Portraits d'acteurs

Régis Giunta

Régis Giunta

Directeur adjoint par intérim de l’enfance et de l’éducation et chef du service périscolaire et éducatif de la ville de Strasbourg

« Les acteurs publics sont soucieux d’élaborer et de conduire des politiques publiques qui donnent du sens à la vie des citoyen.nes et répondent à leurs besoins. Ils sont attachés à donner corps à la cohésion sociale et à la solidarité, finalités du service public. »

Quelles sont vos fonctions actuelles ? Quelles ont été les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Régis Giunta : Après avoir tout d’abord suivi une formation en sociologie (doctorant) pour bien appréhender le fonctionnement de la société et les interactions entre les acteurs et le système, j’ai éprouvé le besoin de développer des compétences en management public territorial pour proposer un management plus stratégique adapté aux défis à relever. 

Après avoir été recruté comme chargé de mission de quartier et de la politique de la ville en 1999, j’ai eu le plaisir de découvrir le fonctionnement des territoires et de travailler avec les élus et les forces vives des quartiers. La découverte en 2004 des politiques seniors a été une réelle et heureuse découverte. Contribuer à penser la ville de manière globale pour tous les âges fut passionnant. Ensuite, j’ai pris la responsabilité du service de l’insertion et des aides sociales en 2009 avant de rejoindre la direction de l’enfance et de l’éducation. Si je suis arrivé un peu par hasard dans cette direction, j’avoue aujourd’hui bien m’y sentir, au sein d’une équipe composée de collègues engagés et d’une élue aux valeurs bien ancrées, toutes et tous porteur d’une vision du monde solidaire et humaniste. Depuis le 1er septembre 2020, j’occupe les fonctions de Directeur adjoint par intérim de l’enfance et de l’éducation et de chef du service périscolaire et éducatif depuis janvier 2012.

Citez le projet qui vous a le plus marqué et dont vous êtes le plus fier ?

Régis Giunta : L’évaluation de notre PEL en 2017 a été une aventure professionnelle d’une grande intensité. Les pilotes du PEL parmi lesquels étaient représentés les cadres de la Direction de l’enfance et de l’éducation et du service jeunesse, le DASEN adjoint et les 6 IEN, un représentant de la DDJSCS et un représentant de la CAF, ont résolument fait le choix de se former aux méthodes d’évaluation plutôt que de faire appel à un cabinet spécialisé afin d’éclairer nos pratiques et apprendre de nos erreurs et difficultés. Notre défi a consisté à objectiver ce qu’est la co-éducation et ce qu’elle produit comme changement dans les relations entre acteurs mais également les effets sur les enfants et le fonctionnement de l’écosystème éducatif local. Nous avons ainsi fait appel à l’Université de Louvain (Belgique) pour nous former à la cartographie des incidences. Une méthode originale et efficace qui s’avère très utile dans le champ éducatif.

Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?

Régis Giunta : Le projet européen me semble insuffisamment abordé dans le champ scolaire et périscolaire alors que l’Europe sociale et politique est plus que jamais à l’ordre du jour.

« Forger l’Europe nouvelle, c’est forger une nouvelle conception de l’identité pour elle, pour chacun des pays qui la composent, et un peu aussi pour le reste du monde. » Amin Maalouf

Comment décririez-vous votre engagement personnel en tant qu’acteur public ?

Régis Giunta : Doté de compétences relationnelles (écoute, expression, négociation, ouverture), l’acteur public conduit, décloisonne, anime, les coopérations multi-acteurs internes et externes à tous les niveaux au service d’un management stratégique pour donner le sens, orienter, impulser, agir, piloter et évaluer. La qualité des résultats tient plus de la qualité des coopérations que d’une quelconque performance individuelle.

Appliqué à promouvoir un leadership intégratif, partagé et transformationnel et un management situationnel adapté, exigeant et bienveillant qui rend autonome et responsable, l’acteur public fait vivre les valeurs fondatrices de l’action publique telles que la solidarité, l’égalité, l’effectivité des droits et l’adaptabilité du service public en veillant à faire continuellement un pas de côté, pour renouveler sans cesse sa capacité à gérer l’inconnu, s’ouvrir aux autres et au monde, contrecarrer toute forme de conservatisme et entraîner avec vigueur ses collaborateurs dans des démarches innovantes et créatives.

Les acteurs publics sont soucieux d’élaborer et de conduire des politiques publiques qui donnent du sens à la vie des citoyen.nes et répondent à leurs besoins. Ils sont attachés à donner corps à la cohésion sociale et à la solidarité, finalités du service public. Ils croient en leur capacité à agir et à transformer humblement mais concrètement notre société.

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Régis Giunta : Les qualités essentielles inhérentes à mes fonctions reposent sur la capacité à écouter, comprendre, accompagner et faire confiance à l’intelligence collective afin de créer des synergies entre les acteurs pour construire une vision partagée de l’éducation porteuse de sens, en l’occurrence dans une période de grande incertitude.

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marqué dans votre carrière ?

Régis Giunta : La rencontre de nos partenaires européens ou originaires d’autres continents m’a toujours beaucoup enrichi. Le projet que nous menons actuellement avec nos homologues Kampalais (capital de l’Ouganda) nous offre la possibilité de découvrir des dirigeants territoriaux, des enseignants, des parents et des enfants qui malgré des conditions de vie matérielles difficiles font preuve de résilience et de créativité. La vie est plus forte que tout, portée par une énergie folle et une envie inextinguible d’exister.

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière (sociétaux, institutionnels, humains…) ?

Régis Giunta : C’est véritablement en participant à des temps de restitution des projets éducatifs menés sur les territoires que je me rends compte combien ce que nous faisons peut avoir un intérêt pour l’enfant. Le projet d’orchestre à l’école en témoigne. Sur des temps de regroupement, le chef d’orchestre parvient à créer une belle alchimie entre les enfants, les parents, les professeurs de musique et les écoles. Les enfants vivent une expérience esthétique unique qui, j’en suis convaincu, marque leur vie demanière indélébile.

D’un point de vue social et politique, je réalise que nous avons la chance de vivre dans un pays démocratique qui permet à l’occasion de chaque élection de faire émerger de nouveaux visages et personnalités porteurs d’une nouvelle vision du monde et de l’envie de faire de nos villes des territoires résilients animés par l’ensemble de leurs forces vives. Il est donc encore possible de croire en des idéaux et utopies pour façonner un monde plus juste.

Voir tous les portraits