Laisser l’écharpe pour reprendre la blouse : ces élus qui redeviennent soignants

Publié le 24 mars 2020 à 15h42 - par

Députée-infirmière, sénatrice-généraliste, président de région-urgentiste : depuis le début de l’épidémie de Covid-19 en France, ils sont nombreux à avoir troqué leur écharpe d’élu pour reprendre la blouse blanche de leurs débuts. Un retour aux sources qu’ils racontent à l’AFP.

Laisser l'écharpe pour reprendre la blouse : ces élus qui redeviennent soignants

La députée LREM des Alpes-de-Haute-Provence, Emmanuelle Fontaine-Domeizel est infirmière libérale de métier. Inscrite sur la liste de la réserve sanitaire, l’élue s’est rendue du 16 au 22 mars 2020 à l’hôpital de Besançon à six heures de route de chez elle pour « soulager les équipes sur place ».

Elle a exercé de nuit au service des maladies infectieuses, donc auprès des malades atteints du Covid-19. « On a eu tout le matériel nécessaire, masques, gants, blouses, lunettes… tout en sachant qu’il fallait l’économiser car on ne sait pas combien de temps ça va durer. Mais ça les hospitaliers savent le faire ! », explique la députée.

Au fil des jours, dans ce service où étaient hospitalisées 20 personnes, il lui « a semblé que les patients qui arrivaient étaient de plus en plus jeunes ».

Sénatrice du Mouvement radical et ancienne médecin généraliste, Véronique Guillotin travaille de nouveau depuis quelques jours à l’hôpital de Mont Saint Martin (Meurthe-et-Moselle), « dans le service dédié à l’accueil des patients atteints ou suspectés d’être atteints du Covid-19 » a précisé son équipe.

Pour d’autres élus-soignants, il s’agit désormais de jongler entre les deux fonctions.

Le député LREM de la Charente, Thomas Mesnier, a ainsi repris du service lundi 23 mars aux urgences de l’hôpital d’Angoulême mais sans abandonner son autre fonction. « Je ne quitte pas mon habit de député mais j’enfile la blouse blanche par-dessus », a-t-il fait valoir à l’AFP, expliquant qu’après sa journée de travail il reprendra sa casquette d’élu pour des audioconférences et autres rendez-vous téléphoniques.

« Je n’ai pas eu à réfléchir » assure ce médecin urgentiste, retourné à l’hôpital où il exerçait avant son élection, avant de s’alarmer : « On voit la vague qui va arriver. »

« Rester à sa place »

Bernard Accoyer (LR), ancien président de l’Assemblée nationale et toujours maire de la commune déléguée d’Annecy-le-Vieux (à cause du report du deuxième tour, car il ne se représentait pas) est également médecin ORL retraité. Il vient d’être chargé d’une mission par le maire d’Annecy (Jean-Luc Rigaut, UDI) d’organiser la mise en place de centres de consultation externalisés.

« Nous sommes dans un territoire avec un cluster important à côté (La Balme de Sillingy), la Lombardie est à quelques heures d’ici. J’ai été sollicité par des médecins libéraux d’Annecy, qui rencontraient des problèmes pour recevoir des malades Covid-19 », raconte l’élu.

Pour autant, Bernard Accoyer ne verra pas de malades. « J’ai 74 ans, je ferai très, très attention et je ne ferai pas de consultation. Ce n’est pas mon rôle », a-t-il expliqué.

Jean Rottner, le président LR de la région Grand Est est de retour à l’hôpital depuis quelques semaines mais il y exerce plus une fonction de soutien aux soignants.

L’ancien urgentiste n’a pas pratiqué la médecine depuis plusieurs années, et pour lui, on ne la reprend pas « du jour au lendemain ».

« Je donne des coups de main épisodiques en régulation au Samu, en répondant aux appels, en fonction des besoins, souligne-t-il. Cela m’a permis de me rendre compte dès début mars 2020 qu’il se passait quelque chose et qu’il fallait presser sur le bouton d’alerte ».

Pour Jean Rottner, c’est sa « connaissance du milieu » hospitalier qui lui permet d’être « une courroie de transmission » entre l’Agence régionale de santé, le préfet, les autorités allemandes transfrontalières, et le gouvernement. « J’ai essayé d’être un facilitateur et de lancer quelques alertes, mais je n’étais pas au front comme d’autres peuvent le faire » dit-il.

« Quand on vient donner un coup de main comme ça, il faut juste rester à sa place », soutient celui qui fut élu en 2017 après plus de sept ans en tant que maire de Mulhouse.

« Infirmière, infirmier, aide soignante, aide soignant, assistantes de vie, auxiliaire de vie, agent de service hospitalier…tous les métiers d’un Ehpad, toutes les bonnes volontés pour faire tourner l’établissement. Évidemment un travailleur social, par exemple, ne pourra remplacer une infirmière mais peut prêter main forte », explique Pierre Lespinasse, délégué Territorial ARS Grand Est. C’est pourquoi, l’Agence régionale de Santé lance une enquête sociale dans le but de recenser des volontaires prêts à renforcer les établissements du Grand Est.

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