Réserve sanitaire : combien de volontaires et de renforts sur le terrain ?

Publié le 31 mars 2020 à 15h50 - par

Face à l’épidémie de Covid-19, des milliers de médecins, infirmiers et aide-soignants se sont manifestés pour venir en aide aux hôpitaux, notamment via la « réserve sanitaire ». Une bouffée d’oxygène pour ces établissements, mais qui implique de lourds efforts d’organisation.

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Combien de soignants ont proposé leur aide ?

Entre le début de la crise et le 17 mars 2020, près de 19 000 volontaires ont rejoint les rangs de la « réserve sanitaire » – un corps de professionnels de santé créé après l’épidémie de grippe H5N1 en 2007.

Cette force d’appoint, mobilisable en cas de crise sanitaire ou de catastrophe naturelle, dispose ainsi d’un vivier de 40 000 personnes (actifs, retraités ou étudiants), contre 21 000 auparavant.

En parallèle, près de 20 000 professionnels de santé ont offert leur aide via la plateforme de mise en relation #Renforts-Covid, mise en place par les agences régionales de santé (ARS).

Et près de 5 000 vétérinaires se sont dit disponibles pour donner de leur temps, dont 780 en Île-de-France et en Outre-Mer, en faisant par exemple des prélèvements ou de la régulation téléphonique.

Qui sont ces volontaires ?

Selon Santé publique France, 62 % des volontaires de la réserve sanitaire sont des professionnels paramédicaux (aides-soignants, infirmiers) ou des psychologues, et 28 % des professionnels médicaux (médecins, psychiatres) ou de la pharmacie.

Une grande majorité des volontaires (61 %) sont des salariés du public ou privé, et 7 % des professionnels libéraux. Près de 14 % d’entre eux sont des retraités et 5 % des étudiants.

Cette variété de profils est également de mise sur la plateforme #renforts-covid : en Île-de-France, 2 600 infirmiers, 2 100 aide-soignants et 1 500 médecins se sont ainsi manifestés, sur un total de 8 600 volontaires, selon l’ARS.

Combien ont été mobilisés à ce stade ?

Depuis le déclenchement de l’épidémie de Covid-19, 700 volontaires de la « réserve sanitaire » ont été déployés sur le terrain, principalement dans le Grand-Est et en Île-de-France. Soit un nombre relativement faible par rapport aux inscrits.

Selon Santé publique France, la mobilisation des réservistes représente cependant « 4 346 jours » travaillés. « Et d’ici la fin de la semaine, nous serons autour de 5 000 jours », assure la responsable de la réserve sanitaire, Catherine Lemorton.

Les chiffres de la réserve sanitaire, en outre, ne représentent qu’une partie des renforts mobilisés sur le terrain, les hôpitaux ayant la possibilité de recruter du personnel de gré à gré, via des plateformes ou via leur propre réseau.

« Il y a de nombreux renforts locaux », souligne Catherine Lemorton, qui évoque « un gros déploiement ». Parmi les volontaires de la réserve, « beaucoup n’étaient plus disponibles quand nous les avons sollicités parce qu’ils avaient déjà été appelés », ajoute-t-elle.

Qui décide de déployer des renforts ?

Les établissements de santé (hôpitaux, Ehpad) font appel eux-mêmes aux volontaires, en lien avec les ARS. Si aucune solution locale n’est trouvée, ce sont les ARS qui font remonter les besoins auprès du centre de crise du ministère.

« La réserve sanitaire n’est en aucun cas décisionnaire sur les renforts à apporter mais répond aux demandes des ARS », souligne Santé publique France.

Une fois la demande de l’ARS reçue, une alerte est envoyée à l’ensemble des réservistes. Les candidats sont ensuite sélectionnés en fonction de leur profil, de leur disponibilité et de leur mobilité.

« Avant de signer les contrats, il faut vérifier les parcours professionnels et les documents, pour éviter par exemple d’avoir des médecins qui ne sont plus autorisés à exercer », rappelle Catherine Lemorton.

Un travail de titan pour les huit salariés de la réserve sanitaire. « Actuellement, on travaille 24 heures sur 24. On est dans l’urgence permanente », insiste l’ancienne députée PS.

Pourquoi tout le monde n’est pas mobilisé ?

Plusieurs catégories de professionnels se sont plaints ces derniers jours de ne pas être appelés, alors que de nombreux hôpitaux sont submergés par l’épidémie, à l’image de la Société de médecine du travail de la région Auvergne (SMTRA).

Une situation justifiée, selon les autorités, par le fait de devoir adapter les renforts aux besoins réels des hôpitaux, qui concernent à ce stade quasi exclusivement les urgentistes et les anesthésistes-réanimateurs.

« Je comprends l’amertume de certains, mais nous répondons à la demande des hôpitaux », assure Catherine Lemorton, qui prévient que « tout le monde ne sera pas appelé pendant la crise » : « un hôpital qui demande 10 personnes, si on lui en envoie 30, c’est la désorganisation totale ».

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