Portraits d'acteurs

Sophie Demaison

Sophie Demaison

De responsable de la communication à formatrice

« Mon travail s'est beaucoup orienté ces dernières années vers l'événementiel. Permettre grâce aux événements locaux de favoriser la cohésion, le partage, l'échange parce que le public est heureux d'être là, qu'il s'amuse, est la plus belle des reconnaissances. »

Quelles sont vos fonctions actuelles et les grandes étapes de votre parcours professionnel ?

Sophie Demaison : Je suis actuellement dans une période de transition. Je viens de demander une disponibilité à mon employeur dans la Fonction publique territoriale (FPT) où j'étais responsable communication dans une mairie de 6 500 habitants dans le Nord-Isère, pour devenir formatrice. Concernant cette dernière activité, je la développe en fait depuis 3 ans, en parallèle de mon emploi dans la FPT. C'est le temps qu'il m'a fallu pour toucher différents publics : étudiants en formation initiale, élus locaux et agents territoriaux.

C'est une étape dans ma carrière en effet. Parmi d'autres grandes étapes, j'en citerais 2 : le passage des concours/examens de la FPT entre 2006 et 2009, puis en 2017 (rédacteur, attaché, puis attaché principal). Grâce à cela, j'ai  pu acquérir des connaissances en droit public et sur le fonctionnement des collectivités territoriales, et continuer à suivre l'actualité du secteur public. Autre étape : arriver dans une petite collectivité en 2009 que je viens de quitter, poste qui m'a permis de gagner en polyvalence et en autonomie, où la proximité a vraiment un sens.

Si vous deviez décrire votre métier actuel en 3 mots, quels seraient-ils ?

Sophie Demaison : Pour le poste de responsable communication : polyvalence je l'ai dit plus haut, transversalité et échanges (avec de multiples acteurs tels les administrés, les services municipaux, les associations et autres institutions locales...). Pour l'activité de formatrice : transmission, échanges également, et apprentissage, car le formateur/la formatrice apprend énormément de ses élèves/stagiaires.

Quelles sont les qualités essentielles inhérentes à vos fonctions ?

Sophie Demaison : Pour ces deux activités, les qualités humaines essentielles sont : le contact, la mise en confiance, l'écoute, mais aussi la curiosité. S'intéresser aux autres et à leur manière de travailler sont primordiales à mes yeux.

Qu'est ce qui vous fait lever chaque matin ?

Sophie Demaison : J'aime les challenges, non pas ceux où l'on se mesure aux autres, mais ceux où l'on se mesure à soi-même. Chaque année, je me fixe de nouveaux objectifs, que cela soit au niveau personnel ou professionnel : essayer une nouvelle activité artistique et/ou sportive pour le côté personnel, développer de  nouvelles compétences pour le côté professionnel, assouvir ma curiosité, répondre à mes questionnements du moment.

L'idée de transmission me plaît également car chacun apporte à l'autre quelque chose : la personne expérimentée son  vécu, des anecdotes et bien d'autres choses dont parfois elle ne se rend même pas compte, la personne plus jeune, un regard inédit, une autre créativité.

Quel est le projet qui vous a le plus marquée et dont vous êtes la plus fière ?

Sophie Demaison : Il est difficile de citer un seul projet. Mon travail s'est beaucoup orienté ces dernières années vers l'événementiel : permettre grâce aux événements locaux de favoriser la cohésion, le partage, l'échange parce que le public est heureux d'être là, qu'il s'amuse, est la plus belle des reconnaissances dans le métier que j'exerce. À l'heure où on rationalise beaucoup et où tout est vu sous l'angle financier, cela reste précieux.

Avez-vous un rêve que vous souhaiteriez concrétiser ?

Sophie Demaison : Oui, beaucoup ! Mais le plus important serait d'être à mon compte, afin d'avoir une grande variété de missions tout en restant dans mon champ de compétences, et d'être dans un rapport plus égal avec les personnes avec qui je travaillerai.

Quelles sont les rencontres qui vous ont le plus marquée dans votre carrière ?

Sophie Demaison : Comme la question précédente sur un projet marquant, il y en a plusieurs. Au tout début de ma carrière, j'ai interviewé un vieux monsieur qui avait été déporté et qui après la guerre, était devenu maire de sa commune et avait agi pour la reconstruction de son pays à son échelle. Ce fut une rencontre marquante à plusieurs titres : même s'il était politiquement d'un certain bord, il avait l'esprit large et restait critique vis-à-vis de son camp. En outre, l'équipe qui m'avait demandé de publier son interview dans le journal municipal, ne s'affichait pas du même bord politiquement. Franchement, cette ouverture, je l'ai rarement vue.

Toujours dans cette collectivité, j'ai travaillé quelques années, avec un chef de service que j'ai trouvé très bien, dans sa manière de manager et de défendre son équipe, qui s'appelle Bruno Labarthe.

Plus généralement, tout au long de ma carrière, j'ai rencontré des gens marquants très différents : administrés, élus, collègues qui avaient tous en commun de vouloir faire bouger les lignes dans le sens de l'intérêt général.

Quelle est votre citation préférée et pourquoi ?

Sophie Demaison : « On n'est jamais heureux que dans le bonheur qu'on donne. Donner, c'est recevoir » (Abbé Pierre). Pourquoi ? Car donner et recevoir ne vont pas forcément de soi, et c'est pourtant nécessaire.

Quels sont les deux changements les plus importants qui ont impacté votre carrière ?

Sophie Demaison : Plutôt que de changements, je parlerais d'évolution : le fait de changer d'activité professionnelle est une évolution, qui a émergé en moi depuis un certain temps, a mûri puis a été préparée en plusieurs étapes. Tout n'est pas encore complétement calé, mais ce n'est pas  grave. À un moment, il faut sauter dans le grand bain pour savoir nager !

Toujours dans cette idée d'évolution, je regarde celle du service public et je suis assez inquiète : il y a un mouvement de privatisation assumée du public, accompagné de moyens financiers en baisse et d'agents non remplacés, alors que l'on nous demande de remplir les mêmes missions, voire plus.

Dans le même temps, les acteurs publics s'interrogent sur l'attractivité de la FPT. Je mets les deux en parallèle et je l'associe au manque de collectifs (syndicats affaiblis voire inexistants dans certaines collectivités, individualisme exacerbé, compétition permanente à cause de l'évaluation individualisée des performances...).

Alors, pour rester sur une note positive et ne pas se sentir impuissants, j'encourage tout un chacun à rejoindre ou créer des collectifs, comme celui de Dirigeantes et Territoires fondé en 2021, où nous agissons pour plus de parité dans le secteur public et où nous échangeons sur l'évolution de celui-ci. J'ai aussi rejoint « Résonne » qui vise à créer un réseau régional de femmes, pour s'entraider et échanger sur nos expériences.

Il y a plein de causes à défendre, ce n'est pas difficile d'en trouver une qui nous intéresse et d'y consacrer un peu de son temps et de son intelligence.

 

Propos recueillis par Hugues Perinel

Voir tous les portraits