Les erreurs en médecine générale relèvent d’un problème d’organisation plutôt que de compétence, selon une étude

Publié le 9 septembre 2014 à 0h00 - par

Les erreurs médicales chez les médecins généralistes sont bien plus souvent le résultat d’un défaut d’organisation du cabinet qu’un problème de compétence ou de connaissance, selon une étude inédite sur le sujet publiée ce mardi 9 septembre.

Les erreurs en médecine générale relèvent d’un problème d’organisation plutôt que de compétence, selon une étude

Cette étude diffusée dans la revue Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) est la première à se pencher sur les erreurs médicales en médecine de ville en France alors que des études précédentes s’étaient focalisées sur les erreurs à l’hôpital. Dans ce travail coordonné par le professeur de santé publique Philippe Michel, il n’est pas nommément question d’erreurs médicales mais il est fait appel au concept plus vaste « d’événements indésirables associés aux soins (EIAS) ». Un EIAS est un « événement ou circonstance associé aux soins qui aurait pu entraîner ou a entraîné une atteinte pour un patient, et dont on souhaite qu’il ne se reproduise pas de nouveau ».

Pour cette étude, on a comptabilisé les EIAS dans 133 cabinets de médecins généralistes, de 19 régions françaises, durant une semaine d’activité. Résultats : pour 13 438 actes médicaux, 475 EIAS ont été répertoriés, dont 74 effets indésirables de médicaments pris par les patients. 344 événements indésirables ont été considérés comme « évitables ». Parmi ceux-ci, 42 % ont résulté d’un « problème d’organisation du cabinet » : erreur dans le dossier médical du patient, problème de gestion des rendez-vous ou même erreur d’identification du malade. Pour 21 %, les EIAS ont été associés à des erreurs de coordination et de communication entre professionnels de santé lorsque plusieurs structures ou soignants interviennent pour un patient. Dans 20 % des cas, les événements indésirables découlent de « défauts de connaissances » ou « de compétences » des médecins généralistes ou bien d’un absence de « mobilisation » de leurs connaissances.

Une grande majorité des EIAS (77 %) n’a eu « aucune conséquence clinique » pour les patients mais 21 % ont entraîné un « incapacité temporaire ». Il s’agit par exemple « d’une infection urinaire liée à un retard de traitement » ou bien de malaises suite à un retard de prise en compte des résultats d’analyse pour un diabétique. Dans 2 % des cas, ces événements indésirables ont eu des conséquences graves. Dans un cas, un homme de 87 ans, insuffisant cardiaque, est mort, faute d’avoir pu obtenir un rendez-vous de spécialiste à temps. Ce décès « est survenu en établissement de santé à la suite d’une hospitalisation dans l’urgence, alors qu’un avis spécialisé en médecine ambulatoire n’avait pas pu être obtenu », explique l’étude.

Malgré tout, les EIAS cliniquement graves sont « exceptionnels » et ne représentent que 0,06 % des 13 438 actes médicaux considérés, souligne le Pr Michel. « La grande majorité des EIAS déclarés n’ont entraîné aucune conséquence pour le patient (…). Le potentiel de nuisance de ces erreurs a été faible » selon l’auteur de l’étude.

Copyright © AFP : « Tous droits de reproduction et de représentation réservés ». © Agence France-Presse 2014


On vous accompagne

Retrouvez les dernières fiches sur la thématique « Santé »

Voir toutes les ressources numériques Santé