas, innover c'est voir différemment ce que tous voient ». Il s'agit d'une citation d'Arthur Schopenhauer, philosophe allemand que j'applique dans la gestion de l'humain et des relations managériales.

Notre plus grande source d'innovation sont nos équipes, elles sont là, avec nous, devant nous, il suffit juste de les sécuriser, de libérer la parole, de faire confiance... et tout s'enchaîne. Le chemin de l'innovation se met en place.

 

Propos recueillis par Hugues Perinel

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