Sur la quinzaine d’années précédant 2020, « on avait une hausse constante du nombre d’infirmiers libéraux conventionnés sur le territoire, entre 3,5 et 4 % », a indiqué John Pinte, le président du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux.
« Mais de 2020 à 2023, ce chiffre est resté à 99 500 », avec même une légère érosion (80 infirmiers en moins) en 2023, a-t-il indiqué dans une conférence de presse.
« Et les remontées de terrain pour 2024 nous inquiètent », a-t-il ajouté. « On a le sentiment qu’il y a beaucoup d’abandons de professionnels qui n’attendent pas la retraite pour partir, on entend des éditeurs de logiciel métier nous dire qu’ils ont plus d’arrêt de contrat par rapport aux années antérieures… ».
Pour M. Pinte, la stagnation des effectifs, voire leur diminution, témoignent du « mal-être qui s’est installé dans la profession », notamment en raison de l’absence de revalorisation de leurs tarifs depuis des années.
« Je crois qu’il y a réellement une urgence à s’occuper de cette profession », a-t-il dit.
Les syndicats attendent toujours en particulier la loi infirmière promise par les précédents gouvernements, qui doit permettre de faire évoluer la définition du métier et mieux reconnaître leurs compétences. Et ouvrir ensuite des négociations tarifaires avec les infirmières.
Une proposition de loi défrichée en amont par le gouvernement et les syndicats était sur le point d’être déposée en juin par Charlotte Parmentier-Lecoq, alors députée macroniste, mais la dissolution a renvoyé le texte dans les limbes.
Les infirmières et infirmiers ont en tout cas trouvé l’oreille des parlementaires.
Lundi 4 novembre 2024, dans le cadre de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2025, les députés ont demandé à l’unanimité (199 votants), et contre l’avis du gouvernement, un rapport sur la revalorisation des tarifs infirmiers en fonction de l’inflation, alors que ceux-ci ont très peu bougé depuis 15 ans.
« Il y a un vrai problème de viabilité économique de nos cabinets infirmiers », a estimé le rapporteur général du budget de la Sécu, le LR Yannick Neuder.
Pourtant, « si nous voulons réussir le virage ambulatoire ou domiciliaire, nous avons besoin de professionnels de santé auprès des patients », a souligné l’élu isérois et médecin de profession.
Copyright © AFP : « Tous droits de reproduction et de représentation réservés ». © Agence France-Presse 2024